La pluie dégoulinait le long des cheveux blonds du jeune homme. Des frissons parcouraient la totalité de son corps et ses vêtements lui collaient terriblement à la peau. Un grand sac noir porté par sa main droite, il pressa le pas sur le trottoir pour atteindre le prochain piéton et enfin atteindre la maison qui l'avait fait se déplacer jusqu'ici. Placé devant la boîte aux lettres au nom de HANTZ, Jordi sorti de sa poche une enveloppe pliée en deux, la glissa à l'intérieur de cette boîte aux lettres grise qui venait surement d'être repeinte et tourna les talons pour prendre le premier bus qui menait à la gare. Il devait s'évader de cette ville, de cet endroit qui lui donnait envie de vomir. Il avait perdu Clara, il avait perdu la totalité de ses amis. En réalité il était seul, et selon lui ça n'était pas plus mal, plus rien ne le retenait ici à présent. Il n'avait aucune idée d'où il allait se poser. Peut-être à 300 kilomètres d'ici, ou peut-être qu'il allait prendre l'avion avec l'argent qu'il avait économisé depuis des années et qu'il allait carrément changer de pays. Jordi avait en projet de passer son BAC, puis de travailler. Au diable ce que ses parents désiraient pour lui, c'était sa vie et rien que sa vie. Le bus s'arrêta en face du jeune homme, les portes coulissèrent, et il fit passer son sac en avant pour avoir plus de faciliter à passer la marche. Il prit place sur l'un des sièges du fond et il recouvrit ses cheveux de sa capuche. Les petites fenêtres fermées, le chauffage en route, tout était en fait en sorte que la chaleur puisse être maintenue dans le bus. Le long transport en commun reprit enfin sa route, emmenant avec lui le jeune homme qui avait pour projet de changer totalement de vie.
Monsieur Hantz déplia la lettre, allongé sur le sofa installé dans son salon :
Je n'ai pas réellement eu le courage de vous donner cette lettre en main propre, vous faites surement partie de ceux qui me haïssent dès à présent. Je sais que l'on dit pas mal de choses sur moi, plus de choses négatives malheureusement, et je n'ai pas le courage de me battre aujourd'hui à essayer de les faire changer d'avis. Si ils croient que je suis mauvais, eh bien qu'ils continuent à y croire. Seulement, en pensant à mon départ qui approchait, j'ai pensé à vous, et je sais à quel point Clara tenait à vous. Alors je pense que vous devez savoir la vérité. La vérité sur cette discussion que j'ai eu avec Anthony sur facebook il y a quelques mois de ça. Il a manipulé les messages parce qu'il était jaloux, il ne voulait pas me voir heureux avec quelqu'un d'autre que lui. Eh oui, moi aussi j'ai été surpris d'apprendre qu'il avait des sentiments pour moi dès le début. Voilà la RÉELLE conversation qui a eu lieu. Je vous ai tout imprimé.
Anthony Brétin : Alors, le pari est toujours en marche ?
Jordi Whitworth : Quel pari ?
Anthony Brétin : Joue pas à ça avec moi. Le pari qu'on a fait hier.
Jordi Whitworth : J'étais bourré mec, tu abuses.
Anthony Brétin : Un pari est un pari.
Jordi Whitworth : Ouais...
Anthony Brétin : Tu vas te la faire ?
Jordi Whitworth : C'était pas ça le pari. Tout mais pas elle.
Anthony Brétin : T'es sérieux, tu l'aimes ?
Jordi Whitworth : Clara ? La brune ?
Anthony Brétin : Ouais, la rémi.
Jordi Whitworth : Arrête de l'appeler comme ça.
Anthony Brétin : T'es toujours un tombeur non ?
Jordi Whitworth : Ouais, à coup sûr.
Anthony Brétin : Bah prouve-le moi.
Jordi Whitworth : Tu as réussi la mission de call of duty ?
Anthony Brétin : Tu abuses... Non. Et toi ?
Jordi Whitworth : JE L'AI PRESQUE FINI !!
Anthony Brétin : T'es un boss. Je te respecte à vie si tu arrives.
Jordi Whitworth : Ahahaha !! Tu verras ce que tu vas voir. Prépare l'argent !
Je sais que ça peut paraître étrange, mais cette discussion est celle que j'ai réellement eu avec Anthony, et non celle qu'il a accroché sur le mur de ce fichu lycée ! Je ne vais pas m'attarder sur cette lettre, je voulais seulement que vous sachiez, vous, la vérité. Je me fiche de ce que les autres pensent, la vérité finira par triompher. Lorsque vous lirez cette lettre je serais surement déjà loin. Je veux changer d'air, je veux changer de ville ou même de pays. Je ne sais pas bien où je vais, mais je vais. Je m'en vais loin d'ici. Le regard que me porte tous les lycéens m'a blessé, et celui du père de Clara encore plus, ça m'a détruit au plus profond de moi...
Je me demande si le père de Clara sait tout ce qu'elle a enduré chez sa tante, et je me demande si le père de Clara sait que, toutes les fois où il voulait parler à sa fille par téléphone, eh bien elle était bien là, même si sa tante disait le contraire et la disait être sortie avec des amies. J'espère que vous ferez éclater cette fichue vérité.
Les affaires de Clara sont chez moi. J'ai glissé au fond de l'enveloppe la clé de mon appartement au cas où son père voudrait récupérer les affaires de sa fille.
J'ai profondément aimé Clara, n'en doutez jamais.
-Jordi Whitworth.

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Interversion
Narrativa generaleFaut-il jouer avec le feu lorsque la victime n'est rien d'autre qu'une allumette qui ne demande qu'à être allumée ? Clara, jeune fille de dix-sept ans battue et non désirée par sa tante, se trouve en Première lorsque le harcèlement scolaire devient...