Crossed Games

Chapitre 41 : Pour toi. Je t'aime

Ugo

Les filles sortent enfin du vestiaire et avancent sur le terrain, Emma toujours en tête.
Lorsque les deux équipes sont en place, l'arbitre siffle et la troisième période de ce match commence.

Les filles ont repris de l'énergie et elles arrivent à remonter leur score, malgré les paniers que l'équipe adverse arrive à marquer. Quelques lancers francs ont lieu des deux côtés et la plupart sont réussis. À un moment, une de nos joueuses pousse malencontreusement une adversaire. Elle se foule la cheville avant de retomber violemment à terre. Elle sort du terrain et, Chloé il me semble, se prend une pénalité.

Le troisième quart temps fini assez rapidement avec des scores plus ou moins équilibrés. L'équipe adverse mène toujours la danse avec 23 au score contre 16 pour nous. On a beaucoup d'écart, mais cette fois les filles sont moins épuisées que lors de la deuxième période.

Notre équipe se dirige vers les bancs pour rejoindre le reste des joueuses et discuter de la stratégie finale du match. Le stress se montre maintenant énorme. Je le vois à la mère d'Emma située à côté de moi. Elle se ronge les ongles et bouge frénétiquement le genou.

- Ne vous inquiétez pas madame, je tente de la rassurer, Emma sait ce qu'elle fait. Elle tient ce talent de son père. Elle va faire remonter la pente à son équipe.

Elle me sourit et répond.

- Je sais Ugo, merci pour ton soutient. J'ai confiance, elle va y arriver. Mais c'est plus fort que moi.

Elle met un terme à notre discussion et je vois qu'elle dirige son regard non pas vers sa fille mais vers les grand miroirs situé en hauteur. Je sais qu'il y a une salle là haut où des personnes importantes peuvent parfois venir. Je me doute donc que son mari s'y trouve. Elle saisit son téléphone et tapotte un message sur l'écran. Un léger sourire étire ses lèvres et je suppose que M. Trent lui a envoyé un message pour la rassurer.

Mes pensées sont interrompues par l'arbitre qui siffle la fin de la pause. J'entends notre hymne provenir des filles. Elles se séparent ensuite et la moitié d'entre elles vont sur le terrain. Sauf Emma.

Attendez quoi ?

Emma

J'ai décidé de ne pas jouer le début du derniers quart temps. Je fais confiance à mon équipe pour ralentir la pente. Après le discours que je viens de leur taper, j'ai vu dans chacun de leurs regards qu'elles avaient confiance. J'ai choisi de laisser Célia, Cassandre, Lucie, Jade et Agathe sur le terrain. Louise à mes côtés s'agite sur le banc lorsque l'arbitre siffle le début de la dernière et ultime période.

- Comment tu te sens ? m'interroge-t-elle

- Sereine. Je ne saurai pas te dire pourquoi mais, je sens bien cette fin de match. J'ai confiance en elles. Je sais qu'elle vont y arriver.

Ma réponse semble lui convenir puisqu'elle hoche la tête sans rien ajouter.

Les filles ont réussi à remonter les points sans laisser nos adversaire marquer un seul panier. Un lancer franc leur a été accordé mais un seul panier est rentré. Les scores sont remontés à 20 contre 23.

On va y arriver.

Leur joie s'est vite évaporée quand Victoire, à marqué deux paniers en quelques secondes seulement. Je vois les filles commencer à paniquer. Je décide de sortir Célia, histoire qu'elle se pose un peu et je rentre à sa place.

- Allez capitaine, me glisse-t-elle lorsque je passe à côté d'elle.

Je prends vite ma place et aide les filles à se ressaisir. Il ne reste que trois minutes.

Trois minutes pour marquer quatres paniers sans en laisser passer aucun. Mon retour sur le terrain semble déstabiliser certaines joueuses car nous gagnons de l'avantage, sur une courte durée malheureusement. Jade a réussi à marquer un panier, redressant les scores de 22 à 27.

- Allez les filles, je beugle

J'arrive à réceptionner la balle. Je regarde autour de moi. Toutes mes joueuses sont démarquées mais elles sont toutes trop proche d'une adversaire. Je prends les devant et marque un panier.

24-27

Mes coéquipières arrivent à se dégager et Lucie tire à son tour.

26-27
Un seul point.

Nous repartons dans notre côté de terrain, quelques secondes restant au compteur. Pendant ma course, je sens qu'on me fait un croche pied. Je m'étale de tout mon long et quand je relève la tête, je vois un très mauvais rictus sur les lèvres de Victoire.

Mais ce n'est pas elle qui m'a fait tombée.
C'est Manon. Son sourire n'affiche que haine mais je vois dans son regard qu'elle regrette.

Je me remets sur mes pieds et sous les ordres de l'arbitre, je me met face au panier pour mon lancer franc.

Ugo

J'ai vu Emma tomber, je me suis levé. J'ai eu peur qu'elle ne se blesse. Mais quand j'ai vu son regard en direction de celle qui l'a fait tombée, elle avait l'air troublée. Comme si elle ne s'attendais pas à voir cette personne derrière elle, responsable de sa chute. Elle s'est relevée et s'est positionnée devant le panier, s'apprêtant à tirer.

Emma

Je suis certaine que Victoire a voulu que ce soit Manon qui me fasse tomber. Pour me perturber. Mais au contraire, cela me donne la niaque pour mettre ces foutus paniers et remporter le match.

Je pense alors à ma grand-mère. Je lui ai promis de ne jamais baisser les bras, et ce matin, de remporter ce championnat. Alors pour ma grand-mère, je me concentre et tire.

Un brouhaha se forme autour de moi mais je l'ignore. Je me reconcentre, sans même savoir si le ballon est rentré. Je ne laisse rien me distraire. Je me concentre sur le panier que je dois mettre. Je regarde alors dans les tribune et y trouve le regard de ma mère et celui de mon copain. Ma mère croise ses doigts. Ugo a le regard fixé sur moi.

Ce regard. Il me rappelle celui que j'ai vu quelques mois plus tôt quand je suis arrivée au lycée. Ce regard qui s'est baladé sur mon corps, démuni de tissus. Ce regard qui m'a fait gagné un match il y a quelques semaines.

Je me reconcentre sur le panier situé au dessus de moi. Je fais rebondir le ballon à mes pieds. Je m'en empare à nouveau et souffle un bon coup.

Pour toi mamie. Ma colombe. Ma rose. Je suis ton phénix.

Un dernier souffle.

Je saute.

Et je tire.

Un long silence sourd se fait autour de moi. Puis je me sens bousculée. Je regarde autour de moi. Le public constituant nos familles est debout en train de crier. Les cheerleaders agitent leurs pompons en criant également. Je regarde mes coéquipières, elles se précipitent sur moi et toute ensemble nous crions et nous sautons. Louise est avec nous et malgré sa cheville, elle s'agite aussi. Le coach est également à nos côtés.

L'euphorie est énorme dans le gymnase. Je sais mon père content et tout aussi fier que ma mère dans les gradins. Je croise ensuite le regard de mon copain. Il sourit, fièrement.

On a gagné.

Je n'en reviens pas. On a gagné ce foutu championnat. On a gagné la finale. Un homme en costume s'approche et nous apporte le trophée. Avec toutes les filles nous le saisissons et nous le brandissons devant nous, face au public. Il crie de nouveau, en nous applaudissant.

Nous avons gagné. Nous n'avons pas abandonné. Nos bras ne se sont pas baissés. Les phénix en nous se sont réveillés. Ils ont brûlé si fort qu'il nous ont rapporté la victoire.

Je pense enfin à ma grand-mère.

C'était pour toi mamie. J'ai gagné pour toi. Je sais que tu es fière de là où tu es. Repose en paix.

Je t'aime.