I Want More [FR]

✯Chapitre 53 ✯

Lorsque je pousse la porte du cabinet de Pétra, mon regard croise celui de Jordy qui debout, feuillette des documents.

- Monsieur Prescott ? Votre prochaine consultation n'est pas avant...

Ne l'écoutant pas, je me dirige directement vers la salle ou à raison de deux fois par semaine je me livre dans un but précis. Et depuis quelques jours je m'en éloigne.

- Monsieur vous ne pouvez pas...

- C'est bon Jordy, je m'en occupe, intervient Pétra installée derrière son bureau. Levi entré je vous en prie.

Contrairement à plutôt où j'étais calme, voir amorphe, là présentement, même assis sur le fauteuil, je ne cesse de taper du pied. Pétra se lève et vient s'installer devant moi.

- Comment allez-vous Levi ?

- Ne pouvez-vous pas pour une fois changer de disque ? Savoir comment je vais vous intéresse-t-il vraiment ?

- Bien sûr. Je ne pose pas cette question simplement par convenance, ou parce que c'est mon travail. Cette information m'intéresse vraiment.

D'un calme olympien, Pétra soutient mon regard. Malgré le fait que j'ai fait irruption dans son bureau, elle ne cherche pas à me mettre dehors ou ne me fait pas ressentir le fait que je la dérange.

- Je crois que je ne vais pas bien...et je ne sais pas pourquoi, et quoi faire pour aller mieux.

- Qu'entendez-vous par « pas bien » et « aller mieux » ?

- En toute connaissance de cause, je suis en train de ruiner mon couple avec Trevor. La part de moi qui souhaite à tout prix préserver notre histoire s'amenuise considérablement. Ce qui a commencé il y a de cela quelques mois, ce doute qui s'est infiltré en moi, gagne du terrain et entre la vision de la fin de notre couple et l'arrivée d'une crise...je ne vais pas bien. Par aller mieux j'entend, revenir à comme j'étais avant.

- Comme vous étiez avant ?

- Sans questions, sans doutes...

- Ces questions et doutes ont tous à voir avec Trevor et votre couple ?

- Oui.

- Levi, quand la situation le demande, je sors du cadre et m'ouvre à mes patients. Dans ces moments, afin de faire comprendre un élément, ou simplement le chemin à emprunter afin d'avoir une réponse, je parle de ma vie privée. Est-ce que cela vous dérange ? Si tel est le cas, je suis tout à fait disposé à ne pas déroger au cadre professionnel.

- Non, cela ne me dérange pas.

- À notre première rencontre, je vous ai dit avoir une petite fille de deux ans. Son entrée dans notre vie a été un sujet de discorde entre mon mari et moi. Bien que lors de notre rencontre j'avais précisé vouloir des enfants, lorsque je me suis enfin sentie prête pour cette nouvelle étape de notre vie, lui ne l'était pas. J'ai donc attendue qu'il le soit. Mais, les années ont commencé à défiler, et mon envie de fonder une famille n'a fait qu'augmenter au fil de celles-ci. J'ai donc relancé le sujet. Mon mari n'était toujours pas prêt. Par amour pour lui et aussi par respect de ses choix, j'étais à nouveau prête à mettre de côté mon souhait de maternité. Mais, il n'était jamais loin. Je ne comptais plus le nombre de fois ou je devais me cacher pour pleurer lorsque je voyais une femme enceinte, des vêtements de bébé. Mais il y a eu ce moment où je me suis isolée, pas de tout, mais de lui. Ces quelques semaines où je me suis éloigné, je me suis posé les bonnes questions. A savoir, si c'est cette vie que j'ai envie de mener ? Si je suis capable de faire une croix sur mon souhait de devenir maman ? Si pour vivre la vie que je veux, je suis capable de tout mettre en œuvre...donc, possiblement me séparer de mon mari. Je ne voulais pas lui faire d'ultimatum, car, je savais que si je lui imposait la paternité, il y aurait un risque que cela se solde par la fin de notre couple. Après avoir pris ce temps pour moi, je suis rentré à la maison avec des certitudes. Nous avons longuement discuté, sur nos sentiments, nos visions de couple, de projets futurs. Je lui ai fait comprendre que j'acceptais qu'il ne soit pas prêt, ou que tout simplement il ne veuille pas d'enfant, mais moi, j'en voulais. Et que même si cela va me briser le cœur, nous devrons envisager de nous séparer, car nous n'empruntons plus le même chemin.