Almost Discreet

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[Image de chapitre par moi-même]

Aujourd'hui, l'apprentie de Jacob et d'Evie devait terminer la mission de démanteler le trafic d'armes que les espions de la Confrérie — des orphelins — avaient rapporté. Elle devait donc tuer l'homme qui en était à la tête. La femme encapuchonnée s'approcha discrètement de sa victime, trop concentrée sur la paperasse pour faire attention à la présence à quelques pas de lui. Elle arriva à s'introduire dans le bâtiment sans encombre. Elle avait bien observé les alentours et calculé les moments où les guetteurs passaient devant les entrées possibles. Proche de sa cible, Victoria prit un petit temps pour observer cette dernière, en train de lire quelques documents avant de les signer.

EH TOI ! héla un Blighters que la jeune femme n'avait pas vu.

Bon sang ! La cible se retourna vivement avec un air stupéfait dès qu'elle vit l'Assassin derrière elle se faire assaillir par celui qui l'avait repéré. En quelques coups, elle neutralisa le Blighters. Mais l'homme à tuer avait eu le temps de siffler de l'aide, et il y avait encore des hommes dans les pièces avoisinantes de l'étage. Et puis, l'alerte avait été donnée bien avant le sifflotement avec le Blighters qui avait hélé l'apprentie des Frye. Cinq hommes déboulèrent et elle n'eut la pas choix de se retourner pour les affronter. Alors que la bagarre commençait, la cible ouvrit la fenêtre et enjamba le rebord pour échapper à la mort — l'étage étant bas, il atterrit sans blessures. Faute de le voir, et malgré son occupation, elle put percevoir par les sons que la cible venait de s'échapper. Entre deux adversaires, la femme aux yeux marrons jura entre les dents. Elle sortit la canne-épée qui était pliée dans son manteau. Il fallait se battre plus efficacement contre les trois Blighters restants. D'un geste sec, elle déplia la canne et enclencha la lame du bas avant de tirer sur le pommeau en forme de tête d'oiseau. Elle donna des coups de coude ou de poing dans le menton pour sonner les Blighters avant de planter la lame de sa faux ou de sa courte épée dans le corps de ses adversaires. Tout comme l'un de ses mentors, elle était douée pour le maniement de la canne. C'était son arme de prédilection.

Les Blighters à terre, elle quitta aussitôt les lieux par la même fenêtre que le fuyard. Elle espéra pouvoir le rattraper dans la course, ou encore remonter sa piste. Elle préférait plutôt la première option, car elle sentait qu'elle ne maîtrisait pas très bien ce que la Confrérie appelait "vision d'aigle" ou encore "sens de l'aigle." C'était la chose la plus difficile de son apprentissage malgré le soutien et les conseils d'Evie. Malheureusement pour Victoria, aucun homme ne courait comme s'il fuyait la mort aux alentours lorsqu'elle arriva dans la rue principale. Elle leva les yeux au ciel et se maudit tout en retirant sa capuche. Au moins... ce sera l'occasion de m'exercer avec ce fichu don. Elle ferma alors les yeux et prit une profonde inspiration, en espérant que le monde devienne sourd et que la couleur de sa vision désature pour laisser place aux auras et surtout une quelconque piste.

Les yeux ouverts, le monde resta le même, tant dans ses couleurs que dans les bruits de la vie. Victoria jura alors entre ses dents, perdant patience. Elle se rappela alors des mots d'Evie concernant l'impatience et la précipitation.

– Si tu es pressée, tu ne seras pas assez concentrée. Tu ne verras alors rien de plus, ou bien tu seras sur une fausse piste.

– Allez... reprends-toi, Vic, cita-t-elle à voix haute avant de fermer à nouveau les yeux.

– Oublie le temps, oublie ce qu'il y a autour de toi. Concentre-toi sur l'objectif, sur ce que tu dois trouver et ouvre les yeux.

La jeune femme s'exécuta. Les bruits autour d'elle étaient atténués et le monde autour d'elle moins coloré. Elle balaya du regard les alentours avant de faire la même chose, les yeux rivés sur le sol. Elle put voir des traces de pas, plus visibles que d'autres, qui indiquaient que le propriétaire courait. Puis, comme si son instinct parlait, elle sentit qu'elle était sur la bonne piste.

– À nous deux, Suchet, marmonna-t-elle en jubilant. Votre trafic d'armes se finira avec vous.

Elle marcha lentement, essayant de se concentrer assez longtemps pour suivre la piste. Elle ignorait les autres passants, elle marchait droit devant elle, suivant la piste. C'est à proximité d'un square qu'elle trouva sa cible, qui était en train de donner des ordres à un Blighters. Sûrement pour que les chiens des Templiers la retrouve et la tue. Le monde redevint alors audible et plus colorée. L'Amie des Frye vit Hal Suchet se diriger vers un groupe de bourgeois qui regardaient des musiciens jouer dans un kiosque. Parfait ! Elle attendit que l'homme se fondit dans la masse avant de faire la même chose. Avant de s'immiscer, elle fit jaillir sa lame secrète.

Une fois parmi les auditeurs profitant de la mélodie joyeuse et raffinée, Victoria s'approcha très lentement de sa cible qu'elle avait facilement repérer, sans vision d'aigle. Les dernières notes de partitions du morceaux se jouaient sur les cordes des instruments. Le moment était venu de neutraliser le trafiquant. Lui trancher la gorge ou encore planter sa lame dans la nuque n'était pas une bonne idée. Le mouvement de panique serait immédiat si elle choisissait la première option, et elle ne serait pas discrète si elle choisissait la deuxième. La troisième et dernière option était donc la meilleure, mais il fallait être rapide pour quitter les lieux. Confiante, elle s'exécuta. Elle planta vivement la lame secrète dans le dos de Suchet, qui ne put crier tant il était surpris par la douleur et la froideur qui venait de traverser fatalement son dos et sa chair. Puis l'Assassin recula aussitôt, laissant sa victime osciller. Un voisin aperçut le mal-être qu'il pensait voir chez Suchet.

– Monsieur, vous allez bien ?

Victoria eut un sourire narquois aux lèvres, reculant encore d'un pas, puis deux. Le chef de trafic tomba à terre, son voisin ayant à peine eu le temps d'amortir sa chute. La panique prit les spectateurs et les musiciens. Elle profita du mouvement de foule pour tourner le dos, mettre sa capuche, et disparaître dans la ruelle qui permettait de rejoindre la rue principale. Mission accomplie. Il est temps de faire mon compte rendu à Jacob.

Dans la rue principale, la brune regarda en direction de la Grande Horloge de Westminster. Elle voyait qu'elle était légèrement en retard. Mais cela l'importait peu. Il l'était lui-même parfois. Y aller par les toits de Londres serait certainement plus rapide. Alors elle s'approcha d'un bâtiment à proximité et déclencha son lance-grappin. Le crochet tenant solidement, la brune fit une ascension rapide. En quelques bonds, elle arriva sur les tuiles. Puis elle continua de se déplacer de toit en toit avec le grappin.

Arrivée sur les lieux du rendez-vous, elle vit que Jacob était déjà là. C'était étrange. Pour une fois, il était à l'heure. Cela la fit quelque peu sourire, et son sourire s'agrandit lorsqu'il lui dit, sans être sérieux:

– Tu es en retard.

– Non. Pour une fois, tu étais en avance, rétorqua-t-elle en avançant vers lui. Étais-tu si pressé de me voir, taquina-t-elle.

– J'avais fini plus tôt que prévu, et je n'ai pas vraiment eu le temps d'aller boire une bière. 

– Quoi qu'il en soit, j'ai accompli ma mission. Hal Suchet est mort. 

AC Syndicate: Isolated Files [OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant