Ma mère n'a pas le temps de m'expliquer la raison de notre départ précipité, qu'elle est déjà dans la voiture lorsque je sors des vestiaires avec mon sac. Je crois savoir de quoi il s'agit et je dois avouer que ça commence à me faire peur. Mon cœur bat vite, non seulement à cause de ma course mais aussi à cause de la panique. Je ferme la portière de la voiture et la seconde d'après ma mère démarre sur chapeaux de roues, mon père à côté d'elle.
Je ne reconnais que trop bien cette route et mes pensées ne font que se confirmer.
Je l'ai vue hier. Elle était en forme, même si sa tumeur grossit et la tue de plus en plus. Elle trouve toujours le moyen de montrer qu'elle va bien. J'ai peur que, lorsque je vais rentrer dans la chambre d'hôpital, ma grand-mère soit déjà partie. Peut-être que je m'inquiète pour rien et qu'au final elle va mieux. Mais les mines de mes parents prouvent le contraire.
Une fois sur le parking, c'est le même scénario qu'à chaque fois. J'arrive dans le hall et cette fois je me précipite, non pas vers l'ascenseur mais vers les escaliers. J'entends mes parents m'appeler derrière moi mais je les ignore et continue ma course. Je monte les marches trois à trois jusqu'à en perdre haleine. J'arrive finalement au deuxième étage et je me dépêche de trouver la chambre de ma grand-mère. Lorsque j'aperçois la porte, je me rend compte qu'elle est ouverte.
Ce n'est pas normal.
J'entre alors et j'ai la mauvaise surprise de découvrir qu'elle est vide. Paniquée je me retourne et aperçois mon père, seul avec moi.
- Ils l'ont transférée en réanimation ma puce, m'explique-t-il essoufflé lui aussi, Elle a fait un arrêt cardiaque il y a une heure. On a essayé de te le dire mais tu ne nous a pas attendus. Elle est au premier.
Bordel. Elle est en réanimation. En putain de réanimation.
Je suis mon père qui se redirige vers les escaliers et nous nous dirigeons dans la zone dans laquelle ma grand-mère se trouve. On interpelle un infirmier qui nous indique où aller. Nous le remercions et nous finissons par trouver la pièce en question.
Lorsque j'arrive dans la chambre, je vois ma mère, les yeux baignés de larmes à côté de sa mère, branchée à tout un tas d'appareils, indiquant son puissance respiratoire et son rythme cardiaque. Elle est encore en vie.
Mais plus pour longtemps.
Je me giffle de l'intérieur pour avoir osé pensé ça et je rejoins ma mère, au chevet de la sienne. Je ne pleure pas. Pas encore. Tant que ma grand-mère est en vie, je garde l'espoir qu'elle puisse surmonter sa maladie.
Tu te voile la face Emma.
Ma grand-mère est réveillée, mais je vois qu'elle s'accroche de toutes ses forces.
- Ma caille, articule-t-elle, tu es là. Je voulais te voir, avant de devoir rejoindre ton grand-père.
- Mamie ne dit pas ça, je commence à sanglotter.
- Il le faudra bien un jour Emma. Alors ce match ?
Je lâche un petit hoquet de surprise et un petit sourire triste se dessine sur mon visage. Elle s'est souvenue que j'avais un match aujourd'hui.
- On a gagné. On va aller en finale, je lui confie.
- C'est super ça ma caille. Je suis très fière de toi. Je l'ai toujours été, et je le serais toujours. Même de là haut.
Cette phrase me déchire le cœur. Je ne veux pas qu'elle parte. Pas maintenant.
- Tu sais ma caille, j'aurais beaucoup aimé pouvoir rencontrer ton Ugo.
- Je sais mamie. J'aurai aimé aussi ma-
- Il n'est pas trop tard, j'entends derrière moi.
Je me retourne et je vois Ugo, sur le pas de la porte, un bouquet de fleurs à la main.
Des roses.
- Je l'ai appelé, me confie mon père, Je savais que tu aurais besoin de lui et que ta grand-mère voulais le rencontrer.
Les larmes aux yeux je serre mon père dans mes bras, pour le remercier. Puis ensuite c'est Ugo que j'enlace. Il me carresse le dos et me murmure que tout ira bien.
- Ugo, appelle ma grand-mère, vient voir mon grand. Approche que je puisse te voir.
Il s'exécute sans rien dire. Un peu gêné.
- Bonjour madame, lâche-t-il enfin, je suis ravi de vous rencontrez. Emma m'a beaucoup parlé de vous.
- C'est moi qui suis enchantée. Elle m'a beaucoup parlé de toi aussi. Tu as vraiment l'air d'être un garçon génial. Alors je compte sur toi pour rendre heureuse ma petite fille, le plus longtemps possible. Fais moi cette promesse, s'il te plaît.
- Je vous le promet.
Il se lève, s'ecarte du lit de ma grand-mère, embrasse ma tempe et m'indique qu'il va m'attendre dehors.
Je regarde ma grand-mère et je vois qu'elle est maintenant apaisée. Je sais que c'est la fin. Elle va partir. En paix. Je suis heureuse qu'elle puisse enfin avoir le repos éternel. Mais égoïstement, j'ai envie qu'elle reste.
Car qui sait ce qui arrivera entre Ugo et moi, je n'aurai plus de soutient. Plus de pillier avec moi. Elle était mon tout. Alors je profite de ces dernières minutes, car je sais que je n'aurai pas d'autres occasions de la revoir avant longtemps. Elle va me manquer. Terriblement me manquer.
- Emma, souffle-t-elle, n'oublie pas, de ne jamais abandonner même quand c'est trop dur. Ne baisse jamais les bras mon petit phénix. Je t'aime de tout mon coeur.
- Je t'aime aussi mamie. Je te le promet. Jamais je ne baisserai les bras. Jamais.
Je me penche alors pour l'embrasser sur le front et lorsque je me relève une larme coule le long de sa joue. Puis le son de l'appareil branché à elle devient continu.
Elle est partie.
Je pleure sans m'arrêter dans les bras de mes parents. Je tiens toujours la main de ma grand-mère et la pression qui était encore présente il y a quelques secondes, n'est à présent qu'un nouveau souvenir.
Elle nous a quitté.
Mes parents pleurent aussi. Ma mère très fort. Je la serre dans mes bras et tout comme mon père tous les trois, nous sommes enlancés en train de pleurer ma grand-mère.
Elle s'est envolée.
Je pleure jusqu'à ne plus avoir d'eau dans mon corps. Je pleure toute mon âme. Parce que, c'est une partie de moi qui vient de disparaître.
Et ce, pour toujours.
VOUS LISEZ
Crossed Games
Teen FictionEmma joue au basketball depuis toujours. Lorsqu'elle arrive dans son nouveau lycée, elle devient la cible numéro une d'une des cheerleaders. Surtout quand le capitaine des basketteurs la remarque. Des tensions vont se créer jusqu'au jour où Emma va...