Chapitre 39 : Retrouvailles inattendues

54 0 0
                                    

Notre dernier entraînement était hier. Nous avons élaboré une stratégie de sorte que nous ne soyons pas surprise lors de notre match. Mon père, comme promis, était présent et il nous a donné des derniers conseils pour être bien prête pour aujourd'hui. On peut dire qu'on a eu de la chance d'avoir pu s'entraîner la veille de notre grand jour.

Nous sommes toutes devant le lycée avec les filles, attendant les retardataires. La journée est
bien entamée et j'ai mangé léger à midi, mais suffisamment pour avoir la force nécessaire pour jouer sans m'écrouler.

Une fois toutes les filles présentes, nous faisons, comme d'habitude, une photo d'avant match. Les clichés pris, j'entends un bus s'approcher. Je me retourne et m'aperçois qu'il s'agit de mon ancien bus de match.

Les vipères sont là.

Toute mon équipe se retourne et nous observons les filles descendre du bus une par une. Sans surprise je les reconnais toutes, et elles semblent faire de même. Elles me dévisagent, en rigolant.
Une seule ne se joint pas à elle.

Manon.

Elle me regarde, un sourire timide sur les lèvres.
Lorsque j'étais là-bas, elle n'osait jamais s'interposer entre les filles et moi. Elle a essayé une fois. Mais, Victoire lui a très vite fait comprendre de choisir son camp. Elle s'est résignée, mais je ne lui en ai jamais voulu. Je la connais et je sais qu'elle n'est pas comme ça. Et à ce que je vois, ça n'a pas changé. Je suis contente.
La capitaine sort en dernière et ses yeux viennent fusiller les miens. Elle saisit son sac et commence à marcher. Dans ma direction.

- Salut Emma, ça faisait longtemps. Tu nous manque beaucoup tu sais, ironise-t-elle un mauvais rictus sur les lèvres.

Je lève les yeux au ciel, sans rentrer dans son jeu.

- Oh t'inquiète pas Victoire, c'est tout sauf réciproque.

- Ouais, c'est ça. Je suis sûre que c'est l'inverse. On te manque trop parce que tu ne te sens pas à ta place ici chérie. T'es nouvelle et en plus personne ne te supporte à part nous. Alors arrête de te voiler la face et regarde la vérité en face.

Sur ces paroles, elle tourne les talons, en prenant soin de me balancer sa queue de cheval à la figure.

Sale hypocrite.

- Ne l'écoutes pas, me conseille Jade.

Je me retourne et je me rends compte que toute mon équipe a assisté à la scène. Je leur envoie un regard désolé mais elles me confirment toute le contraire de ce qu'a dit Victoire.

- Merci les filles. Vous êtes les meilleures.

Sur ce, elles viennent toutes se serrer à moi. On doit sûrement former un gros troupeau mais je m'en fiche. Elles me soutiennent, comme moi je le fais sur le terrain. Et c'est ce qui compte le plus.

Je pensais que le bus allait partir, mais je me rend compte que les cheerleaders sont aussi avec mon ancienne équipe.

J'y crois pas.

Je me précipite alors dans la foule de filles en uniforme et fini par tomber nez à nez avec la personne que j'attendais le plus.

- LISE ! je hurle

La principale concernée se retourne et écarquille les yeux. Puis elle me saute dans les bras et se met à crier à son tour. J'ai les larmes aux yeux. Je suis tellement heureuse la revoir. Elle m'a tellement manquée. Ma Lise. Ma meilleure amie.

- Comment tu vas ? me demande-t-elle, ça fais super longtemps !

- Bah écoute ça super. Un peu stressée de jouer contre Vic et les filles mais super contente. Ahh je suis tellement contente de te revoir. Du coup tu n'as pas arrêté le cheerleading ?

- Eh non. Finalement j'ai trouvé que mes figures et mes pompons me manquaient trop. Et les filles aussi.

Elle me raconte ce que j'ai loupé depuis mon départ. Elle m'explique aussi que Victoire mène la vie dure aux premières années qui veulent intégrer l'équipe.

- Vraiment, elle est super folle.

- Oui. Elle a pas changé à ce que je vois.

- Alors, ce nouveau lycée ? Même si je sait déjà presque tout, je veux savoir.

Je lui raconte un petit peu ce que j'ai omis de lui confier puis la présente à mon équipe.

- OK, les filles, je vous présente Lise. Ma meilleure amie. Lise, voici mon équipe.

Elles se disent bonjour puis nous nous quittons, les cheerleaders devant aller se préparer.

- Waouh, donc ça existe des cheerleaders gentilles genre ? lâche Louise, qui malgré sa cheville est avec nous

- Eh oui, je confirme

Nous finissons par nous diriger vers les vestiaires pour nous changer. Il est 15h13 et le match commence a 16h. On devait être là en avance comme à chaque fois.

Je me mets en tenue et enfile mes chaussures. Je me dirige ensuite, non pas sur le parquet du gymnase, mais vers les gradins. Je rejoins Ugo et ma mère qui se sont mis à côté. Juste en dessous, presque toute l'équipe masculine est là. Je demande discrètement à ma mère où se trouve mon père. Elle me confie qu'il est avec le coach. Je la remercie et l'embrasse ainsi qu'Ugo. Puis je pars trouver le coach et par la même occasion mon père.

Lorsque je traverse le terrain, une chanson sort des haut-parleurs. Imagine de John Lennon. La chanson préférée de ma grand-mère. Je pense immédiatement à elle et à nos soirée karaoké que l'on faisait avec elle ainsi que ma cousine. On massacrait la chanson mais mamie l'aimait beaucoup. C'était son hymne.

Je suis allée au cimetière ce matin pour la voir. Je lui ai raconté la finale des garçons quelques jours plus tôt et qu'aujourd'hui, nous allions essayer de remporter le championnat.

En traversant le gymnase je percute quelqu'un. Je m'apprête à m'excuser mais je me rends compte qu'il s'agit de Victoire.

- Eh regarde où tu vas, tonne-t-elle

- Oui c'est bon j't'avais pas vu, je râle

- Oui c'est ça. Un petit conseil. Ouvre les yeux sur le terrain. Parce que c'est pas quand on aura la coupe entre les mains, qu'il faudra se réveiller.

Elle s'en va et je lève les yeux au ciel, exaspérée par cette fille. Je reprends mon chemin en allant trouver mon père.

Quand je fini enfin par le voir, je vérifie que personne n'est dans les parages et je me dirige vers lui.

- Ah ma puce. Je voulais te voir, m'annonce-t-il

- Oui papa ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je sais que les filles contre qui tu vas jouer t'ont menée la vie dure l'année dernière. Et je voulais que tu te mette dans la tête que tu ne dois pas jouer dans le but de te venger d'accord ? Ne te laisse pas aveugler par la colère car cela pourrais dégénérer. D'accord ?

- Oui papa. Ne t'en fais pas je ferais attention.

- OK, super. Bon aller vas t'échauffer. Le coach est parti vous chercher.

Je hôche la tête et je pars retrouver mon équipe, en prenant soin de laisser mon père me souhaiter bonne chance.

Crossed GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant