Interversion

Chapitre II

Clara était assise sur un banc près de sa meilleure amie, recopiant à vive allure les cours qu'elle avait loupé lors de sa dernière absence. Elle n'avait malheureusement pas eu le temps de le faire avant, et elle essayait avec tant bien que mal de tout recopier le plus rapidement possible. La jeune fille ne souhaitait pas se faire remonter les bretelles par son professeur principal qu'elle avait tout juste après cette pause, il pouvait être si sévère et désagréable parfois

-Rappelle-moi pourquoi tu es folle de ce mec ? Demanda Manon tout en regardant droit devant elle.

Clara releva lentement la tête et vit ce beau blond mettre l'un de ses plus proches amis sur le sol. Il prit la fuite en courant, poursuivit par celui qu'il venait de mettre à terre et la course ne dura que quelques secondes puisqu'ils se réconcilièrent aussitôt et éclatèrent de rire ensemble, se prenant dans les bras l'un l'autre.

Pourquoi était-elle folle de ce garçon? Elle ne pouvait pas l'expliquer, tant de détails inexplicables qui la rendait follement amoureuse de lui. Cette façon dont il regardait les personnes qui s'adressaient à lui, montrant à quel point il était intéressé par ce qu'on lui disait. Sa façon de marcher, ou cette façon de rire qui la rendait hors d'elle. Elle ne pouvait pas l'expliquer, il fallait le vivre pour le comprendre. D'ailleurs, en dehors d'elle, la comprenait-on ?

Il avait beau être un des plus beaux garçons du lycée, pensait-elle, il souhaitait s'éloigner de l'image du «garçon populaire» que l'on venait voir seulement parce qu'il était beau et attirant. Il ne souhaitait pas être le centre d'intention des lycéennes de cette façon. Bien sûr, il savait sûrement à quel point il était beau, on lui faisait assez de compliments comme ça, mais il ne supportait pas que certaines filles puissent venir lui parler juste parce qu'elles étaient attirées physiquement. Il souhaitait par dessus tout qu'on apprenne à le connaître mentalement, qu'on apprenne à connaître ce qu'il possédait intérieurement, et que l'on ne reste pas ainsi bloqué sur le physique qu'il renvoyait.

Clara observait beaucoup ce qui l'entourait, malgré le fait qu'elle soit silencieuse et puisse paraître perdue à longueur de journée. L'observation lui permettait de mettre des traits de caractère, des caractéristiques sur les personnes autour d'elle sans pour autant leur parler. Depuis des années elle aurait aimé être comme tout le monde, heureuse, souriante et insouciante, mais cela faisait bien des années qu'elle avait perdue espoir. Elle était Clara, cette fille étrange que l'on n'osait pas approcher par peur de se faire ridiculiser à notre tour.

Un matin, alors qu'elle marchait à vive allure dans l'un des couloirs du lycée afin d'arriver en cours avant la deuxième sonnerie, elle perdit l'équilibre et n'eut le temps de comprendre ce qu'il se passait, puisqu'elle se retrouva bien assez vite à plat, sur le sol. Cela n'était pas la première fois que ça lui arrivait, ça en devenait même une habitude. Elle souffla et tenta de ramasser tous ses livres sur le sol lorsqu'elle se rendit compte que celui qui lui avait fait un croche-pied n'était autre que le meilleur ami du beau blond, Antho. Il riait aux éclats dans les couloirs. Elle aurait aimé lui répondre, lui faire comprendre que ça n'était pas si drôle que ça, mais elle n'en avait ni le temps, ni le courage. La deuxième honte fut de voir que près d'Antho se trouvait le garçon dont elle était follement amoureuse, Jordi. Il semblait l'observer sérieusement et ne riait pas, contrairement à son meilleur ami qui semblait ne pas vouloir s'arrêter. Clara fut aussi surprise que Antho lorsque Jordi poussa un soufflement d'agacement et tourna les talons en laissant en plan son meilleur ami, qui le rejoignit aussitôt. Elle ne pouvait pas rester à terre comme cela, les regards étaient encore posés sur elle, alors la jeune fille se releva le plus vite possible en s'assurant qu'elle avait bien ramassé tous ses livres, et elle fila en cours de littérature.

Elle participait peu en cours, si ce n'est jamais. Malgré cela, le professeur savait très bien ce qu'elle valait ; il voyait de très bons résultats sur les copies, mais l'oral la faisait aussitôt échouer et les notes chutaient. La timidité et le stress qu'elle ressentait perpétuellement lui faisait perdre tous ses moyens, elle ne parvenait jamais à dépasser ses faiblesses et celles-ci prenaient à chaque fois le dessus.