AC Syndicate: Isolated Files [OS]

Face the Love

[Image de Chapitre par moi-même]

Une ombre encapuchonnée parcourait les toits de Londres. Les pas étaient lents. Elle marchait, les bras se balançant au fil des pas, faisant légèrement virevolter la petite neige qui tombait sur la ville. La tête de la silhouette vêtue de noir était baissée et tournée vers la gauche. Elle semblait suivre quelqu'un, la surveiller, parmi les citoyens qui marchaient sur les trottoirs juste en bas. Les yeux bruns suivirent une femme joliment vêtue de sa robe d'après-midi, tenant le bras d'un homme de son âge, et qui n'avait pas l'air d'être du même rang social qu'elle. Il portait un haut-de forme et avait un air dandy.

L'homme et la femme se regardèrent quelques instants, se souriant l'un l'autre. Semblant heureux de passer l'après-midi ensemble, sous la neige tombante. L'ombre sur les toits ne put voir leurs ravissant sourires, mais elle se douta que ces deux-là se regardaient avec tendresse, et que leur lèvres étaient en accord avec leurs sentiments. Elle put parfaitement deviner le visage illuminé par l'amour de l'homme de ce couple qui avait l'air heureux. Car il n'était nul autre que l'ancienne histoire d'amour de l'ombre qui les espionnait. Et à cette pensée, et durant la projection du visage illuminé par la tendresse qu'il lui consacrait autrefois, le cœur de l'espionne battit plus fort, et non de la plus agréable des manières. C'était le signe qu'il se brisait encore. La gorge de la silhouette, aux courbes féminine malgré l'accoutrement, se serra. Malgré la douleur dans la poitrine, elle ne put s'empêcher de se faire une réflexion à propos de l'homme qui posait sa main sur celle de la jeune femme qu'il accompagnait. L'amour te va bien... j'aimerais tant pouvoir le revoir de mes propres yeux, face à toi... et de le ressentir en étant à tes côtés.

En effet, l'ombre espionne regrettait le temps où elle et lui étaient un duo semblant inséparable, le temps où il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre dans leurs bêtises. Une époque révolue, ne provoquant que nostalgie et mélancolie chez la femme encapuchonnée. En y pensant, elle soupira, les yeux rivés sur leurs pas qui dévoraient le présent. Et le futur qu'elle aurait pu avoir avec lui, s'éloigner d'elle, au bras d'une autre. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle sauter sur l'occasion de quitter Londres pour une mission ? Une mission qui l'avait menée à une autre l'obligeant à se faire passer pour morte. Elle ne devait avoir aucune correspondance, faire profil bas, pour mieux atteindre et éliminer sa cible. Comme Jacob le lui avait reprochée à son retour à Londres:

– Un mot, Victoria... Un mot, et j'aurais pu comprendre que tu étais en vie, que tu allais bien...

Sa mission — qui avait été une occasion pour elle de s'éloigner de Jacob et de Jack — avait été une réussite, mais cela avait été au prix des sentiments, de leurs liens. En plus de la solitude qu'il avait ressenti, un grand vide l'avait envahi. Il avait fini par fréquenter une petite bourgeoise, Daisy Campbell. Une ravissante brune aux yeux noirs. Elle avait pu soutenir le jumeau Frye, ainsi que le p'tit Jack dont il s'occupait. Elle avait su apaiser les cœurs meurtris par l'absence et la prétendue mort de Victoria. Celle-ci, bien qu'elle enviait la bourgeoise, en fut très reconnaissante.

Derrière ses airs de petites terreurs et ses sarcasmes, Jacob était un homme sensible. Le départ de sa sœur en Inde l'avait atteint, et Victoria avait été là pour lui. Et ce lien qu'ils avaient ensemble ne s'était que renforcé. Mais l'arrivée de Jack avait changé les choses. Le frère Frye l'avait sauvé de l'asile de Lambeth où il était maltraité et ramené au train, sans consulter Victoria. Elle n'en avait jamais voulu à ce gamin au passé terrible, et concernant le sauvetage, il n'y avait rien à dire. Mais l'arrivée de Jack l'avait fait paniquer, ne se sentant pas vraiment à l'aise avec les enfants — l'entente qu'elle avait avec les orphelins était déjà pas mal. Malgré cela, bien que les débuts furent difficile, elle avait fini par réduire la distance qu'elle avait avec Jack et l'apprécier, comme si c'était son petit frère.