𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟼

440 42 105
                                    

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ».

Alphonse de Lamartine

Épuisée, la jeune femme tira la chasse d'eau. Elle n'en pouvait plus. La sueur perlait sur son front, sa peau était luisante. Elle respirait bruyamment pour tenter d'alléger les battements de son cœur tandis qu'elle craignait de vomir de nouveau.

Elle ne parvenait pas à se défaire de ses traumatismes. Dès qu'elle fermait les yeux, ils le lui faisaient regretter. Elle revoyait indéfiniment son corps affamé contre le sien, ses prunelles assoiffées de désir.

C'était insoutenable.

Après quelques minutes à être restée dans les toilettes pour s'assurer que ses nausées ne reprenaient pas, elle se dirigea vers la salle de bain pour se rafraîchir. Elle essayait de faire le moins de bruit possible, craignant de réveiller l'Eternel. D'une main tremblante par la fatigue, elle s'humidifia le visage et se rinça la bouche.

Rien n'était plus insupportable que vomir.

Ses paupières étaient lourdes. Elle avait l'impression d'être oppressée par le poids du monde entier.

Elle voulait dormir, elle n'y parvenait simplement pas. Elle essayait de s'épuiser par tous les moyens pour que le sommeil vienne lui-même la chercher. Pourtant, à chaque fois qu'elle y parvenait, elle cauchemardait.

C'était épuisant.

Et pendant presque deux semaines, c'était le même scénario. Elle se tuait à l'entraînement avec Druig pour ne plus rien ressentir. C'était exactement ça, elle ne voulait plus rien ressentir. Rien.

Elle en avait marre de voir dans sa tête des images cauchemardesques et d'entendre dès qu'elle se retrouvait seule les cris de Bucky pendant qu'il se faisait tyranniser.

En deux semaines, elle avait appris beaucoup de choses. En réalité, elle n'avait jamais autant progressé. L'Eternel lui apprenait tout ce qu'il y avait à savoir sur sa nouvelle identité, sur ses nouvelles capacités.

C'était impressionnant.

Entre Druig et elle, une relation presque amicale s'était créée. La jeune femme lui faisait confiance, réellement confiance. Elle appréciait sa compagnie. Elle qui avait été seule pendant deux longs mois. Il avait la sagesse d'un père, lui donnant tout un tas de conseils.

- Vous y arrivez ?

Il lui posa cette question en la voyant allongée sur un fauteuil du salon, en train de lire l'ouvrage qu'il lui avait conseillé. Il s'agissait de celui dans lequel était retranscrit tout ce qu'il y avait à savoir sur la lecture d'auras. Elle devait apprendre tout ce qui était associé aux différentes couleurs.

- C'est compliqué... mais j'y arriverai.

- Vous devriez peut-être faire une pause. Ça fait depuis ce matin que vous y êtes.

Elle releva le visage vers lui et remarqua par la même occasion que le ciel s'était assombri.

- Ce n'est pas nécessaire. Je n'ai pas encore tout compris.

Jours après jours, il voyait son état se détériorer. La culpabilité le rongeait. Il s'en voulait d'avoir bousillé la vie d'une innocente. Si seulement il n'avait pas accordé des pouvoir à un homme autrefois, rien ne se serait passé.

Tout aurait été different.

- Vous devriez vraiment vous reposer. En plus, à force de vouloir retenir trop d'informations d'un coup, vous ne pouvez plus en mémoriser de nouvelles.

INFAILLIBLE - WorldOfElisaaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant