Chapitre 5

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Média : Zayn et Evelyna

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Hillmore University, Angleterre

Dimanche 10 septembre

[Zayn]

Gauche. Droite. Gauche. Crochet droit. Crochet gauche.

Concentré, j'exécute mon enchaînement sur le sac de frappe rouge qui me fait face. Ma respiration est rythmée par mes coups et la sueur coule sur mon visage.

Qu'est-ce que ça fait du bien de se défouler après ces premiers jours de cours plus qu'exaspérant. Heureusement que la salle de boxe est ouverte le dimanche matin. Reprendre les entraînements va pouvoir m'aider à extérioriser toute la frustration et la nervosité que cette année scolaire risque de me faire accumuler.

Je m'arrête un instant pour boire quelques gorgées d'eau et essuyer mon front avec ma serviette de sport.

— Zayn, ça roule ? Cela fait une heure que je te vois frapper dans ce pauvre sac.

— Ouais, je m'échauffais.

Tiago, l'entraîneur, arque un sourcil. Il me fixe en croisant les bras. Avec ses deux mètres de haut, ses cent kilos de muscles et son statut d'ancien champion de combats clandestins, il est le genre de type qu'on ne provoque pas. J'éprouve un profond respect pour cet homme d'origine nigérienne à l'histoire folle. Certes, il gagnait son blé de façon illégale, mais il l'a fait parce que la vie ne lui a pas laissé d'autre choix. Malgré tout, c'est l'un des mecs les plus respectables que je connaisse.

— Je dirais plutôt que tu te défoulais, me corrige-t-il.

— Non, je n'ai pas encore réellement commencé à me lâcher.

Il sourit et me lance une paire de gants.

— Tant mieux. Allez, Weston. Sur le ring.

Je les enfile après avoir ajusté mes bandes et le suis.

Les autres boxeurs ne font pas attention à nous, trop absorbés par leurs propres exercices. Et puis, je suis un habitué. Je viens ici depuis que je suis en première année. Cette salle est presque ma deuxième piaule sur ce campus.

Nous nous mettons en position, les poings devant le visage, les coudes serrés près des côtés et le regard attentif.

— Vas-y, gamin, lâche-toi.

Il n'a pas besoin de me le dire deux fois. Je commence donc à lancer des gauches et des droites pour créer des ouvertures. Tiago esquive sans problème et observe mes gestes, cherchant à anticiper ma stratégie.

Mes poings et mes jambes bougent. Mon corps s'active pour essayer de toucher mon adversaire. Ma mémoire musculaire prend le dessus pour le contrôler, tandis que mon esprit dévie progressivement vers la raison de mon agacement.

La silhouette d'Evelyna s'imprime dans mes pensées. Je n'ai pas arrêté de la croiser et vu nos emplois du temps communs et la disposition de nos chambres, ce n'est pas près de changer. Néanmoins, depuis l'épisode de la crème fraîche, elle met un point d'honneur à m'ignorer. Elle n'a plus essayé d'arranger les choses entre nous ou tenter de me faire la conversation. D'ailleurs, maintenant, j'arrive suffisamment tôt en cours pour ne plus risquer de me retrouver à côté d'elle.

Elle fait comme si je n'existais pas et ça me convient très bien. En réalité, c'est ce que je souhaitais depuis son arrivée.

Alors pourquoi je n'arrête pas de faire attention à elle ? À chacun de nos cours communs, il faut toujours que je la cherche du regard pour vérifier qu'elle est bien là. Je n'arrive pas à m'empêcher d'écouter les conversations des filles et des mecs qui viennent l'aborder. Je me suis même surpris à garder un œil sur elle quand elle écoutait sa musique, ses écouteurs dans les oreilles, dans un coin de la salle de repos.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant