Chapitre 28 : Phénix

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J'ouvre la porte de la chambre de ma grand mère. Du bruit sort de la pièce et lorsque la porte est complètement ouverte, je constate que la télévision est allumée. J'entre un petit peu plus et je peux enfin voir ma grand mère réveillée. Cette simple vision me réchauffe le cœur d'une intensité folle. Lorsqu'elle me voit, son visage s'illumine. Alors je me précipite vers elle et je me blottis dans ses bras.

- Mamie !

- Oh ma caille

Des larmes passent la frontière de mes yeux. Je relève la tête, un sourire sur le visage. Elle remarque mes larmes et, avec ses pouces elle les essuies.

- Pourquoi tu n'as rien dit ? je lui demande

- Tu vois dans l'état que tu es ? C'étais justement pour éviter ça ! Mais de toute façon vous alliez finir par l'apprendre un jour ou l'autre donc comme on dit, mieux vaut tard que jamais

Son énergie toujours aussi puissante me réconforte. Je sais que c'est sûrement l'une des dernières fois que je la verrais c'est pour ça que j'en profite un maximum.

- Comment vas-tu ma caille ?

- Ça va mieux maintenant que je t'ai vue.

- Orh ne dit pas ça ! Tu es moins belle quand tu pleures.

Sa remarque m'arrache un sourire ce qui la fait réagir.

- Voilà, je te préfère comme ça !

Et je souris encore plus.

- Bon allez raconte moi comment ça se passe depuis que tu es dans ton nouveau lycée, elle se lance

- Déjà, je vois que tu n'as pas perdue la mémoire, c'est super !

- Qu'est-ce que tu crois ? Bon raconte ! Je veux tout savoir !

Je commence donc à lui raconter les cours, mes nouvelles amies, mon équipe, les matchs de baskets et bien sûr Ugo. Je lui parle aussi de Léa, sachant qu'elle va prendre mon parti et critiquer cette garce avec moi. Je sens mes parents derrière nous qui interviennent de temps en temps.

- Montre moi ton Roméo pour voir.

Je sors mon téléphone et lui affiche la dernière photo qu'on a fait ensemble. C'était hier au terrain. Il fait la moue sur la photo parce que je venais de le battre et il n'acceptait pas la victoire.

- C'est un beau garçon ! Vous êtes super ensemble. Garde le celui-là. Crois moi, ça court pas les rues les garçons bien élevés et surtout acceptés par ton père.

Elle lui adresse un clin d'œil, ce qui fait sourire mon père. Même si elle n'est pas sa mère, je sais que mon père l'apprécie énormément et que c'est pour cela qu'il est autant affecté par sa maladie que maman et moi.

Je reste toute la journée au chevet de ma grand mère, pour lui raconter tout ce qu'elle a manqué, mais on se remémore des souvenirs, ce qui nous vaut de nombreux éclats de rires. Cela met une ambiance très nostalgique dans la chambre de ma grand mère, mais je l'ignore. J'essaie d'oublier l'aspect triste de la situation.

Au moment où nous nous apprêtons à partir, elle m'interpelle.

- Emma, ma caille !

Je fais demi tour et je retourne au bord de son lit.

- Promet moi de ne jamais baisser les bras et de toujours te relever même quand ça te semble impossible. Je parle par rapport à moi mais aussi par rapport à plein d'autres choses de la vie qui t'arriveront. N'oublies jamais ma caille. Relève toi !

- Je te le promet mamie.

- Je t'aime ma caille !

- Je t'aime aussi mamie !

Sur cette promesse, je lui dépose un baiser sur le front et je sors de la chambre. Malgré la tristesse qui m'accable, je suis déterminée à tenir ma promesse et ne jamais abandonner quoi que ce soit.

Lorsque nous quittons l'hôpital avec mes parents, je me sens plus légère qu'à l'arrivée ce matin. Je regarde une dernière fois l'hôpital et je me jure d'y retourner au moins une fois par semaine.

Une fois arrivée chez moi, je décide d'enfin répondre à Ugo qui a essayé de m'appeler déjà deux fois sans oublier de m'envoyer une vingtaine de messages. Je ne l'appelle pas mais je lui écrit en lui expliquant à peu près tout. Il a le droit de savoir, il sait ce que c'est. Et surtout j'ai besoin de lui pour cette épreuve. Il me répond quasiment immédiatement en disant qu'il était là et que je pouvais compter sur lui. Il m'a aussi confirmé que si j'avais besoin, je pouvais l'appeler.

Je suis dans ma chambre depuis presque une heure, en train de regarder les albums photos que ma mère m'a confié il y a quelques semaine, lorsque ma grand mère a eu son accident. Depuis, je les feuillettes tout le temps, à chaque fois que j'ai un coup de blues. Et je souris aux mêmes photos à chaque fois, en me rappelant les journées passées entourée de mes cousins et mes cousines, chez ma grand mère. Je passe la dernière page et, une fois le recueil fermé je me lève, me munis d'un T-shirt qui me sert de pyjama et je pars dans la salle de bain.

Une fois sous l'eau, les gouttes se confondent avec mes larmes, évacuant le surplus d'émotions de la journée. Je reste là, assise dans la cabine de douche, l'eau me ruisselant dessus, commençant petit à petit à commencer mon deuil. Sauf que j'ai promis de ne jamais baisser les bras.

Mais parfois, on a besoin de relâcher la pression. Alors on se laisse submerger par nos émotions, nos souvenirs, nos pensées et on se consume de l'intérieur. Puis on se relève et on avance. Comme un phœnix qui renaît de ses cendres. Je suis ce phœnix que ma grand mère voulait que je devienne. Cet oiseau de feu qui vit, traverses des épreuves et fini par brûler. Puis qui renaît, plus fort, plus puissant et qui se remet à avancer, malgré ce qu'il a traversé. Nous sommes tous des phœnix. On n'en a juste pas tout de suite conscience. Mais lorsque l'on a compris, plus rien ne peut nous atteindre. Et quand il nous arrive de brûler, on se relève et on avance.

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