Crossed Games

Chapitre 13 : Trahison

Le trajet jusqu'à l'hôpital est interminable. Quand mon père stationne la voiture, je n'attends pas qu'il coupe le moteur pour descendre et je me met à sprinter jusqu'au bâtiment, en ignorant ma mère m'appeler derrière moi. J'arrive à l'accueil et la secrétaire me dévisage avec un air inquiet. Elle comprend que c'est urgent. Je lui demande donc le nom de ma grand-mère.

- La chambre de Mme Lane s'il vous plaît !

La femme, derrière son ordinateur s'active pendant plusieurs secondes. Elle fini par me répondre.

- Chambre 203 au deuxième étage.

- Merci.

Je me précipite vers l'ascenseur suivie de mes parents et presse le bouton menant au deuxième étage. Un ding retenti dans la boite de métal. Les portes s'ouvrent à peine que je sors et commence à chercher le numéro de la chambre. Lorsque j'arrive devant celle-ci je m'apprête à frapper mais je retiens mon poing en l'air. Puis, après une grande inspiration, je toque doucement.

J'ouvre la porte et pénètre dans la chambre. Je voix d'abord le pied du lit. Je m'avance un peu plus et vois enfin ma grand-mère allongée dans son lit d'hopital, les yeux clos. Plein d'appareils sont disposés autour d'elle. Je la regarde, les larmes aux yeux et commence à lui parler même si je sais qu'elle ne peut pas me répondre. J'espere au moins qu'elle peut m'entendre. Je m'excuse de ne pas avoir été là pour elle.

À cet instant, mes parents déboulent dans la chambre. Ma mère, les joues luisante à cause des larmes et mon père, le visage remplis d'inquiétude. Je me précipite vers eux et les serrent fort. Une femme arrive avec sa blouse blanche et son callepin.

- Bonjour messieurs dames. Je suis le docteur Sean. C'est moi qui ai pris en charge madame Lane après son accident. Comme vous le savez, son état est critique d'où son coma. Néanmoins, elle va mieux que lorsqu'elle est arrivée ici. Sachez que nous feront tout notre possible pour la garder en vie.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, le docteur quitte la chambre et nous restons là, tous les trois à regarder ma grand-mère s'accrochant à la vie.

~

Il est 22h34. On est rentrés de l'hôpital vers une heure de l'après-midi. Je n'ai pas mangé et je suis montée directement dans ma chambre. Je me suis couchée et j'ai fini par m'endormir. J'ai été réveillée par ma mère le lendemain, les yeux encore gonflés, qui m'indiquait qu'elle allait faire quelques courses. Je suis donc descendue pour grignoter quelque chose. J'ai cherché mon père, et après une vérification dans le garage, j'ai compris qu'il était lui aussi parti. J'était donc seule chez moi.

J'ai pris mon téléphone et j'ai commencé à regarder mes notifications. La plupart étaient inutiles. Je me rendis compte que j'avais 3 appels manqués d'Ugo et une quinzaines de messages de sa part. Il m'a demandé si j'étais bien rentrée, si ça allait. Ses autres messages étaient du même genre. Je lui ai répondu honnêtement mais sans trop détailler. Je suis ensuite partie m'installer dans le canapé. J'ai continué ma série américaine sur le basket jusqu'à ce que mes parents rentrent. On a mangé et je suis montée dans ma chambre.

Cela fais donc presque 2h que je suis là, à scroller sur TikTok. Ugo m'a répondu il y a quelques minutes que si je voulais, je pouvais passer chez lui quand je le souhaitais et qu'il était là pour moi. Je l'aime ce garçon.
Je fini par m'endormir, fatiguée de cette journée forte en émotion.

~

- Emma, oublie pas on a entraînement
plus tôt aujourd'hui parce que les cheerleader seront avec nous.

- Louise, t'inquiète pas j'ai pas oublié ce détail.

Je ferme mon casier et me dirige vers ma salle d'espagnol. Malgré le fait qu'on va s'entraîner avec Léa et son équipe, j'ai quand même hâte d'être sur le terrain.

Cela fait une semaine que j'ai appris pour l'accident de ma grand-mère. Je vais donc la voir tous les jours, ou du moins j'essaye. Elle ne s'est toujours pas réveillée. C'est vrai que je paraît aller bien avec mes amies. C'est faux évidemment. Je m'inquiète tout le temps et j'espère qu'à chaque fois que je vais la voir, elle sera réveillée. Bien sûr, c'est trop beau pour être vrai. Seul Ugo est au courant pour ce qu'il s'est passé. Et il est là pour moi.

- Señorita Moreau ¿ puede responder a la pregunta ? (Mademoiselle Moreau, pouvez vous répondre à la question ?)

Je sors de ma rêverie lorsque le prof est devant moi, les bras derrière le dos. La classe entière me dévisage et je peux voir Léa ricanner avec sa copine. Je regarde Louise à côté de moi pour qu'elle puisse m'aider. Elle me montre le manuel. Je comprends où elle veut en venir. Je me lance donc hésitante.

- La imagen es un mensaje ? (l'image est un message ?)

La classe se met alors à exploser de rire. C'était prévisible que je me trompe.

- Mademoiselle Moreau, la prochaine fois vous écouterez le cours. Peut-être que vous répondrez dans la thématique de la leçon.

Je baisse les yeux, cramoisie, sentant tous les regards braqués sur moi. Je regarde alors Louise et je sens de la compation dans ses yeux. Je regarde ensuite le manuel et me rends compte que je n'avais pas regardé le manuel mais mon cahier ouvert avec mes ancien cours. Je comprends alors pourquoi j'étais hors sujet.

Après cette matinée catastrophique, on peut le dire, l'entraînement commence enfin. J'arrive dans le gymnase presque vide. Seules quelques chearleeder sont là avec leurs pompoms en train de bavarder. Je prends alors un ballon et commence à m'échauffer. Puis j'entends la porte du gymnase, celle qui donne l'accès au public, s'ouvrir. C'est là que je le vois arriver, son sac de cours à la main. Ugo.
Un sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'il m'aperçois et je ne peut m'empêcher de faire de même. Je m'approche donc de lui pour venir l'enlacer.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? je demande

- Bah je suis venue encourager ma copine. Sachant en plus que la fille qu'elle déteste s'entraîne avec elle, je me devait d'être là pour la soutenir.

Il est mignon. Il est venu exprès pour moi.

L'entraînement commence et nous travaillons comme d'habitude. Les cheerleaders aussi s'entraînent de leur côté. Je pensais qu'on allait travailler avec elles mais non, elles sont juste là pour répéter leur chorée. Tant mieux.

Deux heures plus tard, je cours aux vestiaires pour pouvoir ensuite rejoindre Ugo. Une fois lavée, séchée et habillée, je sors. Je cherche dans les environs mais je ne vois mon copain nulle part. Je retourne donc aux vestiaires.

- Les filles vous auriez pas vu Ugo par hasard ?

- Je l'ai vu dans le gymnase pendant l'entraînement mais c'est tout, répond Marie.

- OK, merci quand même.

Je ressors et continue de le chercher. Je décide donc d'aller jeter un œil dans le gymnase. C'est là que je le vois. Il parle avec quelqu'un. Je m'approche pour aller le voir mais mon cœur se serre quand je me rends compte qu'il s'agit de Léa. Elle est très proche de lui. Trop proche. Mon cœur tambourine fort dans ma poitrine. Dites-moi que je rêve. Elle lui prend la joue avec sa main. Non pas ça non. Pas maintenant. Pas Ugo. Leurs visages ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Elle finis par rompre l'espace qu'il y a entre eux et moi, mon cœur se brise en mille morceaux.