VI

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Le trajet se fait dans le silence le plus totale. A plusieurs reprise, je vois Irisian regarder mes chiens d'un air méfiant.

- Ils ne te feront rien, tu sais !

Elle sursaute, tout en posant ses yeux sur moi.

- Ils sont noirs...

- Bonne observation !

- Ma mère m'a toujours dit, que les chiens noirs portaient malheur.

Je lui souris, puis caresse la tête de ma femelle, qui dort sur ma jambe.

- La superstition rend les gens idiots !

Gênée, elle se mord la lèvre. Soudain, un malaise gagne l'habitacle après mes paroles.

- Pardonnez-moi princesse, je ne voulais pas être malpolie...

- Ne t'excuse pas ! Je ne veux surtout pas que tu aies peur de me dire ce que tu penses.
D'accord ?

- Oui, d'accord ! Merci princesse. C'est juste que pendant toute mon enfance, j'ai vu des paysans tués et battre à mort des chiens et chats noirs.

Je grimace tout en essayant de ne pas m'imaginer ces scènes. Je pose ma main sous mon menton, et me mets à regarder le paysage qui défile au dehors de la calèche.

- Je sais... Leur mère en a été la victime.

Intéressée, elle se met face a moi puis attends la suite de mon récit. Son attitude enfantine me fait sourire bien malgré moi.

- Un matin, je suis partie me promener pour ramasser des fleurs, je voulais les offrir à ma mère. Sur le chemin, j'ai entendu un vacarme pas possible et des aboiements. Intriguée, je me suis approchée discrètement, et là, je suis tombée sur une scène d'horreur. Trois jeunes paysans étaient en train de frapper un pauvre chien qui agonisait sur le sol, bien entendu, il était noir.
Furieuse, je me suis précipitée vers eux. Quand ils m'ont aperçu, ils sont partis en courant pour prendre la fuite. Malheureusement, nous sommes arrivés bien trop tard, la pauvre bête était à moitié morte, et couinait de douleur. Alors mon garde l'a achevée. J'ai beaucoup pleurée après ça.

Retomber dans ce souvenir me tord le ventre, pourtant, je me force à continuer. Je comprends bien vite que cela permet à Irisian de se vider la tête et de penser à autre chose.

- Je n'aime pas l'injustice et la méchanceté gratuite, surtout envers des êtres innocents. J'allais partir quand j'ai entendu de légers gémissements dans les buissons d'à côté. Je suis allé voir et là, j'ai vu deux petits chiots terrifiés, ils n'avaient pas plus de 3 mois. Leur mère, était morte pour les avoir protégés, alors je les ai pris avec moi. Je ne voulais pas qu'elle soit morte en vain. Et depuis, nous sommes inséparables. Ils sont tout ce qui me reste avec mon père.

- Je vois princesse, je comprends mieux la relation qui vous unit maintenant.

Je lui souris. Hésitante, elle joue avec ses doigts.

- Est-ce que je peux le caresser ?

Elle approche doucement sa main vers mon mâle, alors que j'opine de la tête.

- Laisse-lui te sentir la main, ensuite, tu pourras le caresser.

Je la vois faire, puis elle éclate de rire, alors que mon chien lui lèche les doigts.

- Il t'aime déjà !

- Moi aussi, je l'aime bien finalement.

Je lui fais un clin d'œil, puis me lève en sentant la calèche s'arrêter.

𝑷𝒂𝒊𝒏'𝒔 𝒎𝒚 𝒐𝒏𝒍𝒚 𝒉𝒐𝒎𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant