𝟷𝟾. 𝐷𝑒𝑗𝑎 𝑉𝑢

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Jungkook faisait souvent ces mêmes cauchemars.

Le premier résultait d'une crainte, d'un mauvais pressentiment, d'une sensation de déjà vu alors qu'il ne l'avait jamais vécu.

Il y avait des pleurs, des cris, des flammes, du sang. Des enfants apeurés.

Des morts.

Beaucoup de morts.

Il se voyait lui-même périr dans la chaleur asphyxiante du gaz.

Voilà maintenant plusieurs années que ce rêve tournait en boucle. L'histoire se répétait. Quelques changements s'opéraient, parfois, reprenant des éléments passés dans sa journée. Taehyung s'amusait à y apparaître de temps à autre, lâchant un doux sourire avant de se jeter du haut de l'étage pour échapper au feu. Jungkook essayait de le rattraper, il l'appelait, hurlait son nom, prononçait des mots interdits, mais son crâne finissait toujours par s'écraser dans la neige, teintant ce blanc immaculé par du bordeaux. Il était enfermé dans ce cauchemar qui ne cessait de le torturer, le réveillant trempé de sueur, mourant de terreur, le cœur au bord des lèvres et l'estomac retourné.

Jungkook l'avait dessiné à maintes reprises, gravant dans son esprit les différentes scènes qui se déroulaient.

Et puis un jour, plus rien.

Le vide, le néant.

Il avait arrêté de voir ce monde brûler, remplacé par de nouvelles images bien trop douloureuses pour ne serait-ce qu'y penser.

Ses parents étaient la cause de la plupart de ses rêves agités.

Jimin avait raison : Jungkook était traumatisé.

Mais jamais il ne se l'avouerait. Jamais il oserait le dire à voix haute. Jamais il se permettrait de montrer qu'il souffrait, même lorsque les brûlures et les pleurs venaient le ronger dans la nuit.

Jungkook prenait cela comme de l'injustice : il n'avait rien fait pour subir les conséquences de ce qu'il ne pouvait contrôler. Depuis qu'il était né, il n'avait fait qu'essayer de survivre. Et le destin continuait à le détruire.

Cette sensation d'acharnement à son encontre se justifia une nouvelle fois lorsque le garde entendit au loin une cloche sonner, des pas précipités et des voix résonner dans la bâtisse. Il se leva brusquement du lit dans lequel il s'était précédemment assoupi. Bercé par le confort de l'endroit, Jungkook avait mis plusieurs secondes à réaliser que les bruits ne venaient pas de ses songes, mais bien du rez-de-chaussée. Tout en descendant, il entendit Yuna hurler son prénom dans un tremblement de peur qui le fit presser sa marche.

"Que se passe-t-il ?! S'enquit-il de demander, les sourcils froncés en voyant un homme qu'il ne connaissait pas devant la porte d'entrée ouverte, laissant un froid tétanisant rentrer à l'intérieur.

— Enfilez une veste et des chaussures. Un incendie s'est déclaré !

— Un incendie ? Répéta-t-il abasourdi.

— Jungkook ! Par pitié, ne discutez pas. Nous n'avons pas le temps !"

Elle le fixait avec des yeux remplis de peine et d'inquiétude, le suppliant de l'écouter et de se hâter. Jungkook hocha la tête, remonta, s'habilla d'un pull et d'un pantalon noir épais sorti de son sac, mis son manteau et enfila ses boots de combats. Devant la cage d'escalier, il fit demi-tour pour récupérer son katana qu'il accrocha à sa ceinture tout en revenant vers la jeune femme. Il ne le remarqua que maintenant, mais elle était déjà habillée, prête à partir. L'homme avait disparu, sûrement pour aider au village.

"J'ai donné à Seung les seaux que j'avais, ainsi que des torchons et du tissus en tout genre pouvant arrêter les flammes. Il y a du vent dehors, et malheureusement pour nous, la neige n'a pas envie de reprendre, si on ne fait pas vite, ce n'est pas une maison qui prendra feu, mais tout le village, informa-t-elle alors qu'elle éteignait les bougies au passage et accourait vers l'écurie pour réveiller les chevaux et les détacher. Vous avez dit que vous veniez en paix... et voilà qu'un incendie se déclare. Deux possibilités : soit le destin est contre vous, soit c'est vous, qui êtes contre nous."

Impérial Chains | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant