Chapitre 21 : Pardon, pardon, pardon

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Depuis la fin du match, c'est l'euphorie dans les vestiaires. Les filles ont toutes le sourire et moi aussi. Je sors de la douche et me dirige vers mon casier. Oui nos vestiaires sont équipés de casiers et heureusement car dans mon ancien lycée, il y avait toujours des vols.

J'ouvre la porte et attrape mes vêtements. Je m'habille et me dirige au niveau des lavabos pour observer mon reflet dans le miroir. Je passe une main sur la glace pour enlever la buée qui s'est formée à cause des douches. J'organise mes cheveux avec ma brosse mais les laisse sécher à l'air libre. Il fait assez chaud pour que je me le permette. Je récupère mes affaires dans mon casier, salue les filles et sors du vestiaire.

Lorsque la porte se referme derrière moi, mes yeux se posent sur Ugo, adossé au mur, le regards plongé dans le miens.

Il m'attendait

J'ai un mouvement de recul lorsque je le voit qui s'avance. J'avais oublié a quel point il était grand. Il se tient maintenant a quelques centimètres de moi ce qui m'oblige à pencher la tête en arrière. Je lève un sourcil en guise de questionnement.

- T'as bien joué, finit-il par lâcher

- Merci, je réponds

Silence.

Je commence à reprendre mon chemin pour rejoindre ma mère qui m'attends sûrement sur le parking, mais j'ai à peine le temps de faire un mètre qu'il m'attrape par le coude pour me coller à lui. Son souffle me parvient sur le visage. Chaud et réconfortant. Comme dans mes souvenirs. Ça serait mentir de dire qu'il ne m'a pas manqué.

- Qu'est-ce que tu veux Ugo ? je reprends sur un ton plein de faux reproches

- Une réponse Emma, réplique-t-il sur la même intonation, parce que pour rappel, je suis toujours avec un « je réfléchis » qui dure depuis un moment déjà.

Je souffle. Je suis toujours en colère mais pas seulement contre lui. Léa en est en grande partie responsable. D'un côté, j'ai envie de tout plaquer et de lui tourner le dos. Mais d'un autre, je veux lui laisser une seconde chance car, ce n'est clairement pas sa faute. Et je l'aime. Je finis par souffler.

- Je ne sais pas Ugo. Je suis perdue. Tout est flou dans ma tête. Je sais que ce n'est pas de ta faute et j'en ai conscience, sache-le. Mais tu comprends, je ne sais pas quoi faire.

- Non justement je ne comprends pas ! Ça fais des jours que tu m'ignores, tu ne me parles pas, ne réponds pas à mes appels. Au début, je pouvais comprendre, tu m'en voulais et c'était totalement logique. Mais depuis qu'on a parlé, tu es comme un fantôme, comme-ci tu n'en avais rien à faire de ce que je t'ai dit ou de moi.

- Mais non ! je hurle, Je n'en ai pas rien à faire ! Putain Ugo j'avais peur ! Tu peux comprendre ça ?

Ma voix commence à trembler mais je continue malgré tout.

- J'avais peur ! De toi, de Léa, des autres. C'est vrai quoi, après tout je ne suis que la petite nouvelle qui s'est faite trompée par le capitaine de l'équipe de basket et remise à sa place par la fille la plus populaire du lycée. Je ne suis rien moi ! Donc tu vois pourquoi j'avais peur ? Peur du regard des autres. Parce que tu me connais Ugo et tu sais que je ne m'en soucie jamais. Mais là c'était plus fort que moi. Parce que je t'aime putain Ugo ! Et me faire humilier comme ça, c'est beaucoup trop à supporter. Donc je suis désolée si je t'ai fait patienter longtemps. Mais tu vois, j'étais perdue, complètement paumée.

Lorsque j'ai fini de lâcher ce que j'avais sur le cœur, un silence s'est installé entre nous. J'étais essoufflée par ma tirade. Ugo m'a regardée avec de grands yeux et je voyais l'inquiétude et la peur dans son regard.

Une première larme à perlée sur ma joue. Puis une deuxième. Et j'ai fini par craquer. Cette partie là de moi n'avais jamais éclaté auparavant et je n'en avait parlé à personne. Pas même à ma mère ou à Célia. Ugo s'est approché de moi et m'a prise dans ses bras. Je me suis accrochée à son cou et j'ai pleuré pendant bien deux minutes. Son pull était trempé mais je m'en fichais. J'étais dans ses bras et c'était le plus important.

Depuis des semaines, je ne rêvais que de ça. De retrouver Ugo. Mon Ugo. Celui que j'ai rencontré le jour de la rentrée. Celui qui m'a gueulé dessus pendant le premier entraînement. Celui qui me raccompagne chez moi dans sa voiture. Celui qui m'encourage à chacun de mes matchs. Celui qui m'attends à la sortie des vestiaires. Tout simplement Ugo !

Le simple fait qu'il soit là, au moment où j'ai besoin de lui, quand je suis au plus bas, me fait tellement de bien. Et Je prends conscience que j'ai de la chance car ce ne sont pas tous les garçons qui sont comme ça. Là pour leur copines. Pour les réconforter.

Une fois mes sanglots et mes tremblements calmés je m'éloigne un peu de lui et le regarde dans les yeux. Un sourire timide se forme sur mon visage. Je finis par murmurer.

- Je te pardonne Ugo

Il lâche une soupir de soulagement et il me susurre à son tour.

- Je t'aime Emma !

Ces paroles je les ai déjà entendues des tas de fois venant de lui. Mais là, c'est comme un énorme poids en moins dans ma poitrine. J'ai l'impression d'être beaucoup plus légère et d'un coup, je me sens mieux.

- Je t'aime aussi Ugo !

Et pour la première fois depuis des semaines, je goutte à ses lèvres sucrées que j'attendais plus que tout.

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