IV

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- Dix pièces d'or, dis-tu ?

- Oui père !

Il souffle tout en laissant son regard se perdre dans le vide. Je peux entendre d'ici les rouages de son cerveau fonctionner à toute vitesse.

Ce matin, je me suis levée aux aurores, la nuit a était dure et courte. Il était impossible pour moi de rester plus longtemps couchée. J'ai cru que j'allais devenir folle à trop réfléchir.

Cet établissement allait me rendre dingue, ce qui s'y passe là-bas ne me laisse pas indifférente. Le sort de ces pauvres gens accapare toutes mes pensées, surtout un en particulier.

- Accepte !

Étonnée, je sors de ma léthargie pour poser sur lui un regard confus.

- Père !

- Oui ?

- Vous ne pouvez pas accepter, cette femme est perfide et manipulatrice...

- Tu n'exagères pas un peu ?

- Pensez-vous ! Avez-vous au moins une seule fois posé les pieds là-bas ?

Il se frotte le front en soufflant, il a l'air exténué. Son état m'inquiète. Je me lève pour m'accroupir devant lui tout en posant ma main sur ses genoux.

- À quand remonte votre dernière vraie nuit de sommeil père ?

Il me sourit tristement tout en posant sa main sur ma joue.

- Des années ma tendre enfant...

- Il faut vous ménager ! Je suis là... Je peux vous soutenir, alors n'hésitez pas à décharger un peu de votre fardeau sur mes épaules !

Attendri, il tapote mon crâne affectueusement.

- Ma tendre fille, je t'aime tant !

- Moi aussi père, je vous aime !

- Bon, revenons à nos affaires ! Tu penses que je ne devrais pas accepter ?

Je me relève, et commence à marcher de long en large tout en lui exposant mes arguments.

- Non père ! N'acceptez pas...
J'ai vu de mes propres yeux, son soit disant commerce. Il marche plus que bien ! Avec un seul esclave elle peut gagner environ trois-cents pièces d'or la journée ! Elle a largement de quoi payer ses impôts et vivre dans l'aisance. Croyez-moi...

- Parles-tu sous le coup de tes émotions ? Où as-tu réfléchie ?

- Je parle sous le coup de mes émotions, mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas réfléchi... En me rendant là-bas, j'ai pu analyser ce qu'il s'y passe ! Elle a un nombre incalculable d'esclaves sous sa coupe, sexuel, pour la torture ou simplement pour la servir. Il n'y en a beaucoup trop pour les compter...
Et tout ça, c'est de la main d'œuvre gratuite qui, en plus de ça lui apporte de l'argent !

Je m'arrête devant lui.

- Et croyez-moi père, ce n'est pas avec la nourriture qu'elle leur donne qu'elle va se ruiner, ni même les soins qu'elle leur procure ! Tout l'argent qu'elle gagne part dans ses poches.

- Très bien ma fille ! Je t'ai entendu...

Pourtant il se retourne vers cette ordure de conseiller.

- Qu'en penses-tu ?

Malgré moi, je roule des yeux exaspérés qu'il demande l'avis de cette enflure.

- Je pense que vous devriez faire ce que vous proposiez mon roi !

Il s'avance vers lui, alors que mon regard haineux ne le lâche pas une seule seconde.

𝑷𝒂𝒊𝒏'𝒔 𝒎𝒚 𝒐𝒏𝒍𝒚 𝒉𝒐𝒎𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant