𝐼𝑛𝑡𝑒𝑟𝑙𝑢𝑑𝑒 𝐼𝐼

464 50 87
                                    

Yoongi était né un instrument de musique entre les mains.

Ses parents, proches des Kim du fait de leur talent, s'étaient vu offrir la possibilité de résider au Palais à condition de jouer un morceau lors de grands événements. Souvent, l'envie d'entendre du piano et la magnifique voix de Tzuyu se faisaient également ressentir dans les entrailles des nobles, il fallait donc les avoir à proximité. Avec leur accord, un contrat a été signé.

Les contrats...

Une chose que Kang-Dae adorait de son vivant.

Il y en avait eu pour tout le monde : pour Hyunae, pour les gouvernantes, pour chaque homme de la garde impériale, pour Jungkook, pour Yoongi, pour ses géniteurs.

À douze ans, la mort les lui avait arrachés : sa mère en première, puis très rapidement, son père avait suivi le même chemin. Il fut alors perçu comme le prodige au piano sans comprendre la peine qu'il ressentait après chaque note qu'il jouait. Les souvenirs tuaient, en commençant par ceux de son paternel qui lui avait tout enseigné, puis de Tzuyu, qu'il n'avait jamais pu rendre fier.

Yoongi n'aimait pas chanter. Il composait à la perfection, avait gribouillé quelques textes pour s'essayer à la chanson, mais ce n'était pas ça qui le faisait vibrer, il n'y avait que le piano qui lui provoquait cette sensation.

Il était passionné. Un passionné qui, de ses doigts, donnait vie à tout ce qu'on lui ordonnait de créer. Mais il n'y avait que dans l'obscurité de sa pièce qu'il pouvait réellement se lâcher. La musique filait, s'amusait, pleurait, criait, hurlait, s'aimait, s'échappait. Lorsqu'il était seul, sa détresse naissait.

Puisque Yoongi était comme ça, seul.

Plus âgé que Taehyung, le pianiste l'avait vu grandir. Il était déjà présent au moment où Jungkook a fait son arrivée. Il était également là quand Jimin a été choisi. Mais lui, il n'avait jamais été choisi.

Tu es bizarre, lui disait le futur Empereur, au même rythme que ces "je ne veux pas être avec toi !" .

Yoongi n'était pas comme les autres enfants : il était blond. Une teinte impossible à obtenir pour son peuple. Son père provenait d'ailleurs, de l'extérieur du pays. Encore un de ces hommes venus dans l'espoir de conquérir le royaume tout entier. Malencontreusement tombé pour Tzuyu, elle portait le nom de Min, une lignée de nobles reconnus pour leur savoir en art de la musique. Cet envahisseur resta donc, quittant tout pour vivre ici, abandonnant ce qu'il avait construit chez lui, même sa propre famille. Il apprit sur le tas la lecture des notes, l'exécution des touches, améliorant son oreille jusqu'à finir par composer. Lors du mariage, l'étranger devint Min, emportant le dernier souvenir de sa patrie. Son nom à lui parti aux oubliettes.

De cet homme, Yoongi n'osait prononcer son dénominatif.

Des sueurs froides envers ce géniteur qui l'avait tant aimé, tout donné, accordant une attention particulière aux règles et codes de la société, mais qui, malgré tout, avait provoqué cette solitude. Il n'avait eu aucun ami. Jamais. Et les deux seuls enfants qu'il avait pu approcher ne voulaient pas de lui. Jungkook, le cœur pur, avait plusieurs fois tenté de lui parler. Tellement d'innocence dans ses yeux brillants. Mais Taehyung venait, empoignait la main de son futur garde pour l'emmener loin de lui, un dernier coup d'œil rempli d'excuses et de controverses. Souvent, le pianiste les fixait à l'écart, les suivait dans le labyrinthe tout en gardant ses distances. Ne pas se faire repérer, juste écouter.

Parce que comme personne ne prenait la peine d'être à ses côtés, il s'était alors mis à observer.

Et, oui, il avait vu les sourires entre les deux garçons. Il avait découvert les regards entre l'Empereur et Jimin. Il avait aperçu la façon dont Taehyung avait accouru dans ces toilettes après que ce dernier lui ait demandé son chemin. Il avait remarqué comment les cheveux bruns de Jimin étaient en bataille et comment le souverain avait sa chemise mal arrangée à la fin. Il avait aussi repéré les larmes au coin des yeux du garde quand on lui avait ordonné de partir.

Impérial Chains | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant