Chapitre 19 : Préparation

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Ça fait maintenant une semaine qu'Ugo m'a avoué la vérité et je ne sais toujours pas quoi penser. Je sais qu'il dit la vérité car je le connais et je sais quand il ment. Or là, il n'a pas menti. Pas une seule fois dans son récit. Mais je ne sais pas quoi penser. Est-ce que je dois retourner vers lui ? Je dois lui tourner le dos ?

Le toc-toc de ma mère sur ma porte me fait sortir de ma rêverie. Je vois son beau et doux visage passer l'encadrement de ma porte. J'entends mon père dans la salon qui doit sûrement être au téléphone vu qu'il parle fort. Il est rentré il y a deux jours de sa tournée.

Ma mère entre totalement dans ma chambre et vient se positionner à côté de moi, qui suis assise à mon bureau, la tête dans mon manuel de maths.

- Ça va ma chérie ? J'ai remarqué que ces derniers temps tu étais plus calme et plus réservée que d'habitude.

Je ne lui ai toujours pas parlé de ce qu'il s'est passé. Mais d'habitude, je lui dit tout. Et elle me conseille souvent. J'hésite longuement avant d'enfin tout lui raconter. À la fin de mon récit, elle reste calme. Je la vois qui semble chercher dans sa tête quoi répondre.

Après un long moment, elle prend la parole.

- Je comprends ma puce, que tu hésites. Mais sache une chose. Écoute ton cœur. C'est le plus important. Je sais que c'est facile à dire mais crois-moi, c'est souvent la meilleure chose à faire. Dans ton cas, j'ai conscience que la situation est délicate, mais pose toi les bonnes questions pour être sûre de ce que tu veux vraiment.

- Oui, je sais mais quelles questions ?

- Hmm, eh bien par exemple, est ce que tu aimes Ugo ?

- Evidemment maman !

- Tu vois, c'est déjà un bon début.

- Oui peut-être, mais quand même. Je ne sais pas ce que je veux. J'ai peur que si j'accepte, notre relation sera différente par rapport à avant.

- C'est normal chérie. Mais prends ton temps et ne te précipite surtout pas. Même si ça fait une semaine, il faut que tu sois sûre de toi. D'accord ?

- D'accord. Maman ? Tu peux s'il te plaît ne rien dire à papa. J'ai peur qu'il réagisse mal.

- Ne t'inquiète pas, ton père n'en saura rien.

Elle imite une clé sur sa bouche et la jette, ce qui me laisse échapper un petit rire et un sourire. Elle m'embrasse sur le front et sort de ma chambre. Je me lève en prenant mon téléphone. Il est 11h25. j'ai match cet après-midi au lycée.

Je commence à préparer mon sac. J'y dépose mon short, mon maillot de match floqué, mes chaussettes, mes baskets et d'autres affaires utiles pour me préparer.

Je descends pour me poser sur le canapé et j'attends mon père. On a une habitude tous les deux, c'est qu'avant chacun de mes matchs, il me bourre de conseils. Lorsqu'il arrive, ma bouche s'étire en un sourire. Il m'a manqué. Il s'installe à côté de moi et je le serre fort dans mes bras. Puis il commence son monologue et je l'écoute attentivement, en répétant un par un chacun des conseils. Ma mère est dans la cuisine et me prépare mon repas pour que j'ai des forces jusqu'à la fin du match.

Nous finissons enfin notre rituels quand ma mère nous appelle pour manger. Je me dirige dans la cuisine, suivie de mon père. On s'installe et nous commençons à manger. Heureusement que mes pensées sont plus focalisées sur le match que sur Ugo. J'espère qu'il ne sera pas là car je ne vais pas pouvoir me concentrer. Même si mon père ne vient pas, je suis stressée à l'idée de le voir. J'ai essayé de l'éviter toute la semaine et c'était plutôt réussi mais là, s'il est là, je suis mal. Je le connais, il m'attendra à la sortie du vestiaire. Et j'angoisse à cette idée. En plus Léa et son équipe vont nous encourager car elles sont obligées.

Ne pas paniquer. Ne pas paniquer. Ne. Pas. Paniquer.

Je suis rarement nerveuse avant un match. J'ai l'habitude après tout. Mais vu la situation actuelle, j'ai de quoi l'être. J'inspire un bon coup et expire entièrement l'air de mes poumons. Mes parents parlent de la tournée de mon père et j'essaye de me raccrocher à la conversation.

- ...itre était merdique, j'ai jamais vu ça quoi ! On a clairement vu le marché, même le joueur fautif l'a avoué mais il voulais rien savoir c'te tête de con ! Ah j'te jure. C'est plus ce que c'était, râle mon père

- Eh oui, c'est plus ce que c'était mon chéri, il faut savoir vivre avec son temps, le taquine ma mère ce qui me fait lâcher un rire, les entraînant tous les deux dans mon euphorie.

Nous finissons de manger et nous débarrassons. Il est 12h35. Je dois être au gymnase à 13h15 et le match commence à 13h45. Je monte dans ma chambre pour me mettre en jogging avec le logo de l'équipe dessus. Je vérifie que j'ai bien toutes mes affaires dans mon sac, passe par la salle de bain pour arranger mes cheveux en queue de cheval, même si je vais la refaire tout à l'heure. Je prends mon sac et descends en le déposant dans l'entrée. Je rejoins mes parents toujours installés à la table de la cuisine. Il me reste un peu de temps avant de partir.

Je m'allonge dans le canapé, histoire de me relaxer avant d'y aller et de me détendre. J'effectue des exercices de respirations, les yeux fermés. Je les ouvres et prends mon téléphone en me redressant, pour éviter de me le prendre sur la tête.

Je regarde les messages du groupe WhatsApp de l'équipe et souris en voyant les nouvelles joueuses paniquées. Elles me rappellent mon ancienne meilleure amie. Même si elle faisait du basket depuis longtemps, elle était toujours stressée avant un match. Ce souvenir me fait un pincement au cœur me rendant nostalgique d'un seul coup.

Julie, je la connais depuis la maternelle. On a toujours été dans la même classe et on était inséparable. Jusqu'à ce que je déménage. Tous ces souvenirs laissent échapper une petite larme sur la joue que j'essuies de suite.

Je dois rester concentrée pour le match.

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