Chapitre VII

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Le lendemain Clara essaya de nouveau d'appeler sa meilleure amie mais sans succès, elle n'avait aucune nouvelle, ce qui l'inquiétait. Cela n'était pas en son habitude d'ignorer ses appels et de disparaitre comme cela, elle avait toujours été là pour Clara, mais il fallait bien voir les choses en face, elle allait dorénavant être seule. La journée se passait plutôt bien, personne n'était venu pour l'agresser ou pour la traiter, c'était enfin une journée normale pour Clara, elle voyait enfin à quoi ressemblait une journée sans dispute, sans Anthony. Elle se trouvait dans la salle de sport avec sa classe pour pratiquer deux heures de basket. Elle aimait tellement le sport, pouvoir se défouler, se sentir en forme après s'est donnée à fond sur le terrain, cette sensation de fatigue qui t'envahit après avoir bien couru, elle aimait tellement ça. Les deux heures terminées elle se trouvait dans les vestiaires pour se changer. Elle s'isola dans un coin pour se changer par peur que les filles se moquent d'elle et retourna rapidement à son sac. Alors que le vestiaire était bondé il y a quelques secondes, elle se retrouvait maintenant seule. Un calme inquiétant envahissait la petite salle. Elle sentait que quelque chose allait se passer, ce n'était pas bon du tout. Clara fourra au fond de son sac sa veste, son débardeur et se plia en dessous du banc pour attraper ses chaussures qui étaient cachées en dessous. Lorsqu'elle se releva, son sac dans une main et sa veste dans l'autre elle se retourna et lâcha tout de surprise. Anthony se trouvait face à elle accompagné d'un autre garçon. Un rire résonna dans la petite salle. Il l'examina de la tête aux pieds.

-Ça ne sent pas très bon ici, tu nous caches quelque chose ? Ne me dis pas qu'un garçon a enfin eu envie de toi, si ?

Tous explosèrent de rire.

-Je t'ai vu parler avec Jordi l'autre jour. Qu'est-ce que tu imagines ? Qu'il s'intéresse à toi ? T'es vraiment stupide de te faire ce genre d'espoir, t'as aucune chance.

Clara voulu attraper son sac pour essayer de s'enfuir, mais Anthony la devança, le jeta plus loin, il attrapa Clara et la tira jusque dans les douches. Il la tenait fermement pour ne pas qu'elle puisse prendre la fuite et qu'elle reste en dessous du pommeau de douche. L'autre garçon appuya sur le bouton et l'eau lui tomba sur la tête, coula le long de ses cheveux et elle se retrouva trempée bien assez vite. Clara se débattait, cherchait une solution pour s'enfuir, mais elle était seule, et ils étaient deux. Elle lui donna soudainement un coup entre les jambes mais il l'attrapa de nouveau à demi-plié et la poussa sur le carrelage ce qui la fit glisser à cause de l'eau sur le sol et elle s'écroula. Elle voulait se relever mais n'y parvenait pas, son dos avait pris un sacré coup en tombant sur le sol. Le coup qu'elle avait mis à Anthony ne fit pas grand effet à cause du peu de force qu'elle avait, il s'en était remis rapidement. L'autre garçon alla chercher le sac de Clara et le vida entièrement dans l'eau, ses cahiers prenaient l'eau et étaient maintenant inutilisables, bon pour la poubelle. Elle souhaitait se relever, ne plus être étendue sur le sol les cheveux étalés dans l'eau, mais Anthony la tenait fermement au sol. Il leva la main et lui donna une première claque. Son nez était dit fragile à cause d'une fracture qu'elle s'était faite quelques années auparavant, du sang en sorti alors et coula le long de son cou. Anthony semblait totalement dans son délire et leva maintenant le poing au ciel. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait et pourquoi il faisait ça, mais elle était terrorisée, elle n'avait plus la force de crier ou même de bouger, elle voulait réellement qu'il en finisse et que tous ses cauchemars cessent. Clara ferma alors ses yeux, ne voulant pas voir le poing se jeter sur sa figure, mais les secondes passaient et rien ne s'abattait sur son visage, elle sentit soudainement le poids du corps d'Anthony qui était étendu sur elle se lever. Elle ouvrit alors doucement les yeux et vit qu'ils lui tournaient tous deux le dos et que son professeur de littérature se trouvait face à eux. Il semblait choqué. Il se tenait immobile face à eux. Les deux jeunes garçons restaient sans voix et cherchaient désespérément un endroit où fuir mais le professeur était placé devant l'entrée des douches.

-Ce n'est pas ce que vous... Essaya de se justifier Anthony, mais le professeur lui coupa froidement la parole.

-Tais toi.

Des frissons parcouraient le corps des deux jeunes garçons, quelqu'un les avait vu agresser Clara, quelqu'un les avait vu en plein acte d'agression. Le professeur était dégoutté, il était déçu de voir ce qu'il venait de se passer.

-Anthony, Hugo, commença t-il, je veux vous voir dans ma salle de classe à mon retour.

Les deux jeunes garçons se regardaient, ils n'avaient probablement jamais eu aussi peur. Ils devaient dorénavant faire face à cet acte.

-Si vous ne vous y trouvez pas, vous ne ferez que fuir et retarder les répercussions qui s'abattront sur vous, reprit t-il d'un ton froid et sec.

Il se décala de l'entrée et les deux jeunes adolescents sortirent à toute allure. Enfin seuls dans le vestiaire, le professeur se précipita vers Clara qui était maintenant assise sur le sol, elle tentait de reprendre ses esprits petit à petit. Il la prit par le tour de sa taille et la releva doucement, ses cheveux dégoulinaient le long de ses vêtements tout trempés. Elle bouchait sa narine droite avec l'aide de sa main pour éviter que le sang ne tache son professeur près d'elle. Il la laissa se tenir droite pour lui ramasser ses affaires étendu sur le carrelage des douches et les posa sur un banc du vestiaire. Il aida ensuite la jeune fille à se déplacer jusqu'aux bancs et elle s'est assis. Il la regardait, l'observait. Elle subissait tant de problèmes alors qu'elle était si gentille, si intelligente, elle ne causait jamais de problèmes. Elle tremblait, trempée de la tête aux pieds, tachée de sang sur la totalité de ses vêtements.

-Tu devrais appeler tes parents, tu dois les prévenir Clara, ça ne peut plus durer.

Elle ne répondit pas, elle était trop occupée à reprendre ses esprits, elle était choquée de ce qu'il venait de se produire, elle semblait perdue.

-Tu m'entends Clara ? Reprit-il d'un ton inquiet.

Elle laissa enfin sa narine à l'air libre, le sang ayant cessé de couler, elle regardait maintenant fixement le banc qui se trouvait en face d'eux.

-Mon père est militaire, répondit-elle enfin, la voix tremblante. Mes parents sont séparés, je n'ai pas de nouvelle de ma mère depuis six ans, vous comprendrez alors pourquoi je ne peux pas vraiment leur en parler.

Il ôta sa veste de costume et la lui posa sur ses épaules, elle en avait bien plus besoin que lui.

-Tu veux que je t'emmène à l'hôpital ? Je pourrais rester si tu le veux, pour ton nez et puis...

-Non ça va aller, merci, reprit-elle en le coupant. Je veux bien que vous m'emmeniez jusque chez moi. J'aimerai me reposer.

Il la regarda un moment et accepta d'un signe de tête.


-


Dix minutes plus tard, elle se trouvait devant chez elle en voiture, assise sur le siège passager près du conducteur qui se trouvait être son professeur de littérature. Elle le remercia de l'avoir emmené jusqu'ici.

-Ça va aller ? Demanda t-il d'un ton inquiet, il ne voulait pas la voir seule après ce qu'il s'était passé.

-Oui, ne vous inquiétez pas.

Elle tira la poignée de la portière et sorti de la voiture. Clara se pencha ensuite à la fenêtre qui se trouvait être ouverte.

-S'il vous plaît, ne dites rien au proviseur, je ne veux pas qu'ils s'en prennent encore plus à moi.

-Mais je suis obligé Clara.

Elle le regarda d'un air fatiguée.

-S'il vous plaît monsieur...

Ils se regardèrent dans le plus grand des silence, elle plaça son sac à dos sur elle et se dirigea vers sa maison en trainant les pieds, fatiguée de ce qu'il se passait, fatiguée de la vie.

InterversionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant