XXXIV

661 131 76
                                    

Je reste pétrifiée. Le voir devant moi, en train de me regarder de son air froid, me rend muette. Jamais il ne m'avait regardé avec ces yeux-là. Cela fait mal, extrêmement mal, pourtant je l'ai cherché. Ne pas le lui dire était mon choix, maintenant je ne peux qu'en assumer les conséquences.

- Es-tu à court de mots, ma reine ? Pourtant, tu as pleins de choses à me dire...

Sa voix est dénuée de chaleur et de douceur. Je me racle la gorge pour me donner du courage. Je pose mes mains sur son torse, afin d'essayer de l'apaiser. Mais à peine ai-je effleuré le tissu de sa tenue de mes doigts, que déjà, il recule pour éviter mon contact. Peinée, je le regarde s'éloigner de moi.

- Zahir...

Je ne sais pas par où commencer. J'ai l'intime conviction que quoi que je puisse dire, cela n'arrangera en rien la situation dans laquelle nous nous trouvons.

- Oui, Aylïa ? Je t'écoute ! Il me tarde d'entendre tes explications. Il me tarde de savoir les raisons qui t'ont poussée à taire le fait que tu attendais mon enfant...

- Je... Je ne l'ai pas fait dans le but de vraiment te le cacher !

Il relève un sourcil, accentuant la débilité de mon propos.

- Enfin... Ce que je veux dire, c'est q...

Mais je ne peux terminer ma phrase, car un cor retentit près de nous. Intriguée, je détourne mon regard de lui et aperçois le port de ma ville natale.

Mon cœur rate un battement en voyant l'état de celui-ci. Laisser à l'abandon, plusieurs carcasses de bateaux nous accueillent. Plus aucun pêcheur ne vaque à ses occupations. Le vide habite maintenant cette partie de ma ville.

Mes yeux se posent de nouveau sur mon roi. Sa mâchoire est toujours crispée, alors que lui, ne m'a pas quitté du regard.

- Nous en discuterons plus tard...

Il commence à partir, mettant fin à notre discussion, pourtant j'en décide autrement et attrape sa main, avant qu'il ne soit trop loin de moi.

- Attends, s'il te plaît...

Mais il ne l'entend pas de cette oreille et se dégage sèchement de ma prise. Deuxième coup au cœur, toujours aussi douloureux.

- Plus tard ! Même si je pense avoir compris la raison principale de ton mutisme. Tu avais peur qu'en m'avouant ton état, je t'aurais empêchée d'exercer ta vengeance et de réclamer justice ! Je me trompe ?

Je fais non de la tête, sentant mes mots mourir dans ma gorge, tellement elle est serrée par la culpabilité.

- Bien, c'était évident, maintenant que j'y pense...

Il se rapproche de moi tout en effleurant mon oreille de ses lèvres. Doucement, j'entends des mots qui finissent par m'achever.

- Je suis ravi de voir à quel point ta confiance en moi est inébranlable, mon amour...

Ces doux mots n'ont rien de tendre, bien au contraire. Il y met tellement de froideurs et de mépris qu'ils sont plus percutants qu'une crise de colère.

- Je t'avais promis que je t'aiderais à te venger. Je pensais que tu avais compris que j'étais ton allié et non un obstacle pour toi. À croire que je m'étais fourvoyé sur notre relation, ma reine.

Doucement, il se met face à moi et décale une mèche de mes cheveux pour ensuite la serrer entre ses doigts.

- Je t'aime.

Sur le moment, je ne sais pas quoi dire d'autre, tellement la peur de le perdre me serre le cœur. Mais, je regrette bien vite mes mots en voyant son regard s'obscurcir un peu plus.

𝑷𝒂𝒊𝒏'𝒔 𝒎𝒚 𝒐𝒏𝒍𝒚 𝒉𝒐𝒎𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant