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- Comment vous sentez-vous ?

Toujours contre lui, je reprends appui sur mes jambes et me décale enfin, alors qu'il ouvre ses bras pour me laisser partir. Honteuse, je reste dos à lui, en essuyant mes dernières larmes qui restaient sur ma joue.

- Mieux... Merci Zahir.

Je l'entends se mouvoir derrière moi.
La seconde suivante, il me fait face.

Délicatement, il passe ses doigts sous mon menton pour me relever la tête. Mon regard plonge dans le sien, pour s'y noyer une fois de plus. Cette fois-ci, pourtant, je ne lutte pas, je n'en ai pas la force.

- Vous n'avez pas à avoir honte de pleurer princesse.

Doucement, il essuie avec son pouce une de mes larmes, et laisse sa main sur ma joue. Ce geste m'apaise, me réconforte.

Je ferme les yeux, appuie plus ma joue contre la peau chaude et douce de sa main.

- Pleurer est une faiblesse.

- Vous vous trompez une fois de plus Aylïa. Pleurer, ne fait pas de vous une personne faible.

- Nous n'avons pas eu le même discours alors. Mon frère m'a toujours dit de ne pas pleurer devant le monde. Car il pourrait penser que je suis faible et sans caractère.

- C'est un bon conseil de votre frère. Mais il aurait dû vous dire, aussi que dans votre vie, vous rencontrerez une personne unique, devant qui,  pleurer sans vous cacher et avoir honte serai naturel.

- Avez-vous rencontré cette personne ?

- Je la cherche encore...

Je souffle, épuisée mentalement, par ces deux derniers jours. Même les yeux fermés, je peux sentir son regard sur moi, cette sensation me plaît.

- Vous êtes loin d'être faible. Ce n'est pas de la faiblesse que j'ai vue dans cette salle, princesse. Vous êtes restée digne et fière, alors que la personne que vous aimiez, vient de vous trahir.
Vous n'avez pas pleuré par faiblesse, mais par tristesse, ce n'est pas la même chose.

J'ouvre les yeux, surpris par son discours. Son vif esprit d'analyse m'impressionne.

- Comment ?

Il enlève sa main de ma joue, puis se dirige vers le bureau que j'ai reversé quelques instants auparavant pour le ramasser.

- Il ne faut pas être un génie pour comprendre la situation princesse. Malheureusement, votre père est manipulé par cet homme. Et le lui dire n'y changera rien, parce que pour lui, c'est impossible. Il est trop sous son emprise maintenant.

- Je sais ! Pourtant, j'ai essayé, mais que vaut la parole d'une fille face à celle d'un homme.

- C'est toujours le même problème Aylïa.

Je le regarde faire, alors qu'il ramasse un bol pour y mettre de l'eau, pour ensuite y tremper un tissu.

- Comment auriez-vous pu faire autrement ?
Ce genre de manipulation prend des années à être mise correctement en place. Vous étiez bien trop jeune quand cela a dû commencer.

Il se rapproche de moi, puis commence à nettoyer doucement le sang qui a séché, sur ma blessure. À son contact, je grimace et pose ma main sur la sienne pour le faire stopper tout mouvement, et décale ma tête.

- Laissez-moi faire. Ce ne sera pas long.

Indécise, j'enlève tout de même ma main, pour le laisser continuer.

- Parfois, j'aimerais fermer les yeux pour ne plus les réouvrir.

- Abandonner, n'est pas la solution. Vous verrez, tout s'arrange avec le temps.

𝑷𝒂𝒊𝒏'𝒔 𝒎𝒚 𝒐𝒏𝒍𝒚 𝒉𝒐𝒎𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant