Chapitre 36 : Le chat et la discrétion

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On s'approchait du grand théâtre que le BDE avait réservé et déjà, ça grouillait de monde. Une masse incalculable d'étudiants apprêtés et pomponnés sautillait joyeusement un peu partout autour de nous pour s'approcher de l'entrée. Les talons hauts et robes plus ou moins moulantes des filles ne les arrêtaient pas dans leur course, tout comme les garçons n'avaient pas peur de transpirer dans leurs costumes cravates.

Namjoon était à la fois tout excité et à la fois au bord de l'implosion. Il n'arrêtait pas de vouloir me faire presser le pas pour arriver le plus tôt possible. Seokjin avait refusé qu'il les aide durant l'événement et les derniers préparatifs et cela l'avait clairement frustré. Alors, à défaut, il voulait être le premier sur place. Le président avait préféré qu'il profite de sa soirée et Namjoon avait un peu tiré la gueule au début mais maintenant, il comptait bien en profiter le plus possible pour lui faire plaisir.

Mis à part ça, il continuait de décliner les multiples invitations à dîner de Seokjin. C'était à n'y rien comprendre mais que je le veuille ou non, c'était sur moi que tout retombait puisque c'était chez moi qu'il avait sonné 3h avant l'heure prévue.

À 16h, il était déjà dans son beau costume trois pièces gris foncé, sur le pas de ma porte, souriant innocemment de ses deux fossettes avant que son visage ne se transforme en grimace devant mes cheveux en pétard et mon jogging. La plupart des gens de la fac avaient séché les cours de l'après-midi pour se préparer et s'apprêter mais moi, j'avais juste saisi cette occasion pour faire la sieste.

Namjoon avait pesté, beaucoup. Il avait râlé, énormément. Et il s'était surtout invité dans ma chambre pour chercher mon costume qui traînait au fin fond de ma penderie. À son plus grand étonnement, j'en avais un. Il servait tout aussi bien pour les événements familiaux, heureux ou non, ainsi que les rencontres et cérémonies plus ou moins officielles auxquelles mes parents étaient conviés à Daegu lorsqu'ils m'obligeaient encore à y assister. Ma mère avait ensuite insisté pour qu'il me suive à Séoul, « juste au cas où » disait-elle, et j'avais finalement été content de le trouver le jour de mon entretien pour intégrer le Conservatoire National. Depuis, je ne l'avais plus jamais enfilé.

C'était le premier Gala auquel je participais. J'avais échappé à ceux de mes premières années de fac par je ne sais quel miracle mais cette année, avec Jungkook qui organisait et Namjoon qui avait beaucoup aidé Seokjin, personne ne m'avait demandé mon avis.

Puis, Namjoon avait encore grogné quand il n'avait trouvé que du noir pour accompagner mon costume. Il avait tout sorti, tout laissé sur mon lit comme le faisait ma mère, le costume, la chemise, la cravate, jusqu'à ma paire de chaussettes et un caleçon propre puis il m'avait envoyé sous la douche.

Après m'être habillé selon ses ordres, il avait voulu coiffer et discipliner mes cheveux mais ça avait été le geste de trop et je l'avais envoyé chier violemment en le repoussant hors de ma chambre pour m'en occuper moi-même. C'est-à-dire, ne pas m'en occuper du tout. Mais j'avais fini par le retrouver la bouche en cœur et les yeux pleins d'excuses quelques minutes plus tard pour qu'il m'aide à nouer ma cravate, mouvement que je n'arrivais pas à assimiler.

Et maintenant nous en étions là, devant le grand théâtre avec tous les étudiants qui étaient trop excités et ne pouvaient pas attendre plus longtemps alors que les portes étaient encore fermées. On pouvait aisément apercevoir les membres du BDE à l'intérieur, au travers des grandes fenêtres et portes en verre, courant partout, se démenant, sûrement pour régler tous les derniers détails avant l'ouverture.

Namjoon ne tenait pas en place à côté de moi et parlait à une vitesse impressionnante. Il racontait à tous ceux qui voulaient l'entendre autour de nous à quel point le président avait travaillé dur pour organiser tout ça et à quel point ça allait être réussi. Il n'avait de toute façon plus que ces mots-là à la bouche depuis quelques semaines et je saturais largement. Alors j'aimais autant qu'il en fasse profiter d'autres abrutis plutôt que moi.

Pull & Push [sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant