Le lendemain, la jeune-fille n'avait pas cours avec monsieur Hantz, il était donc impossible pour elle de voir les cartes, mais Jordi en avait décidé autrement. Lors de la pause de dix-heures il attrapa la main de Clara et la traina jusque devant la salle des professeurs. La professeur de sports de Jordi passa devant la salle, il en profita alors pour lui demander si monsieur Hantz était là et si il pouvait venir devant la salle, et ils attendirent un instant avant de voir le professeur de littérature sortir de la salle, un gobelet blanc à la main. Clara resta fixé sur ce gobelet, lui rappelant dans quel état elle l'avait vu quelques semaines auparavant.
-Café, dit-il en montrant son verre à Clara. Il reprit. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
-Clara a trouvé comme prétexte qu'elle ne vous avait pas aujourd'hui pour ne pas demander à revoir les cartes. Alors je me suis dit, autant venir vous voir devant la salle des professeurs pour savoir si il était possible que vous lui montriez de nouveau vos cartes ?
Il but la dernière gorgée de son verre et l'écrasa dans sa main.
-Tu as pris une bonne initiative Jordi, je te félicite. Restez-là, je reviens dans trente secondes.
Monsieur Hantz retourna dans la salle des professeurs et rejoignit le jeune couple quelques secondes plus tard, son verre écrabouillé dans sa main remplacé par un tas de cartes de différentes couleurs.
-Il est vrai que je ne te vois pas aujourd'hui Clara, mais je peux te prêter l'ensemble des cartes si tu le veux. Tu as compris le code couleur ?
Elle hocha la tête que oui. Il lui tendit alors le paquet qu'elle prit dans sa main droite.
-Je pense qu'il ne sert à rien de te dire qu'il ne faut pas en perdre une seule. Par ailleurs, si tu as des questions, tu sais bien que ma porte est grande ouverte.
-Oui monsieur.
-Et pour l'histoire de poissonnerie dont Marc t'as fait la réflexion lors du dernier cours, n'y fait pas attention. Et même si il te venait à vouloir y passer ton stage, il n'y a aucune honte à cela.
-Clara m'a raconté. C'est un vrai nigot celui-là. Il méritait bien une claque de carpe sur chaque joue, rétorqua Jordi en fronçant les sourcils.
-Dix claques de carpe sur chaque joue n'aurait pas suffit à lui faire comprendre que son ânerie n'était pas drôle.
Jordi ria lorsque la cloche sonna. Il tendit alors sa main vers le professeur qui la lui serra.
-Merci monsieur pour ce que vous faites pour Clara. D'ailleurs elle a de la chance de vous avoir comme professeur, moi même j'aurais voulu pouvoir partir en stage pendant une semaine.
-C'est gentil Jordi. Je pourrais en parler à l'un de tes professeurs si tu le souhaites.
-Ça serait génial monsieur.
-Je verrais ce que je peux faire.
Jordi le remercia une seconde fois avant de partir aux côtés de Clara pour retourner en cours.
L'après-midi passée dans sa chambre, elle consacra tout son temps à la lecture des cartes. Il y avait des centaines de métiers proposés, et aucun ne lui convenait. Elle ne se voyait pas vraiment faire un stage d'une semaine qu'elle n'aimait pas. Elle devait trouver quelque chose et vite, mais rien ne l'intéressait, réellement rien. Enfin si, un métier, mais il ne figurait sur aucune des cartes.
-
Le lendemain, le cours de littérature fut consacré aux questions que la classe pouvait avoir. Un bon nombre d'adolescents avaient trouvés ce qu'ils voulaient faire, et l'idée de passer une semaine sans avoir à venir au lycée réjouissait la classe. Lorsque la cloche sonna, Clara attendit derrière Lola et ses deux petits toutous qui posaient une question au professeur pour pouvoir elle aussi demander un renseignement au professeur.
-Monsieur, demanda Lola en souriant et en tournoyant ses doigts dans ses bouclettes. Il était évident qu'elle essayait de faire du charme au professeur. Est-ce qu'il est possible qu'on soit trois à demander le même stage ?
-Si cela n'empêche pas que vous soyez totalement investies dans votre travail il est possible que vous fassiez toutes les trois le même stage, oui.
-Oh merci monsieur, reprit-elle en mâchant son chewing-gum, vous êtes adorables.
Il hocha la tête en réponse d'un merci et elles sortirent de la classe en criant, heureuses de pouvoir se retrouver toute une semaine dans le même stage à faire le même travail. Monsieur Hantz se plaça dos aux tables, pour ranger ses affaires lorsqu'il entendit un mouvement provenir de derrière lui. Il se retourna alors et vit Clara qui refermait correctement la fermeture de son sac.
-Excuse-moi Clara, je ne t'avais pas vu. Tu avais une question à me poser ?
Elle lui rendit tout d'abord les cartes qu'il reprit avec soin avant de les poser sur son bureau.
-Tu as trouvé ce que tu voulais ?
-Bah en fait... Pas vraiment.
Il resta les yeux écarquillés et se massa la nuque. C'était la seule élève qui n'avait pas donné de nom de métier et le lendemain était le dernier jour.
-Tu as besoin d'aide ?
-En fait je ne sais pas vraiment ce que je vais pouvoir faire. Et si je reste une semaine au lycée je ne vois pas non plus ce que je vais pouvoir faire non plus.
Le professeur s'est assit sur le rebord de son bureau et la regarda un instant.
-Écoute Clara, il est hors de question que tu restes au lycée la totalité de la semaine prochaine parce que tu ne sais pas quoi faire plus tard. Je vais t'aider à trouver quelque chose. Il fronça les sourcils un moment en réfléchissant. Tu n'as réellement aucun métier que tu souhaiterais faire ?
-Non.
-Vraiment aucun ? Il n'y a pas un seul métier qui t'attire ?
-Non. Enfin si mais...
Il la coupa.
-Mais quoi ? Quel est ce métier ?
-Je ne sais pas vraiment.
Il fronça de nouveau les sourcils.
-Comment ça ?
Elle tourna son regard dans la pièce, elle n'avait aucune réponse à donner aux questions que posait son professeur, elle n'en savait pas plus.
-Je ne sais pas vraiment le nom du métier, et il ne figure pas sur l'une de vos cartes alors c'est foutu.
-Non ce n'est pas foutu. Si on trouve ensemble le nom du métier je m'arrangerais à ce que tu puisses passer la semaine à le pratiquer.
-Tout ce que je sais c'est qu'aider des personnes en difficultés, des personnes ayant des troubles psychiques ou encore des personnes en dépression me plairait beaucoup.
Il se mit à réfléchir un moment, son doigt posé sur sa bouche.
-Écoute, je vais voir ce que je peux faire. Tu finis à dix-huit heures ?
Elle acquiesça de la tête.
-Alors attends-moi devant ma salle à dix-huit heures, je te dirais si j'ai trouvé une solution à la sonnerie.
Elle hocha la tête, le remercia et sorti de la salle pour pouvoir profiter des dernières minutes de la pause de la matinée.
VOUS LISEZ
Interversion
General FictionFaut-il jouer avec le feu lorsque la victime n'est rien d'autre qu'une allumette qui ne demande qu'à être allumée ? Clara, jeune fille de dix-sept ans battue et non désirée par sa tante, se trouve en Première lorsque le harcèlement scolaire devient...