Le réveil est brutal. Le souffle court, je sursaute et me mets en position assise sur mon lit, alors que je vois du coin de l'œil la domestique ouvrir les rideaux.
Je grogne en sentant mes yeux brûler sous l'intensité de la lumière, qui m'oblige à les fermer brusquement.
— Bonjour, Princesse ! Avez-vous bien dormi ?
La servante décale ma couverture et la plie pour ensuite la poser sur le bas de mon lit. Je la regarde faire, à moitié plongée dans les limbes de mon sommeil.
— Pas assez.
— Vous avez mauvaise mine !
Agacée par sa remarque, je grimace en me massant les tempes. La bonne pose son regard sur les livres éparpillés tout autour de moi, souffle, pour ensuite les ramasser.
— Honnêtement, Princesse, si vous vous couchiez plus tôt au lieu de lire jusque tard dans la nuit, vous seriez moins fatiguée le matin.
Je me lève en baillant et pousse un des ouvrages avec mon pied. Je m'installe devant la fenêtre et contemple le paysage qui borde le château. Même si le soleil n'est pas encore à son zénith, j'aperçois des paysans qui sont déjà au travail dans les champs. Bien que leur labeur soit difficile, des sourires éclairent leurs visages, tandis que leurs enfants jouent autour d'eux. La scène m'attendrie et d'une certaine façon j'envie cette insouciance enfantine. Je lâche un soupir emprunt de tristesse et repense à mes jeunes années.
Déjà fatiguée de la journée qui n'a même pas commencé, je me retourne vers ma domestique qui est encore en train de ranger.
— Est-ce que je t'ai demandé ton avis ?
Confuse, elle dispose les livres sur mon bureau, pour ensuite venir s'incliner devant moi toute penaude.
— Toutes mes excuses, Princesse, je ne voulais pas vous manquer de respect ! Cela ne se reproduira plus.
Je souffle, alors qu'un sentiment de culpabilité commence à me retourner l'estomac. Son expression me serre le cœur, cela me renvoie à l'image de ces rois et reines, qui, dans leur crise de mégalomanie, oublient qu'autour d'eux ce sont des humains et non des animaux qui les servent. Ils méritent aussi le respect et la bonté. Je ne veux surtout pas être un tyran, en tant que future reine, mon but est d'instaurer un règne où la justice et l'équité seront les maîtres mots, quel que soit le statut de chacun.
Avec douceur, je m'approche d'elle et lui attrape le bras pour l'obliger à se relever.
— Pardonne-moi, j'ai très mal dormi, tu n'as rien fait de mal, alors surtout ne te prosterne pas devant moi, j'exècre ce comportement plus que tout.
Elle me sourit, puis s'approche de moi pour m'aider à me déshabiller.
— Bien, Votre Grâce. Alors quelle tenue mettons-nous aujourd'hui ?
— Je veux un pantalon avec une chemise et mon long manteau marron.
Elle grimace tout en ajustant mes sous-vêtements. Je retiens un gémissement de douleur au moment où elle sert les lacets de mon corset. Ce corps baleiné me donne l'impression de rentrer dans ma peau à chaque inspiration. Je hais ces trucs, ils sont inutiles et douloureux à porter.
Néanmoins, mon rang m'oblige à avoir un minimum de respect pour les protocoles en vigueur. Même si je n'ai qu'une envie le soir venu, c'est de le retirer pour pouvoir enfin respirer correctement.
— Votre père ne va pas être ravi ! Il vous a fait demander. Les dames de votre caste portent des robes et non des pantalons, Princesse.
— Oui, mais moi, je ne les aimes pas. Je ne peux pas monter correctement à cheval et je trouve cela encombrant. Je supporte déjà le corset, il ne faut pas exagérer non plus.
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𝑷𝒂𝒊𝒏'𝒔 𝒎𝒚 𝒐𝒏𝒍𝒚 𝒉𝒐𝒎𝒆
RomanceDès son plus jeune âge, Aylïa a été confrontée à la dure réalité de la vie. Pourtant son destin était plus que prometteur. Fille chérie d'un roi puissant et influent, pépite d'un grand frère protecteur et trésor d'une mère aimante. Elle avait tout...