Ocean waves

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AVERY

— Où vas-tu ? me demande Kyle en me voyant enfiler mes chaussures.

— Je vais prendre l'air, réponds-je sans lui adresser le moindre regard.

— Tu veux que je vienne avec toi ?

Je secoue la tête.

— Pas la peine.

Je termine de lacer mes converses puis me redresse pour me diriger vers la porte d'entrée. Au moment où je m'apprête à sortir, une main agrippe mon avant-bras, m'arrêtant net dans mon élan et m'obligeant à me retourner. Je croise le regard inquiet de Kyle avant de le détourner aussitôt, incapable de le soutenir plus longtemps.

— Je m'inquiète pour toi, Avery.

— Je vais bien, Kyle. Arrête de toujours t'en faire, mens-je avant de tourner les talons et de fuir l'appartement.

Je me déteste de lui infliger ça encore une fois, alors que je lui avais promis que tout allait changer. C'est ma faute, j'aurais dû l'écouter quand il m'a mis en garde au sujet de ma mère biologique. J'aurais dû me contenter des histoires que je m'étais inventées, aucune n'était aussi horrible que la vérité. Jamais je n'aurais pensé être le fruit d'un viol sur mineur. Ce qu'a vécu Kenna, ce n'est même pas humain. Elle n'était qu'une enfant, forcée de voir et de comprendre des choses que personne de son âge n'aurait dû. Elle a souffert, jour après jour, année après année. Elle a vécu dans la terreur la plus totale, et je suis le fruit de ce chaos. Si elle n'avait jamais subi ces abus, je ne serais jamais venue au monde. Et ça me ronge depuis des semaines.

Je n'arrive même plus à me regarder dans un miroir depuis que j'ai appris que j'étais le portrait craché d'un psychopathe. Dès mon retour à Boston, j'ai immédiatement recherché son nom sur Internet. J'ai contacté le détective privé qui m'avait aidé à retrouver Kenna et lui ai demandé un rapport complet sur la vie de William « Billy » Bane. J'ai découvert qu'il avait grandi près de Sacramento, avec un père alcoolique et une mère absente. Sans faire d'études, il travaillait dans le garage de son père. Après la mort de celui-ci, il a vendu l'entreprise familiale et déménagé à San Diego. Là-bas, il a sombré dans l'alcoolisme et la toxicomanie tout en côtoyant des individus peu recommandables. Il enchaînait les relations avec les femmes qu'il traitait comme ses boniches. Quelques années plus tard, il déménageait à L.A, où il a rencontré ma grand-mère biologique, Maxine Carter, et a emménagé avec elle et sa fille. Extérieurement, Billy était apprécié par ses voisins et ses clients, il réparait les voitures tout en charmant son public. Mais lorsqu'il rentrait chez lui, il redevenait cet abuseur que très peu de gens connaissaient.

Kenna n'était pas la première gamine qu'il violait. Avant ça, il a partagé la vie de deux familles : Madeline Simone et sa fille Carmen. Cette dernière a tenté de porter plainte, mais comme la mère était une droguée peu fiable et que Billy était connu comme un homme apprécié et intègre, la plainte n'a pas abouti et Carmen s'est suicidée avant son dix-huitième anniversaire. Après ça, il est sorti avec Veronica Olsen qui avait également une jeune fille du nom d'Annabelle. Billy avait un type de femme : maman de jeunes filles, perdue, fauchée et accro aux substances. Ils les amadouaient pour qu'elles l'invitent chez lui et qu'il s'occupe de leur fille. Quand je dis « occuper », je parle bien d'abus physiques à répétitions. Annabelle a subi le même traitement, mais n'a jamais eu la force de porter plainte. Elle avait seulement parlé de ça avec une amie avant de mettre fin à ses jours lorsqu'elle avait seize ans. Billy prenait soin de déménager après chacune de ses conquêtes pour ne pas laisser de traces. Il a habité à Sacramento, San Diego et Los Angeles. Parmi toutes les filles qu'il a violées, Kenna est la seule survivante. Elle a eu le courage et la force de s'en aller et je l'admirerai jusqu'à la fin de mes jours pour ça.