𝑷𝒂𝒊𝒏'𝒔 𝒎𝒚 𝒐𝒏𝒍𝒚 𝒉𝒐𝒎𝒆

VII

Je me sens bien, un cocon de chaleur m'entoure le corps. J'aimerais rester comme ça pour toujours, mais une personne en décide autrement et fait voler en éclats ma bulle de confort. Je sens une main me secouer doucement l'épaule.

Peu à peu, je reprends conscience, et tout me revient en mémoire. Comme une claque que l'on viendrait de me donner. La maison close, l'étranger qui se trouve dans une de mes chambres, blessé et inconscient.

Je me relève à la va-vite, pour regarder autour de moi, quand mes yeux tombent sur le visage rondelet du docteur.

- Pardonnez-moi de vous réveiller, votre grâce ! Mais comme promis, je viens vous voir pour que l'on puisse parler de l'état de votre...

Il hésite quelques secondes, cherchant ses mots.

- Ami !

Encore un peu endormie, je me frotte les yeux pour me réveiller totalement.

- Ce n'est pas grave. Alors dites-moi ? Comment va-t-il ? Est-il réveillé ?

- Et bien... J'ai réussi à nettoyer la totalité de ses blessures, elles ne sont plus infectées, mais il faut tout de même surveiller.

Soulagée, je pousse un soupir tout en m'étirant le corps, le sourire aux lèvres.

- C'est une bonne nouvelle !

Son attitude change en une fraction de seconde, il grimace. Je le vois se triturer les doigts. Inquiète mes sourcils se froncent, tandis que je me lève.

- Docteur ? Que se passe-t-il ?

- Et bien ! Ce ne sont pas ses blessures physiques qui m'inquiètent...

- Que voulez-vous dire ?

- Il souffre de manque votre grâce...

- De manque ? De manque de quoi ? Nourriture, sommeil ?

- Non, elle l'a rendu dépendant à quelque chose... Mais je ne peux pas exactement dire quoi !

Je suis perdue, complètement perdue. Je ne comprends pas à quoi il fait référence.

- Dépendant ? Docteur, je ne saisis pas très bien vos paroles.

- Venez !

Il se rend dans la chambre, je le suis puis ferme la porte derrière moi. Sans réfléchir, je me dirige vers mon étranger. Je regarde son visage endormi, puis me concentre de nouveau sur le docteur.

- Durant mes études, j'ai fait un séjour chez un herboriste. J'y ai appris beaucoup de choses. Comme par exemple le pouvoir des plantes. Il en existe comme celle-ci...

Il ouvre un livre et me montre le dessin d'une fleur. Je la regarde attentivement. Elle est jolie, ses pétales sont d'une magnifique couleur pourpre. J'imagine que son odeur doit être exquise. Je suis pourtant coupé dans ma contemplation par la suite de son explication.

- Qui a la faculté d'agir sur notre corps ou notre esprit. Le problème, c'est que si l'on en prive d'un coup, une personne qui en a consommé quotidiennement, cela engendre des effets indésirables sur son corps. C'est que nous appelons communément : "le manque"

Je suis totalement abasourdie par ces informations. Jamais, je n'ai entendu parler d'une telle chose, pourtant, je lis beaucoup...

- Quels effets ?

- Des tas ! Fièvre, douleurs musculaires, manque de sommeil, délire, agitation et j'en passe...

Je grimace, exaspérée par le comportement de cette sale garce. Je comprends mieux maintenant, pourquoi il n'a pas essayé de s'enfuir plus tôt. Si j'avais su ça dès le premier soir, j'aurais tout fait pour le sortir plus vite de cet endroit infâme.