𝙹𝚘𝚞𝚛𝚗𝚊𝚕 𝚍𝚎 𝙱𝚞𝚌𝚔𝚢

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Le dernier carton a été vidé ce matin. Enfin, on aura mis deux semaines à tout aménager. Le plus cocasse a sans doute été le déplacement du canapé. Elisa avait appelé Sam et Peter en aide pour que ce soit rapide. Ce n'était pas une si mauvaise idée en réalité. Sam, grâce à ses ailes, l'a fait sortir par le balcon pendant que le gamin enroulait le canapé de plusieurs toiles pour ne pas qu'il tombe directement de quatre étages. En moins de cinq minutes, il était déjà à la maison.

Le reste a été assez facile à emporter. Elisa n'avait pas vidé ses affaires des cartons alors il n'y avait plus qu'à les déplacer. J'ai tenu à ce qu'elle emporte tout ce qu'elle voulait de chez elle pour notre maison et mis à part la télévision et deux/trois bricoles, elle n'a rien pris de plus.

De lundi à vendredi, le plus gros était fait. Cependant, il fallait toujours faire des aménagements pour rendre la maison totalement habitable. Alors avec Sam nous avons monté une bonne dizaine de placards, plus de trois tables et facilement le triple de chaises. Elisa a tenu à nous aider mais c'était évidemment hors de question. Il faut qu'elle se repose. De toute façon je n'étais pas le seul à être de cet avis. Depuis qu'elle a annoncé à Sam sa grossesse, j'ai le plaisir de le voir encore plus souvent qu'avant. Mais bon, elle est apaisée par sa présence, c'est le plus important.

Elle a annoncé la nouvelle à son rythme et tout notre entourage a fini par être au courant. Tous étaient plus que surpris et je n'allais pas leur jeter la pierre, moi-même j'ai toujours du mal à réaliser.

C'est terrifiant. Réellement. Depuis deux semaines je consacre tout mon temps aux travaux et à Elisa pour ne pas trop réfléchir. Tout est chamboulé. Mais je n'ai pas le droit de me laisser aller et être déstabilisé par la situation. C'est pour elle que ce doit être le plus dur. Putain. Je n'ose même pas imaginer l'état dans lequel elle est... Déjà, on dit toujours que la grossesse est un moment difficile dans la vie d'une femme lorsqu'elle enfante. Le corps change, les habitudes et l'humeur quelquefois aussi de ce que j'ai compris... Mais c'est d'Elisa dont on parle là... tout est différent.

Elle était enceinte lorsqu'il... quand... cet...

Je ne peux pas le dire.

Ma rage profonde envers cet enfoiré m'empêche de réfléchir. Le diable incarné.

S'il était arrivé à ses fins, qu'avait-il prévu de faire à notre enfant ?

Je ne veux plus y penser.

Je sais juste qu'après tout ce qu'elle a vécu dans sa vie - que ce soit à compter de sa naissance ou depuis ces trois derniers mois - ajouter un enfant dans l'équation n'était pas le plus approprié. La naissance doit être un événement qu'on célèbre, qu'on désire depuis le tout début... et non une contrainte. Putain ! Rien qu'en écrivant ça j'ai l'impression d'être le pire des connards. Je n'ai pas l'étoffe d'un père. Je suis même l'opposé. Tout ce qu'il ne faut pas être ou devenir réuni en une seule et même personne...

J'ai longtemps pensé que j'étais incapable d'éprouver des sentiments. J'ai compris que ce n'était pas vrai. Totalement faux d'ailleurs. J'aime Elisa, plus que tout et plus que je pensais en être capable. Rien n'a changé. Mais je ne sais pas, cette forme d'amour... je ne sais pas comment ça fonctionne. Je ne sais pas ce que c'est d'être... père...? Oh... C'est étrange de l'écrire pour la première fois. De mettre un mot dessus. Je n'ai que de très vagues souvenirs du mien, je ne me rappelle que de rares moments partagés avec lui. Ma mémoire me joue plus de tours concernant notre relation que celle que j'avais avec ma mère. C'était un femme très aimante qui adorait rendre heureuse les autres. Elle aurait eu plein de choses à m'apprendre, notamment concernant la grossesse et comment je peux soutenir au mieux Elisa.

Quoi qu'il en soit, le plus important est Elisa. De ce que Raynor m'a dit hier matin, il faut que je sois là pour qu'elle se construise en tant que future mère mais par dessus tout femme. J'ai cru comprendre que c'était ce qu'elles travaillaient toutes les deux lorsqu'elles se retrouvent deux fois par semaine. A ce stade, nous sommes ses meilleurs clients... Elle a insisté sur le fait que je ne devais pas la brusquer, mais qu'il fallait la laisser reprendre peu à peu ses marques. Mais pour qui elle me prend au juste ? Bien sûr que je ne la brusque pas ! A croire qu'elle la connaît mieux que moi. J'ai peut-être légèrement forcé sur le fait qu'elle devait arrêter son travail au cabinet, mais j'avais une bonne raison. Ce job l'épuisait de plus en plus tous les jours ! J'ai finalement réussi à la convaincre bien qu'elle n'était pas très heureuse à cette idée. Je m'en suis voulu mais c'est pour son bien... Tout ce que je veux c'est qu'elle aille bien...

Elisa n'a aucune limite, notamment lorsqu'il s'agit d'aider les autres. Mais il est temps de penser à elle.

Demain, je vais m'occuper de vider la pièce dans laquelle j'avais pris l'habitude de faire mon sport. C'est là que nous avons décidé que... notre... enfant dormira... L'écrire me semble toujours aussi étranger.

Mais dis-moi Steve. Tu crois que je vais y arriver...?

Que je peux le faire ?

Que je serai capable d'élever un bébé et de lui apprendre toutes les choses essentielles pour qu'il soit heureux ? Que je saurai montrer le bon exemple ?

J'ai Elisa avec moi, je sais que tous les deux nous pouvons arriver à beaucoup de choses. Mais ça, ce n'est pas trop pour moi ? Je n'ai jamais pensé pouvoir être père un jour. Comment aurais-je bien pu ? Trouver le temps d'y songer quand on m'effaçait la mémoire ou lorsqu'on me battait ?

Mais je ressens quelque chose d'étrange en moi Steve. Comme si... comme si on m'offrait une nouvelle chance ? L'occasion d'avoir une famille.

Deux personnes pour qui j'échangerai ma vie sans une once d'hésitation.

Deux personnes que je protègerai plus que tout.

Deux personnes que j'aimerai jusqu'à la fin...

<3

Ily 3000 <3
E.

INFAILLIBLE - WorldOfElisaaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant