Pull & Push [sope]

Chapitre 34 : Le chat n'aime pas les ombres

- Hyung Hyung Hyung Hyung Hyung... Hyung Hyung Hyung... Hyung Hyung Hyung Hyung Hyung... Hyung Hyung Hyung...

Ça faisait un bon quart d'heure que Jungkook fredonnait sans se lasser, allongé sur mon canapé alors que je fumais tranquillement en regardant les billets de train pour rentrer à Daegu, sans lui prêter attention.

- Hyung Hyung Hyung... Hyung Hyung Hyung... Hyung Hyung Hyung... Hyuuuuuuuung...

Mais je commençais à en avoir marre et à regretter de lui avoir ouvert la porte. Il l'avait chanté sur le rythme de plusieurs chansons populaires qui passaient en ce moment à la radio et je les entendais suffisamment pendant tous mes longs trajets en bus pour ne pas les avoir aussi chez moi.

- Hyung Hyung... Hyung Hyung... Hyung Hyung... Hyung Hyung Hyung... Hy-Hy-Hy-Hy-Hy-Hyuuuuung...

Je finis par lâcher mon téléphone en soupirant.

- Je t'ai dit que je viendrai pas à ta fête, arrête d'insister.

Il se redressa, ramenant ses pieds sur le sol.

- Ça commence à marcher hein ? s'amusa-t-il.

En effet, ça commençait à tellement bien fonctionner que ça me fit tout drôle d'entendre de vrais mots sortir de sa bouche et non plus Hyung.

Il souriait avec toutes ses dents de son sourire enfantin et adorable qui me faisait aimer être son Hyung, même quand il était insupportable.

- Ça ne marche pas, je ne viendrai pas.

- Hyuuuuuung, pleurnicha-t-il en se laissant retomber dans mon canapé. Pourquoooooi ?!

Je jetais mon mégot maintenant fini et lui réexpliquais mes raisons pour la énième fois depuis qu'il était arrivé chez moi tout à l'heure.

- J'ai pas envie d'aller célébrer la fin des partiels. J'ai pas envie d'aller à une fête chez des gens que je connais pas. J'ai pas envie de me retrouver tout seul là-bas. Et j'ai encore moins envie depuis que tu m'as dit que c'était organisé par un de tes potes de l'équipe de natation.

Les partiels s'étaient déroulés sur les 10 derniers jours, plongeant le campus dans un état de stress intense que les étudiants avaient maintenant besoin d'évacuer.

La plupart rentraient chez eux pour les fêtes de fin d'année, demain ou après-demain, moi y compris, et profitaient de cette dernière soirée avec leurs amis.

Le BDE, quant à lui, bien trop occupé avec l'organisation du Gala pour la rentrée, n'avait pas pu organiser de grosse soirée pour réunir tout le monde. Il était donc tout naturel que plusieurs soirées aient lieu ce soir, organisées par différents groupes, réparties par filière.

La mienne, de filière, n'était pas très portée sur les soirées ou alors avec modération ce qui était loin d'être engageant. De toute façon, je n'étais pas suffisamment populaire au sein des étudiants en Littérature pour me faire inviter. La plupart des fêtes étaient organisées par Yoo-Ra, la peste de ma promo qui tenait des conversations inintéressantes lorsque j'essayais de me reposer avant le début des cours, avec qui je m'étais déjà pris la tête un nombre incalculable de fois.

Namjoon, lui, m'avait laissé tomber pour se joindre à Seokjin à l'occasion d'une petite soirée assez sélecte du club de théâtre auquel le président l'avait invité.

Celui-ci ne reculait plus devant rien pour séduire Namjoon qui se refusait toujours à lui alors qu'au fond, il en mourrait tout autant d'envie. Je n'avais aucun doute là-dessus parce qu'il s'en était déjà plaint auprès de moi un trop grand nombre de fois, usant ma patience autant que la chanson de Jungkook. Mais je devais quand même avouer que sa technique portait ses fruits puisqu'il était à deux doigts de toucher au but, Seokjin ne jurait plus que par lui. Il avait dans un premier temps multiplié les démarches pas toujours très subtiles pour le faire céder à ses désirs. Puis cela s'était transformé en invitations à passer du temps ensemble et maintenant, il en était au stade où il lui proposait des rendez-vous galants sans aucune contrepartie d'ordre sexuelle. Namjoon était tout proche de le faire tomber amoureux de lui, tant il devenait désespéré de sa présence. Alors, après beaucoup d'hésitations et autant de fausses tergiversations, il avait fini par accepter son invitation à la soirée.