T.2 | Chapitre 7

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Hillmore University, Angleterre

Vendredi 19 janvier

[Kate]

J'enfile mes chaussures lorsque Soren entre dans la chambre. Je me redresse et nous nous fixons de longues secondes. Du moins, je le fixe. Lui, il lorgne ma silhouette moulée dans une robe noire à longue manche sans discrétion. Il semble en prendre conscience et se racle la gorge.

— Où vas-tu, habillée comme ça ?

Le pan sarcastique de ma personnalité a très envie de lui répondre qu'il se comporte parfois un peu trop comme mon père, mais je ravale ma réplique. J'ai bien saisi que ce n'était que de l'étonnement.

— À une fête. Tu as certainement dû en entendre parler.

— Ah, oui, cette fameuse fête, répond-il comme s'il l'avait oubliée.

Comme ne pas s'en souvenir ? Tout le monde ne parle que de ça depuis des jours. Le directeur a accepté que chacun des trois internats restants organise une soirée estudiantine.

Au moins, celle-là est autorisée.

Avec Laura et Clara, nous nous rendions de temps en temps à ces événements, qu'ils soient clandestins ou officiels. Néanmoins, ça restait rare. Nous préférions les soirées entre nous, à enchaîner des films à l'eau de rose ou des séries d'horreur. Là où j'ai vraiment appris à m'éclater en soirée, c'est à Berne, avec Bekka.

Penser à elle et à nos bons moments, ça me tord les entrailles. Je m'empresse de la chasser de ma tête. Je me suis promis de passer à autre chose.

Honnêtement, j'ignore si je vais m'amuser, ce soir, mais j'ai bien envie d'essayer. Je ne connais pas grand monde, toutefois, avec un verre ou deux, je deviendrai vite plus sociable.

Je m'avance vers ma table de nuit et déverrouille mon portable. Vingt-et-une heures trente. Pile à l'heure.

Je le repose, décidant de ne pas le prendre avec. Je n'ai aucune poche dans laquelle le mettre et ma tenue est trop près du corps pour que je le glisse dans mon soutien-gorge. J'y insère juste quelques billets.

Soren m'observe sans rien dire tandis que mes cheveux virevoltent lorsque je me retourne. J'ai passé du temps à les boucler dans les longueurs ainsi qu'à me maquiller. Ça fait du bien ; ça fait des semaines que je n'avais plus fait d'effort pour me sentir belle et que je me laissais aller comme un vieux chewing-gum.

— J'y vais, à plus !

Sans lui lancer un dernier regard, je quitte la chambre, une pointe d'excitation s'éveille dans ma poitrine. Je descends au rez-de-chaussée, là où plusieurs étudiants ont déjà commencé à se rassembler par petits groupes. Plus j'approche de la cafétéria, plus la musique résonne fort. Lorsque je passe le pas de la porte, la transformation des lieux me sidère. Ça n'a plus rien à voir avec l'endroit où nous mangeons matin et soir. Une partie des tables ont été poussées sur le côté, tout comme la totalité des chaises. Le buffet derrière lequel nous servent les cuisinières s'est transformé en bar improvisé et des néons ont été placés à différents endroits de la pièce.

Soudain, une blonde au téléphone me bouscule.

— Hein ? Quoi ? Evy, parle plus fort ! Les décibels explosent ici, crie-t-elle pour se faire entendre.

Evy ?

Elle parle d'Evelyna ? Le souvenir de la jeune femme à la cicatrice me revient en mémoire. Il y a plusieurs jours, elle m'avait rejoint à table lors du dîner après l'exercice incendie. Elle ne me l'a pas dit clairement, mais je crois que ça l'a touchée de me voir seule. Je lui ai précisé à demi-mot que ça ne me dérangeait pas. Toutefois, j'ai accepté sa présence avec bienvenue. C'est une fille très sympathique, bien que certaines œillades qui roulent sur elle dégoulinent de mépris. Elle n'avait même pas l'air de le remarquer. De ce que j'ai compris, c'était pire lorsqu'elle est arrivée ici en septembre.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant