✯ Chapitre 54 ✯

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Honnêtement, je ne m'attendais pas à un appel de Levi. Quand je suis parti de l'appart et qu'il n'a même pas fait mine de me retenir, je pensais que je devrais croire en ma bonne étoile afin de le croiser dans un avenir proche. Je déteste me sentir ainsi. Levi se rend-il compte à quel point il me fait mal ? Ce que j'ai dit à Lucas plus tôt ne peut pas être plus vrai...je suis fatigué. Essayer d'atteindre Levi est comme courir sur un terrain qui s'allonge à chacun de nos pas. Je suis vraiment exténué.

« Il faut qu'on parle », n'a jamais été un bon présage dans un couple. Je ne sais pas ce que je redoute le plus. Un point final à notre histoire ? Levi ne m'aimant simplement plus ? Bien que je n'ai rien laissé paraître au téléphone, je suis mort de trouille.

Est-il déjà à la maison ? Attendre à un pâté de maisons de notre appart ne reculera pas l'échéance. Mais, cela apaise rien qu'un peu l'appréhension qui est en train de m'envahir. La tête contre le volant, je place ma main droite au niveau de mon cœur. Depuis qu'il est entré dans ma vie, cet organe ayant pour but de pomper le sang, a dédié chacun de ses battements uniquement à Levi. J'ai peur qu'il cesse de battre ce soir.

La vibration de mon téléphone me fait sursauter. Relevant la tête, je le récupère et ouvre le message de Mei. Il s'agit d'une photo style casier judiciaire mettant en scène Airi. La petite arbore un grand sourire. Souriant à mon tour, j'envoi un émoji en guise de réponse. Ce message m'ayant donné un boost de courage, je pose mon téléphone sur le siège passager et appuie sur le bouton start afin de mettre en marche le moteur.

En bien trop peu de temps, je suis garé sur ma place de parking. Moi qui habituellement suis sociable avec nos voisins, j'échange un sourire de convenance avec celui qui partage l'ascenseur avec moi. Une fois devant la porte de notre appartement, je prends quelques respiration avant de glisser la clef dans la serrure et de faire face à mon destin. Et cela n'est en rien une image, puisque Levi est assis sur le fauteuil me donnant face. Je n'aime pas l'expression sur son visage. Gagnant autant de secondes que je peux, je prends tout mon temps pour refermer derrière moi et déposer mes clefs sur le meuble à l'entrée.

Une fois au salon, je m'installe sur le fauteuil lui faisant face. J'ai toujours aimé la couleur des yeux de Levi, ainsi que leur habilité à changer de nuance de gris. Depuis sa dernière crise, ils n'ont pas repris leur teinte habituelle. Mais celle-ci reste acceptable. Légèrement plus sombre est le signe d'une nouvelle crise. Égoïstement, j'ai espéré qu'il soit en pleine dans une...parce que cela justifierait son comportement. J'ai conscience que penser ainsi me fait passer pour un désespéré, à chercher la moindre excuse au fait que Levi me traite comme de la merde. Mais je l'aime. Et cette amour me rend idiot.

Alors que c'est lui qui souhaite que l'on parle, il n'a pas prononcé un mot depuis que je me suis assis devant lui. Son regard qui habituellement me donne chaud, agit à l'inverse. Je suis incapable de déchiffrer ce qui s'y cache.

- J'ai vu Pétra aujourd'hui...

Moi qui ne pouvait soutenir son regard sans émotion, avait dévié le mien sur un point invisible à sa gauche, mais je ramène celui-ci sur lui. Va-t-il enfin faire ce que j'attend depuis plusieurs semaines maintenant ? L'expression neutre de mon visage se transforme dans l'attente qu'il développe.

- Nous n'avions pas rendez-vous aujourd'hui, mais il fallait que je la vois. Depuis que j'ai été diagnostiqué bipolaire, toute ma vie n'a été qu'une marche dans un équilibre précaire. Mon entourage a été forcé de vivre selon le cycle perpétuel de mes crises. Ma mère a fait ce choix. Layton l'a lui aussi fait...mais toi ?

- Moi ? Je l'ai...

- Je t'ai dit que la première fois que je t'ai vu, ton sourire m'a évité de commettre l'irréparable. Qu'est-ce que cela peut être selon toi ?

I Want More [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant