59 - Rancoeur

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J'avais mal. J'avais mais tellement mal après ce jour là. Je n'aurais jamais imaginé que tout partirait en vrille le jour où je voulais faire ma petite virée shopping au magasin de robe de mariée avec Amanda. Mon monde s'était écroulé sur moi et les débris n'avaient pas épargné mon cœur. Je n'ai toujours pas les mots pour décrire ce que je ressentais. Comment il était blessé, meurtri et à l'agonie. Le plus drôle était que ce n'était pas la première fois. À bientôt vingt-six ans j'en avais vécu des choses sur le plan sentimental. Je n'en etais pas à mon premier chagrin. J'étais tombée sur quelques petits princes et quelques crapauds mais jamais un homme comme lui. Jamais un homme comme Damien ne m'avait aimé de la sorte et fait ressentir ces choses presque magiques. Si je n'avais pas vu de preuve réelle de leur relation, je pense que je n'y aurai jamais crue. Mais en vérité, j'avais continuée à penser que c'était une mauvaise blague jusqu'à ce que Amanda me fasse prendre conscience. Là, j'en étais revenue à ma première fois. Je m'étais sentie aussi mal qu'à mon premier chagrin, mais en dix fois pire.

Je m'attendais toujours à un miracle. J'espérais de tout cœur qu'il me sorte la plus belle des excuses, le plus beau des mensonges. Son histoire, aussi loufoque, fausse et insensée qu'elle l'aurait été, j'y aurai cru. Tous les moyens étaient bons pour terrer cette douleur si familière qui me naissait et menaçait notre couple.

Hélas après sa confirmation, il n'y avait plus de place pour le déni. Ma vision de l'amour, mon cœur, mes rêves, nos projets, tout ça avait disparu en même temps que ma joie et mon enthousiasme innocente. Je mentirais si je disais que j'avais été forte. J'avais beaucoup pleuré cette nuit là, la matinée suivante aussi et même en début d'après-midi. J'avais acquis un teint pâle et des cernes s'était installées sous mes yeux. Le soutien d'Amanda et Marcus, d'aussi bonne volonté qu'il l'avait été, était infime comparé à ma douleur. J'avais manqué un rendez-vous avec Shawn et j'avais passé ma journée terrée dans le lit d'Amanda.

J'avais commencée à mieux me reprendre vers le début de la soirée. Mes esprits revenait peu à peu en place et là, je vis son appel : Urgent concernant Gabriel qu'il disait. Je me sentais tellement stupide de ressentir de l'enthousiasme à l'idée de le revoir. Mais non, je devais garder la face. Je devais me montrer implacable et inflexible. Je ne pouvais pas me permettre de montrer que j'allais mal. Je m'étais alors faite belle pour lui donner l'impression que j'avais été occupée durant la journée.

Il m'avait tellement manqué. C'était le meilleur moment de toute cette satanée de journée que j'avais passée à déprimer. Celui qui m'avait mis dans cette situation était le seul qui m'avait réellement fait me sentir bien le temps d'un instant. Quelle ironie !
Mais dans tous les cas, je ne devais pas le laisser s'approcher de moi. Je devais montrer ma colère, ma frustration, ma douleur... Tout mais pas ma faiblesse. Pas l'amour que je continuais à ressentir pour lui.
Il avait toujours su me faire vriller. Il savait m'allumer, il savait toujours utiliser les bons mots au bon moment pour m'avoir quand il le voulait et à l'inverse, je ne savais toujours pas comment le résister. Alors j'avais cédée.

Ses lèvres, ses mains, son corps si près du mien m'avait rendue folle sur l'instant, tellement j'en étais devenue dépendante comme une putain de toxico. Il n'y avait que lui pour me faire ces choses. Il n'y avait que lui pour me faire oublier le chaos autour de nous par la seule sincérité de ses bras.
À ce moment là, j'aurai fait tout ce qu'il aurait voulu de moi. On aurait fait l'amour dans ma voiture, je lui aurais dit que je l'aimais, que je le pardonnais et on serait repartis à zéro.
Mais non.
La réalité m'avait rattrapé comme un tacle en pleine gorge. La réalité m'avait fait prendre conscience de ma faiblesse et de la tournure toxique que prenait la situation. De la dépendance nocive que je m'entretenais à développer. De la sombre merde que j'étais avant qu'il n'arrive. J'avais l'impression de ne plus rien valoir. Il était venu, il avait eu ce qu'il voulait de moi, il m'avait rappelé à quel point je ne valais rien sans lui et j'avais mal en me rendant compte qu'il avait raison. J'étais encore plus bas que terre après notre séparation ce soir là. J'avais fini par me rendre compte que j'étais la seule à souffrir. La seule conne à subir toute ces choses. Il m'avait ouvertement menti, trompé, il avait abusé de ma faiblesse, il m'avait rabaissé comme si je ne valais rien et lui il pouvait sourire, continuer à mener sa vie avec sa salope comme si de rien n'était ? Ce n'était pas juste. Il n'avait pas le droit de me faire ça. Je sais que je valais beaucoup plus que ça.

Damien (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant