Chapitre 30

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Hillmore University, Angleterre

Mardi 7 novembre

[Zayn]

13 ans plus tôt

Mon faux pistolet d'un orange vif en main, je déambule dans la caserne. C'est la partie du manoir dédié au travail de papa. Normalement, je dois rester dans la partie qui nous sert de maison, mais je m'ennuie tout seul. Il n'y a personne pour jouer avec moi.

Depuis que maman est morte, je suis tout le temps en colère. Papa dit que je suis devenu insupportable, parfois il crie, parfois il me prend dans ses bras en soufflant que nous nous en sortirons.

Ce n'est pas juste. Maman n'avait pas le droit de partir. Pourquoi est-elle partie ? Une maman, c'est immortel, non ?

Qui va jouer avec moi, maintenant ?

Je cours dans le couloir et tire sur une cible invisible, une ventouse en plastic sort de mon jouet et s'écrase sur le mur de béton. Quand je serai grand, je tirerai avec un vrai, comme papa et maman. Moi aussi, je traquerai les méchants comme ils le font. Ils disent qu'ils sont obligés de le faire, que les policiers ne les arrêtent pas tous.

Tueur à gages. C'est ça leur métier. Et moi, je veux l'être aussi.

Alors en attendant d'avoir une vraie arme, je m'entraîne. Depuis le ciel, maman serait fière de moi.

Je ramasse ma ventouse et la replace dans le fusil. Je continue de me faire des scénarios dans ma tête dans lesquels j'abats des monstres vêtus de beaux costumes et de sourires trompeurs. Je cours, je saute, je roule. Mon imagination n'a aucune limite pour me faire passer le temps.

Je finis par arriver devant une porte et des éclats de voix brisent mon monde imaginaire. Je fronce les sourcils et je m'approche doucement du battant.

— Qu'est-ce que tu as fait ?! s'écrie mon père.

Je sursaute. Ce n'est pas le volume sonore de ses paroles qui me fait tressaillir, mais le timbre colérique injecté dans ses mots. Même lors de mes plus grosses bêtises, il ne m'a jamais grondé comme ça.

— J'ai fait ce qu'il fallait pour lui faire payer, lui répond une voix masculine.

— On a un code ! Tu viens de transgresser l'une des règles les plus importantes ! On ne touche pas aux innocents !

Son interlocuteur ricane. J'entends des bruits de pas se rapprocher de la sortie, alors je me précise à l'angle du couloir pour me dissimuler derrière le mur.

— Reviens ici ! hurle papa.

De toute évidence, l'homme ne lui obéit pas, car en jetant un coup d'œil furtif, je constate qu'il s'en va dans la direction opposée. Mon père sort ensuite en trombe. Rien qu'à sa gestuelle, je sais qu'il est furieux.

Il tourne ensuite la tête. Je suis trop lent pour me recacher et son regard croise le mien.

— Zayn, qu'est-ce que tu fais là ?

Son ton, bien que toujours fâché, est plus doux qu'avec son subordonné.

Pris en flagrant délit, je sors de ma cachette, mon pistolet toujours en main. Je baisse les yeux et triture nerveusement mon bibelot.

— Je jouais.

Il s'avance vers moi.

— Je t'ai déjà dit de ne pas venir ici.

— Je sais, mais je m'ennuie.

— Je t'ai proposé de passer la journée avec les fils de plusieurs de mes hommes. Tu as dit que tu préférais être seul.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant