Elle sortit subitement de ses pensées et se retourna. Jordi, les joues roses à cause du footing qu'il venait surement de faire, étant habillé en survêtements, la fixa, les yeux rivés sur son visage. Il s'approcha rapidement, passa sa main dans ses cheveux blonds pour les remettre en place et s'arrêta face à Clara, les yeux ronds de surprise.
-Qu'est-ce que tu fais là ? Et... Il posa sa main sur les tâches de sang que portait le visage de Clara. Et ça, c'est quoi ?
Elle repoussa la main du jeune homme, se baissa pour plonger de nouveau ses mains dans l'eau et les porta sur son visage en frottant autant qu'elle le pouvait. Elle ne savait pas réellement où se trouvait le sang, mais elle frottait, elle voulait tout faire disparaître. Jordi plongea à son tour l'une de ses mains dans l'eau et se plaça face à Clara.
-Laisse-moi faire.
Elle laissa alors ses bras tomber et le laissa poser sa main sur son visage. Ce n'était pas qu'elle lui pardonnait, mais lui avait la ''chance'' de pouvoir voir les tâches de sang contrairement à elle. Il passa son doigt sur le contour du nez de la jeune fille, plongea sa main dans l'eau, effaça les traces se trouvant le long de son cou, passa doucement sur la bosse qui se formait au milieu du front et fit disparaître une longue trace de sang se trouvant en dessous de sa bouche. Il en avait vu du sang, des blessures, mais là, ça surpassait ce qu'il avait vu auparavant. Il plongea une dernière fois ses mains dans l'eau pour les rincer, les essuya sur son survêtement et observa le sac posé sur l'herbe, il lui semblait que la fermeture allait explosé vu la façon dont il semblait être rempli.
-Est-ce que tu comptes un jour me raconter ce qu'il s'est passé ?
-Non, répondit-elle en se baissant pour prendre son sac en main.
-Qu'est-ce que tu fais au parc à cette heure là ? Je veux dire, il est dix heures, je ne t'ai jamais vu ici auparavant.
-Je peux te retourner la question Jordi.
Elle tournait les talons, voulant à tout prix s'éloigner de lui, mais il se plaça face à elle.
-Eh bien moi je peux te répondre. Je faisais un jogging comme j'en ai l'habitude d'en faire, et Antho m'a envoyé un message pour me dire qu'il t'a vu en sang te diriger vers ce parc, alors je suis venu aussi rapidement que j'ai pu.
Elle fronça les sourcils.
-En réalité je me contrefiche de ce que tu fais là Jordi, je veux juste que tu me laisses m'en aller.
-T'en aller ? Dans cet état ? Et où est-ce que tu comptes aller avec ton sac ?
-Merci d'avoir répondu à mon message l'autre jour, c'était gentil de ta part.
-Ne change pas de conversation.
-Je le fais si je veux.
Il lui attrapa le bras.
-Si tu veux le savoir, reprit-il, j'étais à une fête. La fête de Lola plus précisément, et j'étais tellement bourré que ton message il est passé aux oubliettes. Quand j'ai remarqué ton message le lendemain, je me suis dit que ça serait débile de ma part de répondre, je veux dire, c'était trop tard, tu n'attendais surement plus ma réponse.
-Tu avais entièrement raison, répondit-elle en essayant d'enlever la main de Jordi autour de son bras, mais sans succès.
Ils restèrent silencieux, observant les passants passer sur le chemin en terre qui se trouvait à une dizaine de mètres d'eux. Clara en profita pour regarder la façon dont était habillé Jordi. Malheureusement, même dans ce survêtement noir de marque, il restait beau, magnifiquement beau.
-Clara, reprit-il en observant l'homme passer en vélo, d'un ton sérieux. Je sais que j'en fais des gaffes, je sais que je fais beaucoup de choses de travers, mais je suis aussi agacé que toi.
Il la regarda enfin.
-C'est la première fois que je me comporte comme ça envers une fille. Avant, lorsque Anthony disait voir ma copine en ville, je l'évitais un maximum, me disant que je la voyais bien assez au lycée ou même le week-end, alors qu'avec toi c'est... Je sais pas c'est différent. Quand j'ai su que tu étais en sang en train de te diriger dans le parc, j'ai directement fait demi-tour et j'ai couru jusqu'ici. Je n'ai même pas eu le temps de réfléchir que j'étais déjà devant toi.
-Pourquoi est-ce que tu me dis toujours ce genre de chose quand ce n'est pas le bon moment ?
Un petit sourire timide s'afficha sur le visage de Jordi.
-Parce que je n'ai jamais d'autre occasion de te le dire ? Il se mordilla la lèvre. Et peut-être aussi parce que lorsque je te dis ça je vois tes yeux briller et ta respiration ralentir ?
Il lui avait lâché le bras et elle lui donna un coup sur le torse avec sa main dorénavant libre.
-Imbécile, répliqua t-elle en essayant de garder son sérieux et de masquer son sourire malgré le sourire ravageur que lui faisait Jordi sans la quitter des yeux.
Il posa alors délicatement ses mains à chaque côté de la taille de Clara et la tira gentiment vers lui. Elle laissa tomber son sac sur l'herbe et se laisser serrer entre ses bras. Mais revint dans la tête de la jeune fille ce qu'il s'était passé le matin même, et les larmes commencèrent à dévaler ses joues. Jordi sentait que quelque chose se passait, s'était passé et il ne savait pas quoi, il sentait le corps de Clara trembler contre le sien, sentant Clara serrer son étreinte.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé Clara ? Chuchota t-il près de son oreille droite.
Elle renifla, respirant par la bouche pour faire entrer le plus d'air possible en elle, ses larmes continuant à couler. Elle devait pleurer et se vider de tout son chagrin.
-J'ai fuis de chez ma tante, avoua t-elle entre deux tremblements, je ne sais pas où aller. Elle inspira. Jordi c'est trop dur, je n'en peux plus.
Il la serra d'avantage contre lui en fermant ses yeux. Ces mots le touchaient en pleins cœur, sa petite-amie était brisée et il ne faisait rien pour l'aider, absolument rien.
Il s'éloigna doucement de son étreinte, pris le visage de la jeune fille entre ses mains et la fixa un moment, silencieux.
-J'ai été un con, un gros con envers toi, et je te promets que ça n'arrivera plus Clara, tu peux compter sur moi, je ne te laisserais plus jamais tomber, je serais toujours là, je t'écouterais, je t'aiderais, je te le promets, dit-il, la voix tremblante. Je te le promets Clara.
Il effaça les traces que les larmes avaient laissés sur les joues de Clara et elle fonça dans ses bras, le serrant d'avantage contre elle. Lorsqu'il mit un terme à l'étreinte un moment plus tard, il prit le sac posé sur l'herbe et attrapa la main de la jeune-fille.
-On va chez moi.
VOUS LISEZ
Interversion
Fiction généraleFaut-il jouer avec le feu lorsque la victime n'est rien d'autre qu'une allumette qui ne demande qu'à être allumée ? Clara, jeune fille de dix-sept ans battue et non désirée par sa tante, se trouve en Première lorsque le harcèlement scolaire devient...