Damien (En Pause)

32 - Dans l'antre du loup

- Réponds moi, tu m'aimes encore ?

- Fais pas ça s'il te plaît...

- Combien de temps tu comptes encore me punir ? Il valait quoi le baiser de l'autre soir si tu redeviens froide et rigide avec moi !

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Savoir à quoi tu penses. Si ça se trouve t'as déjà pris ta décision et tu réfléchis à comment me larguer et moi je suis là à t'attendre comme un idiot. Tu m'aimes plus c'est ça ?

- C'est pas ça Damien...

- Alors quoi ? Je comprends que tu m'en veuilles mais au bout d'un moment s'éloigner comme ça ne servira à rien.
Combien de temps tu comptes encore me punir ?

Je me tenais debout face à elle, mon regard dans le sien. Mon comportement pour la faire bouger était osé mais il le fallait, j'en avais marre de rester dans l'ignorance. Je devais savoir où j'en étais avec elle.

Après m'avoir fixé quelques secondes, elle prit le papier sur le lit et me le tendit en disant d'une traite.
- On a du travail.

C'était une énorme claque à mon égo. Elle venait carrément de négliger mes sentiments et ça, je ne pouvais pas l'accepter. Elle m'en voulait toujours je le savais et c'était évident. Je savais qu'elle l'avait fait exprès et d'une certaine manière, ces moindres mots constituaient déjà une réponse. Elle avait clairement voulu me faire mal en me recalant ainsi. Elle avait voulu me contrarier et elle avait pleinement atteint son objectif.
Moi, je ne risquais pas de revenir vers elle après cet affront. Elle ajouta.
- On est là pour Lena. T'as oublié ?

Sur le coup, je n'en avais absolument plus rien à cirer de Lena. C'était déjà une énorme tâche de maintenir mon regard dans ses yeux et savoir qu'elle s'était joué de moi.
Je récupérai de la main droite la feuille de papier qu'elle m'avait tendu et la froissai de cette seule main sans détourner mon regard désormais noir et rempli de rancune. Je laissai ensuite nonchalamment tomber la boule de papier avant de lui tourner les talons.

Elle demanda dans mon dos.
- Tu comptes toujours m'aider pas vrai ?

Sans lui laisser de réponse, je continuai ma route jusqu'à la porte que je refermai derrière moi.

Je me rendis dans ma chambre et m'écroulai dans mon lit.
J'avais un peu perdu espoir en ce que les choses s'arrangent avec elle après cet acte mais dans le fond, je ne pouvais pas me résoudre au fait de la perdre. Sans oublier ses doutes au sujet de ma relation avec les maîtres du Cosmos.
Il fallait vraiment qu'on ait une discussion et il fallait aussi que je trouve une histoire qui tienne la route pour me défendre. Tamara n'était pas stupide et elle avait un sixième sens pour ce genre de choses. Si jamais j'étais incohérent dans mon histoire ou peu convaincant dans mon discours, je me ferai aussitôt griller.

Mais une chose à la fois...

Même si je ne lui avais pas répondu, je savais qu'elle savait que j'étais partant pour Lena malgré ma réaction. J'avais tout à gagner à la suivre.

Il devait être environ dix sept heures lorsque nous avions eu cette conversation.

Les deux heures d'après, je les avais passé à faire un peu n'importe quoi pour tuer le temps. Je ne pouvais évidemment pas quitter le motel, je n'avais pas mon téléphone sur moi et je me devais de faire la gueule à la seule personne que je connaissais.
Tant qu'à faire, je déambulais dans le bâtiment examinant les moindres habitudes et mimiques des gardes qui pouvaient jouer contre nous. En plus du camping-car parqué qui n'était pas le meilleur candidat pour nous aider à nous enfuir, j'avais entendu les gardes discuter entre eux d'une livraison qui devait avoir lieu ce soir là. Nous nous devions de tourner cet événement à notre avantage.
Aussi, j'avais fini par remarquer un truc assez évident : Tous étaient masqués du matin au soir et personne ne disait le prénom de personne. Ils s'appelaient par des numéros assez aléatoires qu'ils portaient tous sur la poche supérieure gauche de leur combinaison. À part Nathaniel qui montrait son visage et qu'ils appelaient chef, ça me laissait imaginer qu'il fallait posséder un certain niveau dans l'organisation pour pouvoir montrer son visage ainsi aux autres. Je ne savais pas si c'était parce qu'ils étaient avec des membres extérieurs de l'organisation(nous) qu'ils avaient pris ces mesures ou s'ils étaient comme ça même dans leurs locaux.
Ça attisait encore plus ma curiosité et en dépit de tout ça, tous ces hommes masqués vivaient entre eux assez "normalement". L'organisation des maîtres du Cosmos agissait dans l'ombre du monde entier mais son nom et sa réputation la précédait. Certains ne croyait pas du tout à ces histoires et en vérité c'était leur plein droit, chacun faisait ce qu'il voulait. Des sacrifices humains, des complots à l'échelle mondiale, le crime organisé et le trafic d'être humains, ça pouvait sembler complètement impossible.
Mais pour moi qui avait déjà eu affaire à eux dans le passé et après toute une journée en leur compagnie, je pouvais l'affirmer. Les maîtres du Cosmos étaient bien réels.