Chapitre 19

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Hillmore University, Angleterre

Lundi 16 octobre

[Zayn]

La sensation d'une caresse sur mon dos nu me tire avec douceur du sommeil. J'ouvre les paupières et découvre la silhouette d'Evy. Assise à côté de moi, elle me contemple avec un sourire aux lèvres, les seins nus et les doigts courant sur ma peau.

Je lui souris en retour, heureux de me réveiller avec cette vue et ce sentiment de légèreté qui m'enveloppe. Le bonheur.

Je me redresse et dépose un baiser sur sa joue, ce qui lui arrache un petit gloussement mélodieux. Quel jour sommes-nous ? Devons-nous nous dépêcher ?

Ces questionnements me donnent le vertige. Le décor se fissure et un tressaillement me surprend. J'ouvre les yeux et me redresse d'un coup dans mon lit, seul.

— Un rêve.

Je me passe la main sur le visage en soupirant. Aucun sentiment de légèreté. Juste cette... chose tapie au fond de mon être comme un vieux chewing-gum qui refuse de s'en aller.

Je me lève, déjà agacé d'avoir associé Evelyna à un instant de bonheur, et je rejoins la salle de bain. Après avoir pris une bonne douche froide afin de me remettre les idées en place, j'enfile mon uniforme.

Nous sommes revenus hier soir de la résidence de sa tante. Après la confession des doutes de cette dernière, je suis resté tendu toute la journée. Evy a tenté de me décrisper, mal à l'aise, pensant que mon attitude était liée à notre moment de la nuit précédente. Elle se méprend. En réalité, je n'avais même pas la tête à m'attarder là-dessus.

Esther sait. Elle a deviné.

Elle n'a pas l'air de vouloir se venger, ça n'a donc aucune importance qu'elle sache.

C'est ce que je me répète en boucle pour cesser de me torturer l'esprit avec ça. Devrais-je en parler avec mon père ? Comme si l'univers m'avait entendu, mon téléphone se met à vibrer sur ma table de nuit. Je m'empresse de nouer ma cravate et décroche.

— Bonjour, mon fils.

— Papa.

Quand on parle du loup.

— Comment vas-tu ?

Je reste silencieux cinq bonnes secondes. Le ton calme et désinvolte qu'il emploie n'annonce rien de bon. C'est celui qu'il a toujours pris lorsque je faisais une bêtise. Je n'essaye pas d'échapper à mon sort et finis par lui répondre :

— Ça va et toi ?

— Très bien. Un super lundi matin.

Silence. Je me mords la lèvre, attendant son reproche.

— Dis-moi, mon grand, est-ce normal que je sois tombé sur une photo de toi embrassant la fille de Robert ?

Je laisse ma tête retomber en arrière. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne tombe dessus.

— En effet, c'est moi, dis-je d'un ton calme.

Si je m'emballe et tente de justifier mon acte de façon trop empressée, ça ne ferait qu'empirer la situation.

— Ne t'avais-je pas demandé de te tenir loin d'elle ?

— Tu ne vas même pas me demander le contexte de cette photo ?

— Pour quoi faire ? Le contexte me semble clair. Écoute, je me fiche de tes histoires de cœur et le jour où tu me présenteras une fille, je me ferai une joie de l'accueillir dans la famille. Mais pas elle.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant