Chapitre 54 : Le chat et les premières fois

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Nous quittions le quartier pour rentrer chez moi. Tout était prêt. J'avais tout installé ce midi avant de partir. J'avais hâte d'arriver et de voir sa réaction. Après dix jours à tout préparer, c'était enfin le moment.

Et le timing était idéal. Maintenant qu'il m'avait présenté sa grand-mère ? Oui, c'était le signe que j'attendais. Ça n'aurait pas pu mieux tomber.

- À quoi tu penses ? m'interrogea-t-il, coupant le court de mes pensées.

- Que tu conduis vite ce soir, le provoquai-je alors avec un rictus.

Son impatience était palpable.

Il venait de dépasser la limitation de vitesse pour doubler une voiture qui ne roulait pas si doucement que ça.

Il rit. De ce rire qui éclairait son visage malgré les ombres de la nuit qui se baladaient dessus.

- Ça t'étonne ? Je vais enfin savoir ce que tu trafiquais depuis dix jours dans ton appart'. Je tiens plus, moi !

Je souris à mon tour. Son empressement prouvait son intérêt. Ainsi que les doutes qu'il pouvait avoir quant au fait que cela le concernait.

- T'es bien impatient, remarquai-je. Qu'est-ce que t'imagines pour être aussi... je cherchais le bon terme pour qualifier son attitude et sa conduite actuelle : nerveuse, empressée, excitée. Fougueux ?

Il accéléra un peu plus pour me provoquer et mon rictus s'agrandit. Dans le mille.

- Et toi tu piailles d'excitation. T'es pas aussi bavard, d'habitude.

Grillé.

- Peut-être que c'est rien qui te concerne, lançai-je pour éprouver ses certitudes.

Il tourna son visage vers moi une brève seconde et l'angle de vue qu'il m'offrît aurait mérité d'être capturé par une photo. J'avais un faible pour son allure derrière le volant.

- Si ça me concernait pas, t'aurais pas fait autant de mystères, répliqua-t-il à juste titre. Namjoon et Jungkook ne savaient rien et même eux étaient interdits d'accès. Ça montre bien l'ampleur du truc !

- Tu leur as demandé ? m'amusai-je.

Je ne pensais pas que l'ignorance avait à ce point éveillé son intérêt. Ça devait donc faire dix jours qu'il ressassait toutes les possibilités.

- Avoue au moins que c'est en rapport avec moi sinon je vais être vexé que tu m'en aies pas parlé, bouda-t-il.

La situation semblait insoutenable pour lui alors qu'il ne restait plus que quelques kilomètres jusqu'à chez moi. Sa patience venait d'exploser et c'était très divertissant.

- J'avoue rien du tout.

- Yoon' ! geignit-il.

- Hobi ! l'imitai-je.

Il se mura ensuite dans le silence, comprenant que je n'avouerais rien. Pour autant, il ne cessa pas de s'agiter et de m'adresser des regards insistants pour déceler une confirmation que je pris grand soin de ne pas lui offrir.

Je me crus tranquille lorsqu'il se calma après quelques minutes mais au feu rouge suivant, le frein à main fut brusquement tiré, sa ceinture détachée claqua et il se pencha vers moi sans prévenir me coupant le souffle alors que son visage se retrouva à quelques centimètres du mien au milieu de cette route bondée, momentanément à l'arrêt.

Il venait de changer de stratégie et passait à l'offensive.

- Ose dire que je n'ai rien à voir là-dedans, souffla-t-il.

Pull & Push [sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant