XXIV

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- Ta reine ?

Je prononce ses mots même si pour l'instant, il m'est impossible de les analyser. Mon cerveau s'y refuse...

Lui, en l'occurrence reste totalement de marbre, comme s'il venait de me parler du beau temps. Il reste concentré sur son message, ne relevant nullement les yeux vers moi.

Désespérée par son manque de réaction après une telle demande, je grogne son prénom pour le faire sortir de son mutisme.

- Zahir...

Il souffle, puis avec lenteur, il pose son stylo, enroule la feuille sur elle-même, l'attache et la donne au messager qui la prend d'une main tremblante. Celui-ci s'incline pour disparaître dans la seconde.
Je grimace tout en le regardant s'enfuir.

Le pauvre

- Laisse-nous Othman...

Sa voix est implacable et dénuée d'émotions, je tremble légèrement, mais me reprends. Ce n'est pas le moment de flancher. En passant près de moi, je sens une main rassurante se poser sur mon épaule. Je me tourne et tombe sur le visage compatissant d'Othman qui me sourit.

- Ça va aller Princesse ! Ne vous en faites pas.

Il quitte à son tour le bureau, plongeant celui-ci dans un silence glacial.
Je reste silencieuse, sans pour autant le lâcher des yeux.

- Alors ?

Il se pose contre son bureau, me faisant face. Ses orbes ambrés que j'aime tant me fixent, analysant la moindre expression, la moindre mimique de mon visage. Dire qu'il y a même pas quelques minutes ses mains étaient en train de me caresser de la plus exquise des façons. Un frisson de désir me traverse, secouant mon corps légèrement. Ses yeux se plissent comme s'il comprenait les tournants qui m'habitent. Je vois ses mains se crisper sur son meuble fait de bois et sa mâchoire se contracter. Une tension naît une fois de plus entre nous, mais je ne le veux pas, il y a plus important pour l'instant. Je souffle pour reprendre le contrôle de mes émotions. Ce n'est vraiment pas le moment de se laisser aller...

- Alors quoi, votre altesse ?

Il tique sous mon appellation. Il se relève puis me rejoint, s'arrêtant à quelques centimètres de moi. Je suis obligée de lever la tête pour continuer de le regarder en face.

- Ta réponse Aylïa...

- Je n'en ai pas Zahir.

- Tu n'en as pas ? Pourtant c'est simple, un oui suffirait...

Une pointe d'agacement se fait sentir dans sa voix, me faisant froncer les sourcils. Il ose être agacé, c'est une blague...

- Oui ? Je... On parle de mariage.

Je me décale, j'ai besoin de mettre de la distance entre nous pour réfléchir correctement.

- Oui, je suis au courant. Merci pour cette précision Aylïa.

Je lui lance un regard mauvais alors qu'il se retient de rire, se moquant de moi.

- Ravie de voir que cela t'amuse... Mais on parle de mariage, c'est-à-dire un lien unique avec une personne pour un temps indéterminé...

- C'est la seule solution pour te protéger et l'empêcher de te récupérer sans déclencher une guerre...

- Pour me protéger ?

- Bien sûr, pour quelle autre raison je te l'aurais demandé sinon ?

Sa phrase me glace de stupeur, un étau me serre le cœur. C'est comme si je venais de me prendre un coup dans le ventre. La vérité m'éclate en plein visage. Ce que je prenais pour de l'affection n'était autre que du pur désir.

𝑷𝒂𝒊𝒏'𝒔 𝒎𝒚 𝒐𝒏𝒍𝒚 𝒉𝒐𝒎𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant