Prologue

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Kyle, 5 ans, Avery, 6 ans

KYLE

— Vas-tu mourir, papi ?

À demi allongé sur son immense lit, papi Roger m'observe de ses petits yeux bleus, similaires aux miens. Un faible sourire étire ses lèvres roses et gercées, mais une soudaine quinte de toux l'empêche de répondre. Déjà en retrait, j'effectue un nouveau pas en arrière, terrifié de voir celui qui me faisait toujours voler dans les airs, si frêle et impuissant.

Branché à une machine dont je ne connais pas l'utilité, mon grand-père n'a pas quitté sa chambre depuis quelques semaines. Maman me répète que grand-père est simplement fatigué, qu'il a besoin de repos et que tout ira mieux pour lui dans quelques semaines. A chaque fois, elle m'explique cela avec tellement de conviction qu'elle en oublie les larmes qui illuminent ses yeux et la profonde douleur qui émane de son regard.

J'ai beau n'avoir que cinq ans, je sais qu'une personne âgée et malade a peu de chances de se rétablir.

J'ai vu un film, quelques mois auparavant. Carl, le vieux monsieur du film, s'était retrouvé dans la même situation que mon grand-père. Les médecins disaient qu'il était en phase terminale et qu'il allait bientôt mourir. Je ne comprenais ni le terme « phase terminale » ni « mourir ». Malheureusement, maman ne m'a jamais laissé terminer le film. Alors, un soir, rongé par la curiosité, j'ai allumé l'ordinateur de maman et j'ai tapé ces termes sur un moteur de recherche.

J'ai appris que « phase terminale » signifie que l'état d'une personne atteinte d'une maladie grave se rapproche de la mort. Et « mourir » signifie qu'une personne cesse d'exister. Elle ne parle plus, n'ouvre plus les yeux, ne rit plus, ne marche plus. Elle disparaît tout simplement. Je ne comprenais pas comment une personne pouvait être là et soudainement disparaître.

Je pensais que papi Roger resterait toujours avec moi. Que je deviendrais un vieux monsieur tout ridé, comme lui, et que nous serions deux copains tous ridés, ensemble pour toujours. Je crois que j'avais tort. Et cette pensée me donne envie de hurler et de pleurer jusqu'à ce que je ne puisse plus émettre le moindre son.

— Que fais-tu là, bonhomme ? Je croyais que ta maman t'avait interdit de venir ici, résonne sa voix usée.

Pris de remords, je baisse le regard en triturant mes doigts. Je ne devrais pas être là. Maman ne sera pas contente. Mais je voulais voir papi Roger moi aussi.

— Maman et mamie sont allées faire des courses. Papa est dans le jardin au téléphone. J'en ai profité pour venir te voir. Tu me manquais.

Il plisse les yeux un instant avant d'éclater de rire, ce qui le fait tousser à nouveau.

— Viens par là, mon garçon.

D'abord hésitant, je finis par grimper sur son lit en tâchant de ne pas le blesser davantage. Papi Roger attrape ma main dans la sienne tout en utilisant l'autre pour me caresser la joue.

— Que sais-tu de la mort, Kyle ? me demande-t-il.

Je marque un silence pour réfléchir à la meilleure façon de formuler ma réponse. Je ne veux pas lui faire peur en parlant de disparition. Malheureusement, je ne connais pas d'autre définition.

— Internet m'a expliqué que lorsqu'une personne meurt, elle cesse d'exister et disparaît pour toujours. Mais ne t'inquiète pas, papi, je crois que cette machine n'est pas toujours fiable.

Il rit à nouveau. Je penche la tête sur le côté en fronçant les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il trouve de si drôle dans ce que je viens de dire.

— C'est pour ça qu'on n'avait pas internet à mon époque, petit chenapan. On ne devrait pas savoir ce genre de choses à ton âge.

— Je suis grand, papi, j'ai cinq ans. Regarde, ça fait toute ma main, répliqué-je en agitant ma main droite.

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