𝟸𝟺. 𝐴𝑛𝑎𝑔𝑎𝑝𝑒𝑠𝑖𝑠

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Anagapesis, la perte des sentiments amoureux.

Soumis au doute et à la crainte d'être pris en plein péché, Jungkook s'efforçait d'oublier, de se convaincre que ce n'était en rien de l'amour. Il avait trouvé la paix en arrivant sans le vouloir dans ce village qui, au début, l'avait presque rejeté. Assommé, enfermé, attaché, dépouillé, il avait seulement espéré obtenir un lit pour dormir et un peu de nourriture pour survivre à l'hiver. Conséquence de son départ précipité. Mais rien de cela ne lui avait été offert, jusqu'à ce qu'il réussisse à faire ses preuves. Personne ne l'avait cru en se présentant, logique, n'est-ce pas ? Qui aurait pu croire que le garde attitré à l'Empereur oserait partir ? Comment est-ce que cette idée aurait pu juste traverser son esprit ? C'était absurde.

Pourtant, derrière tout cet or, cette richesse et les grandes paroles se cachent souvent une triste réalité.

Une solitude.

Un manque de reconnaissance.

Un respect irraisonné fait de courbette et de titre.

Se courber, baisser la tête, ne parler que lorsqu'on en est autorisé, peser les mots, se tenir droit, les épaules en arrière, faire attention à ses vêtements, ne pas être trop soi-même, maintenir les apparences, apporter la nourriture à sa bouche sans se pencher, assister aux bals mais ne pas être autorisé à danser, observer, juger, les mains dans le dos mais les doigts proches du katana, ne pas sourire, rester stoïque, faire attention, surveiller, protéger.

Il avait été endoctriné.

Et Taehyung s'était fait de plus en plus distant au fil que Jimin prenait de la place.

Sans même prévenir, du jour au lendemain, son Supérieur et ami d'enfance avait un Conseiller que Hoseok avait bien évidemment approuvé. Après un bal, Jimin s'était retrouvé à loger dans le Palais, avec sa propre chambre et ses propres appartements. Il avait fallu ensuite peu de temps avant que l'oncle de Taehyung ne quitte le Palais. Libéré de sa tâche depuis les quatorze ans du jeune Empereur, il n'avait pu se résoudre à quitter la Capitale définitivement, préférant attendre le couronnement officiel à la majorité de celui-ci. 

Inquiétude familiale ou bien quiétude sentimentale ?

Wooyoung et Hoseok étaient ensemble depuis trois ans, d'après les dires de ce dernier, sauf que rien ne prouvait la véracité de cette information. D'autant plus que les deux amants vivaient dans le danger, ils prenaient des risques à chaque fois qu'ils se voyaient, qu'ils osaient même se regarder dans les yeux.

L'amour ne trahit jamais dans le miroir de l'âme. 

Comment arrivaient-ils à supporter cela ? Le garde s'était senti étouffé dès qu'il avait compris ses sentiments, la seule présence de son Dirigeant lui provoquait un déchirement entre bonheur et affreuse torture. Son esprit vacillait entre ce qu'il voulait obtenir et ce qu'il ne pouvait obtenir. Trop de conflits intérieurs, superficiels mais profonds. L'amour n'était pas ce qui devait contrôler le destin, c'était les actes. Uniquement les actes. Mais impossible d'être impartial lorsque le cœur parle à la place de la tête. Inconscience et précipitation étaient ce qu'il devait éviter, et il avait marché en plein dedans lors du mariage. Jungkook était parti de l'estrade, s'éloignant de son devoir et du contrat. Regret, terrible tourment et impardonnable erreur. Il n'oublierait jamais. Taehyung était maintenant marqué à vie sur le cou. Un souvenir qui ne pourrait plus les quitter.

Comme pour se rappeler qu'il était interdit d'éprouver ce que le cœur envie.

La nature humaine nous pousse à ressentir de l'attirance envers un pair, c'est ainsi. Mais tomber amoureux d'une personne du même genre était-il vraiment ce qui était prévu à la naissance des Hommes ? Probablement pas. Adam et Ève en sont pourtant la preuve, un homme et une femme ne devant pas toucher au fruit défendu. Le serpent pousse à commettre un péché, il siffle en permanence dans nos oreilles. Si seulement on pouvait le faire taire. Pouvons-nous réellement être maître de nos choix ? La religion, nous permet-elle de rester dans le droit chemin ? Et si... et si pour une fois, on n'était pas obligé de la respecter ? Quitte à aller en enfer, autant le faire par amour, non ? Mais est-ce que souffrir une cinquantaine d'années était comparable à l'horreur qui nous attendait pour l'éternité ?

Impérial Chains | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant