AC Syndicate: Isolated Files [OS]

Once Upon a December

Londres, 1872

Dans les rues de la Cité de Londres, des traces de pas dans la neige menèrent au Manoir Kenway. Le froid piquait quelque peu la peau du visage de l'individu qui se dirigeait vers la propriété du légendaire Assassin ayant vécu à l'âge d'or de la Piraterie. Quant à la neige qui tombait du ciel et virevoltait à cause de la circulation des hippomobiles, certains flocons se déposèrent sur le haut de la capuche noire ou encore sur les épaules du manteau. La femme encapuchonnée tremblotait malgré la chaleur qu'elle retenait tant bien que mal en s'entourant de ses bras. Elle n'avait qu'une hâte, pousser la porte d'entrée du manoir pour oublier quelques temps ce froid mordant de Décembre. Ce manoir, vêtu du manteau blanc de l'hiver, n'était plus habité depuis longtemps. Il était même devenu le quartier général de la Confrérie de Jacob et Evie Frye après la mort de Crawford Starrick. Ces lieux servaient surtout aux réunions, d'arsenal, aux élaborations de plans pour contrer les Templiers et leurs alliés qui essayaient de reprendre la ville. C'était toujours un meilleur endroit pour la Confrérie que le train, qui continuait toujours à faire le tour de la ville à l'heure qu'il était.

La jeune femme poussa enfin la porte du manoir après l'avoir déverrouillé. Elle ferma derrière elle, heureuse de ne plus sentir le léger vent froid et mordant sur son visage. Elle retira sa capuche et admira encore la beauté de cette habitation, abandonnée puis réhabilitée pour les premiers initiés de la Confrérie, dont elle en avait fait partie. Il n'y avait personne dans le hall. Les lieux semblèrent même déserts. Mais tout cela était normal. Bon nombre d'Assassins avaient rejoint leur famille, et les fêtes de fins d'années étaient proches et devaient être préparés. Elle songea encore qu'elle allait les passer seule. À cette pensée, elle soupira et posa les yeux sur le sol, voyant la neige devenue eau sur le bout du pied de ses bottes. Elle haussa les épaules et songea qu'elle passerait les festivités ici, entourée de souvenirs. Et quels souvenirs...

L'Assassin ferma les yeux pour faire marcher sa mémoire et se rappeler d'un moment vécu dans ce manoir. Elle se souvint alors d'une mission d'infiltration, en hiver 1869, pour laquelle Jacob et elle devaient se préparer. Il fallait se rendre dans l'un des bals de la Saison Parlementaire pour obtenir des informations sur les agissements des Templiers. Jacob et sa partenaire devaient se faire passer pour deux jeunes riches bourgeois. Elle ouvrit les yeux vit le frère Frye discuter avec Freddy, juste devant elle. Le sergent tenta d'ajuster le foulard du jumeau, qui leva les yeux au ciel, perdant patience — et trouvant tout cela bien ridicule pour une simple mission d'infiltration. Il n'y avait pas eu autant de manière pour le bal de la Reine le soir où Starrick est mort.

– J'ai dû faire des pieds et des mains pour vous aider, Jacob. Alors si vous tenez à passer inaperçu, faites-le parfaitement !

Le Maître-Assassin, vêtu d'un costume trois pièces noirs, dont la veste se finissait en queue de pie, ne prit pas la peine de répondre. Il ne quitta pas des yeux le plafond, toujours aussi las. Après avoir ajusté le foulard rouge, tranchant avec le blanc de la chemise, Abberline déclara qu'il avait terminé. Jacob regarda le résultat avant de poser les yeux sur son ami.

– Je crois qu'il n'est pas assez parfait, se moqua-t-il.

Le sergent pencha brièvement la tête sur le côté, le fusillant du regard. Il voulut répondre mais une voix de femme derrière lui, dont le sourire était audible, l'interrompit dans on élan.

– Ne répondez pas, sergent. Vous ne feriez que l'encourager.

Jacob posa les yeux sur l'arrivante, tandis que Freddy se tourna vers elle, qui descendait encore les escaliers avant de les rejoindre. L'homme gradé de Scotland Yard cligna rapidement des yeux alors que l'autre Assassin cacha sa surprise — bien que son regard et le léger mouvement à la commissure des lèvres le trahissaient. Abberline n'avait jamais vu la brune dans une tenue aussi habillée, digne d'une vraie Lady. Elle portait une robe de bal rouge et noire, dont la première partie de jupon était ornée de dentelle. Les manches, des bretelles larges et froncées, étaient aussi rouge que la deuxième partie visible du jupon. Elles laissaient visible les épaules pâles et délicates de la jeune femme. On pouvait voir dessinés sous sa peau les os de sa clavicule. Le corset, ainsi que les larges jupons de sa robe mirent en valeur sa silhouette fine ainsi que son buste dénudé. Son cou était ornée d'un collier ras-de-cou avec un pendentif dont la pierre était un rubis parfaitement taillé et en accord avec la couleur dominante de sa robe de bal. Elle avait aussi laissé tomber son chignon négligé pour un autre plus élaboré, mais elle avait gardé sa fidèle mèche sur son visage. Dans sa descente, il était possible de voir qu'elle avait échangé sa bague de la Confrérie pour une bague avec une rose en argent et scintillante. En voyant le visage des deux hommes, elle sourit timidement, les yeux baissés. Elle reprit sa marche dans les escaliers.