T.2 | Chapitre 27

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Hillmore University, Angleterre

Dimanche 24 mars

[Kate]

J'entends à peine la porte se claquer derrière moi. Le rythme de mon cœur et le bruit dans ma tête affectent mon ouïe. Je marche dans le couloir d'un pas rapide, nerveuse. Mes pieds effectuent machinalement le trajet jusqu'au rez-de-chaussée tandis que mon esprit ressasse en boucle notre conversation.

Ce matin, quand il est parti de la chambre en agissant encore de façon incohérente par rapport à son attitude des derniers jours, j'ai failli manger les meubles. Ça me rendait folle qu'il me repousse sans cesse et sans la moindre raison, la moindre explication. En attendant qu'il revienne de je ne sais où, j'ai tourné en rond dans notre piaule comme un lion en cage. Une vilaine habitude, puisque j'ai refait exactement la même chose quand il est revenu, un peu plus d'une heure plus tard.

Son expression a changé, à son retour. Il avait l'air... différent. Cette pseudo-colère qu'il semblait ressentir en partant s'est muée en une inquiétude en rentrant. Quelque chose avait changé. Cependant, je ne me suis pas attardée sur cet élément. À peine immobilisée, je lui ai immédiatement sauté dessus pour le confronter. Il était temps que nous ayons une conversation. Pendant son absence, je n'ai cessé de tergiverser sur mes sentiments, sur ces sensations qui sont nées en moi dernièrement. Alors, durant notre discussion, j'ai peu à peu commencé à perdre mon sang-froid, parce qu'avec lui, je suis plus sensible, plus attentive et ce qu'il pense de ma personne compte pour moi. J'ai repoussé l'idée d'un amour naissant, aussi bien de mon côté que du sien. Je ne suis pas prête pour ça.

Bordel, mais parce que je suis amoureux de toi !

Ses paroles résonnent encore dans mon crâne comme un écho sur le flanc d'une montagne. Il a avoué tout haut ce que je refusais d'envisager tout bas.

Je suis complètement paumée. Comme une randonneuse perdue en plein blizzard, je ne vois plus rien d'autre devant moi qu'un vent violent de neige blanche, m'empêchant d'avoir tout point de repère et sans savoir dans quelle direction où aller.

Suis-je une garce d'être partie comme ça ? N'aurais-je pas dû lui expliquer ce que je ressens également ? Oui, c'est ce que j'aurais dû faire si j'avais été raisonnable. Or, en tant qu'être humain, mes émotions ont pris le dessus et m'ont poussée à avoir une réaction plus vive. Toutefois, je n'ai vu aucun reproche dans le regard de Soren. Je crois qu'il a compris que j'avais besoin de réfléchir, d'encaisser. Il connait mon passif en amour. Il n'a d'ailleurs pas essayé de me retenir, et je lui en sais gré. Parce que peu importe ce que les rumeurs disent à son sujet, mon coloc n'est pas une personne froide et désintéressée de ses congénères. Je sens qu'il ne m'a pas encore tout révélé, mais je comprends déjà que son attitude n'est qu'une façade, un mécanisme de protection engendré par un douloureux vécu.

Notre conversation n'est que partie remise, je le sais. Quand j'aurai retrouvé mon calme, je reviendrai et nous en discuterons. Communiquer, c'est le plus important pour éviter les malentendus. Je ne voudrais surtout pas qu'il pense que je le rejette, parce que... ce n'est pas ce que je veux.

Mais qu'est-ce que tu veux ? me répond ma conscience.

Je n'en sais rien. J'ai l'impression que mes envies sont contradictoires. Je ne veux plus entendre parler d'amour, Rebekka m'a fait trop mal, mais d'un autre côté, je veux garder Soren auprès de moi, je veux continuer à passer des moments avec lui, rire, l'embêter.

Au fond, ce n'est rien d'illogique, qu'il soit tombé amoureux. Comme il l'a dit, ça explique beaucoup de choses. C'est simplement moi qui ai choisi de rester aveugle.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant