Chapitre 30

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Sur Tokmia, la journée avait filée, littéralement. Le ciel de la planète s'assombrissait déjà, son ciel ambré plongeant les montagnes dans un début d'obscurité.
Chewbacca, lui, n'avait pas chômé, il s'activait toujours à préparer le faucon au décollage et à le sortir de son hibernation. Le vieux Wookie était conscient que le Cargo était peut être un peu fatigué et lent au démarrage, mais il savait aussi qu'il allait finir par être fonctionnel et que tout cela n'était qu'une question de temps, ce pourquoi il ne fallait surtout pas ménager ses efforts.
Et pendant que Chewie s'occupait des moteurs et parcourait l'extérieur du vaisseau, R2 avait la responsabilité de veiller sur l'intérieur et de vérifier que tout était en ordre et que rien n'avait gelé. Bien sûr, tout était gelé, ou presque, il faisait un froid de canard à l'intérieur du vaisseau et le pauvre Droïde ne savait plus où donner de la tête. Tous ses efforts pour remettre en route la machinerie semblait désespérés, au point où il avait préféré coller de vieux réchauds d'appoint proche des câbles et circuits à dégeler. Bien sûr, lorsque Chewbacca rentra à nouveau dans le vaisseau, R2 ne se gêna pas pour lui faire remarquer l'état laborieux de celui-ci, et visiblement, ce fut suffisant pour blesser le Wookie. Ce ne fut malheureusement que le début d'une longue querelle incompréhensible entre les deux, accusant mutuellement l'autre de ne pas faire d'effort, d'être paresseux ou de mauvaise foi, Chewie tapa même sur la tête du pauvre Droïde qui l'avait assez maladroitement traité de "vieux tapis", tout ça en criant de plus en plus fort jusqu'à ce que le calme soit rétabli par une alarme... et une vague odeur de brûlé. Les deux compères se regardèrent un instant, le temps de remettre les pieds sur terre et surtout de comprendre d'où venait cette odeur, lorsqu'ils se rappelèrent, en sursaut: les réchauds.
Ils s'enfuirent tous les deux vers la source de leur problème et ce qui aurait pu être le foyer d'un énorme brasier, ne leur empêchant pas pour autant de se lancer des piques des heures durant.

Rey, qui s'était depuis bien engouffrée dans les monts de Tokmia, avait l'effrayante sensation qu'elle allait revivre la même nuit que la vieille.
Une fois encore le soleil tombait, le vent se levait et son corps était gelé. La jeune femme sentait ses mains faiblir, parfois la lâcher dès qu'elle s'accrochait aux parois des montagnes, elle ne sentait plus vraiment non plus où elle marchait. Sous le ciel orangé, elle s'était résignée à changer d'objectif, elle devait trouver un abri. Ben avait pu la sauver la veille, pour autant Rey, mais surtout son ego, ne souhaitait pas que cela devienne une habitude et puis, elle était gênée, rien qu'à penser de ce qu'il pourrait se dire, se passer s'ils se reverraient.
Ses ruminations furent chassées en un éclair lorsqu'elle entre-aperçût une faille, suffisamment épaisse pour qu'elle puisse s'y glisser.
L'ex pilleuse d'épave, encore souple et agile, bien qu'un peu rouillée par le gel ne prit pas beaucoup de temps pour la rejoindre, se rendant compte, une fois devant, que la faille était bien plus fine et exiguë que ce qu'on aurait pu croire quelques mètres plus loins. Rey passa donc un bras, tâtonnant le long de la roche, étonnamment lisse, pour voir s'il y avait bien quelque chose, une grotte, un abri, de l'autre côté, elle craignait aussi quelque peu de rester coincée. Elle réfléchit, encore un peu, observant, calculant à vue d'œil avant d'y passer une jambe et son bras jusqu'à se glisser complètement dans le flanc de la montagne. À peine quelques mètres de fait que Rey avait déjà la sensation d'être étouffée à devoir ainsi se glisser, sentant parfois ses vêtements gratter et s'accrocher contre des morceaux de roches aiguisées. Et elle qui regardait la sortie de son drôle d'abri s'éloigner petit à petit ne prit pas gare à où elle mettait les pieds, qui plus est, l'espace était trop réduit pour qu'elle puisse ne serait-ce que tourner la tête, alors Rey fut prise par surprise, son pied se posa dans le vide et son corps entier suivit bien vite. Son corps fut soudainement libéré de sa prison de roche et Rey eut à peine le temps de crier, prise par surprise, qu'elle dévala une pente dans le noir total.
Heureusement pour elle la glissade ne fut pas longue et très peu douloureuse, Rey fut juste un poil sonnée et désorientée par ses roulés-boulés hors... quand elle se releva, la force qui émanait de ce lieu fut si vive et puissante qu'elle cloua instantanément l'apprenti Jedi à terre. Elle s'était sentie soudainement si vertigineuse, nauséeuse, la force était entrée dans ses entrailles et cognait fort dans son cœur et ses tempes, tellement fort qu'elle se mît a saigner du nez. Et ça n'était ni de l'obscurité, ni de la lumière, c'était brutal et sauvage mais surtout, puissant.
Rey mit un certain temps à s'accommoder à cette sensation et lorsqu'elle leva la tête, elle ne put se retenir de sourire, émerveillée et fière, fière d'elle.
Devant la pilleuse d'épave se trouvait ce qu'elle convoitait tant: des cristaux Kyber. Et il n'y avait nul doute qu'elle était au bon endroit, les parois reflétaient par endroit le scintillement de centaines de cristaux dans un dédale qui semblait sans fin, strié de glaces et de roches tellement lisses qu'on pouvait se regarder dedans, comme dans un miroir.
Rey tituba, encore un peu assommée par sa chute et la puissance écrasante du lieu. Elle devait se fier à son instinct, et puis de toute manière, elle n'avait que ça, elle ne se demanda même pas comment elle allait ressortir d'ici, la jeune femme marchait droit devant elle comme un robot, prenant le temps d'observer, d'apprécier, se laissant transporter de plus en plus loin en regardant la myriade de cristaux scintillants autour d'elle.
Rey avança donc, de quelques mètres à pas feutrés, glissant sur le sol.
Elle observait, analysait et se demandait comment elle allait faire pour trouver le Cristal Kyber dont elle avait besoin.
La jeune femme s'arrêta, remarquant l'un des cristaux qui luisait particulièrement, se détachant de la lumière neutre des autres. Un peu à l'aveugle et sans réfléchir Rey s'en approcha, le toucha du bout des doigts, un peu méfiante, comme si le minerais allait s'animer ou la brûler... mais rien, il était froid, elle hésita un moment et puis finalement, tira d'un coup sec, arrachant le cristal. Elle pensait que le tour était joué que c'était tout ce dont elle avait besoin, bien naïvement, puisque la belle roche lumineuse et étincelante perdit, en une fraction de secondes, toute sa couleur et son éclat. Rey assista à la mort du Cristal effarée, le lâchant même par réflexe et par surprise.
Bientôt il n'y avait par terre qu'un caillou sombre et fade qui laissa Rey perplexe. Et puis... elle se vit à nouveau, feuilleter les pages des anciens textes Jedis et lire et répéter cette phrase dans sa tête: "chaque Cristal est unique, doté d'une énergie à part entière, une part de vie, il est celui qui choisit son possesseur".
Rey se sentit presque bête, comment avait elle pu oublier ça, elle ne devait pas trouver un cristal, elle devait trouver SON cristal, et pour cela, elle devait se fier à la force, elle l'avait déjà amenée ici et elle l'amènera à l'objet unique qu'elle convoite. Il suffit de respirer, se concentrer, et se laisser porter, pas à pas. Rey se remit en quête de son cristal, l'âme légère, avançant droit devant elle sans s'attarder sur les cristaux autour d'elle... elle sentira quand elle l'aura trouvé.

Star-crossed souls, part 1: SunsetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant