Prologue

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Je regarde le paysage défiler sous mes yeux, un écouteur dans l'oreille droite et l'autre tombant sur le côté. Le visage fermé, j'écoute mon père et Ellie discuter joyeusement sur notre future vie.

Ma petite sœur sautille presque dans son siège en entendant mon père dire qu'il l'emmènerai patiner une fois qu'on aura aménagé ma chambre et la sienne.

Je souffle une énième fois causant un regard sévère de mon père. Malheureusement pour lui, je n'arrive pas à faire semblant. Quitter la ville dans laquelle j'ai grandi et laisser mes amis à cause d'un seul homme, ne m'enchante pas.

- June, tu sais très bien que ça ne me fait pas plaisir de t'éloigner de tes amis d'enfance mais c'est pour ta sécurité.

Il lance un coup d'œil dans le rétroviseur pour savoir si ma sœur de tout juste sept ans ne nous écoute pas, puis reprend.

- Je refuse de laisser ma petite fille à la porté d'un fou malade. Si jamais il t'arrivait quelque chose et que je n'étais pas là, je ne me le pardonnerai jamais. Dit-il moins fort.

J'avale difficilement ma salive à ses mots. Ma gorge se resserre tandis que mes ongles grattent nerveusement mon jean.

- Je sais, papa. Le rassurai-je en lui souriant doucement.

Cela va bientôt faire un an que j'ai rencontré celui qui terrorise mes parents. Et moi, par la même occasion.

- Et puis, Louis pourra venir. On habite pas très loin de New-York. Essaie-t-il de me rassurer.

Louis est mon meilleur ami depuis que j'ai quinze ans. J'ai tout fait avec lui. Ma première cuite, mon premier vrai voyage en tant qu'adulte. Ma première fois aussi, mais ça ce n'est qu'un détail sur la liste des choses qu'on a vécu ensemble depuis ces dernières années.

On venait à peine d'avoir dix-sept ans et on voulait tous les deux le faire pour la première fois avec quelqu'un de confiance et qu'on savait, aimer purement.

- C'est mon seul ami depuis ce qu'il s'est passé, Papa. Je n'arrive pas à me dire que je ne pourrais plus le voir aussi souvent qu'on en avait l'habitude. Ma gorge se serre un peu plus encore et je plisse les yeux sous sa douleur.

Je ne pleurais pas. Du moins, pas devant mon père, ni Ellie.

- Il viendra tous les week-end. Crois-moi, j'irais le chercher par la peau du cou si c'est pour te voir sourire.

Je souris, attendrie, devant son air déterminé.

- Tu sais très bien que tu n'auras pas besoin d'aller le chercher, il serait bien capable de venir jusqu'ici à pied même si ça devait lui prendre toute une journée et ce, sous une tempête. Rigolai-je en repensant à la fois où il avait traversé toute la ville sous un gros orage seulement pour me rapporter un gâteau à l'effigie de Lana Del Rey, pour mon anniversaire.

Mon père rigole à ce souvenir.

- Il était complètement trempé mais la seule chose à laquelle il a pensé en entrant, c'était de savoir si le glaçage n'avait pas bougé.

- Tu t'en souviens ! M'exclamai-je en riant véritablement.

Il hoche la tête, un sourire scotché aux lèvres. Il stoppe la voiture sur une aire d'autoroute.

- Pause toilettes, les filles !

Je détache ma ceinture de sécurité et m'empresse d'entrer dans la petite supérette pour m'enfermer dans les cabinets.

Je sors des toilettes, un sourire aux lèvres, ne pouvant pas m'empêcher de penser à mon idiot de meilleur ami.

Je passe devant le petit rayon de sucreries qui me fait de l'œil depuis que j'ai mis un premier pied dans ce petit magasin au bord de la route. J'attrape un petit paquet de bonbons et me dirige vers la caisse pour payer.

- Cinq dollars. Lâche automatiquement la caissière.

Ils sont agréables ici...

Je sors un simple billet que je lui tends avec un sourire poli. Je récupère mon petit encas.

- Merci ! Bonne jour... Me coupai-je en pensant voir à travers la baie vitrée, celui qui m'a causé tant de problèmes.

La respiration courte, je m'empresse de fourrer mon articles dans ma poche et de déguerpir de cette supérette.

Tandis que je retourne auprès de mon père et ma sœur, je ne peux m'empêcher d'accélérer le pas et de regarder régulièrement derrière moi.

J'ouvre rapidement la portière et m'enfonce dans mon siège avant de m'attacher.

- Tout va bien ? Me demande mon père en voyant mon visage pâle.

Je hoche simplement la tête et coince mes écouteurs dans mes oreilles pour m'enfermer dans ce monde qui me permet d'oublier son visage, sa voix, sa présence, son toucher.

Comment lui dire que je crois le voir partout, tout le temps et que ça me bouffe de l'intérieur ?

Mon père fronce rapidement les sourcils mais reprend un visage souriant quand ma soeur lui demande de monter le son de la radio.

Je me concentre sur ma respiration et mon cœur affolé.

Je déteste ressentir tout ça. Je déteste le voir sur tous les visages masculins que je croise. Je déteste ce qu'il m'a fait devenir. J'angoisse à la simple idée de me retrouver près d'un homme, de devoir parler à un homme ou même qu'un d'eux pose ses yeux un peu trop longtemps sur moi.

Ce déménagement n'est peut-être pas quelque chose de si terrible finalement.

Intertwined LinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant