Chapitre 13

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Hillmore University, Angleterre

Jeudi 5 octobre

[Zayn]

Un cure-dent entre les lèvres, je jette une œillade à la place vide du fond, près de la fenêtre, là où s'assied toujours Evy. Elle n'est pas là.

Je l'ai pourtant croisée tout à l'heure, dans le couloir pour rejoindre la salle de cours. Elle prenait la direction opposée. J'ai supposé qu'elle se rendait aux toilettes ou qu'elle allait se chercher un café. Cependant, elle n'était toujours pas revenue quand notre seul cours commun de la journée a commencé. Force est de constater qu'elle a séché.

Je n'arrête pas de me demander pourquoi et ça m'agace. Je sais que ça n'a rien à voir avec notre drôle de réveil à trois, d'hier matin.

L'image de ses seins ne me quittent pas. Ni celle de ses cicatrices au ventre.

Le prof déblatère sa matière, mais elle est si ennuyante que personne ne l'écoute vraiment. Assis dans le fond de la rangée opposée à celle qu'Evy occupe habituellement, je suis attiré par les chuchotements de mes camarades. Je discerne plusieurs fois le mot « serpent ». Aucun doute, ils parlent d'elle.

Ces derniers jours, j'ai remarqué une augmentation des murmures dans son dos et des petits sourires méprisants à son égard. Elle s'efforce de rester indifférente, mais je sais très bien qu'elle l'a remarqué, elle aussi. Est-ce la raison de son absence ?

Bon sang, qu'est-ce que ces abrutis ont à lui reprocher ? Même moi qui ai une raison valable de la détester, je ne la harcèle pas.

Je focalise mon attention sur les messes basses qui circulent en classe.

— Elle n'est qu'une menteuse ! chuchote une fille.

— Rien d'étonnant puisque c'est un serpent ! ricane un mec.

— Il paraît que son œil aveugle peut déceler tes plus vils secrets, se moque un autre.

Je ne comprends pas ce qu'il y a d'amusant à dénigrer une personne qui a perdu cinquante pour cent de sa capacité visuelle. Et pourquoi sans cesse comparer son œil à celui d'un serpent ?

— C'est clair, qu'elle ment. Elle veut attirer l'attention et devenir populaire ! s'exaspère la nana à côté de Kyle.

Mais de quoi parlent-ils tous ? Sur quel sujet pensent-ils qu'Evy ment ?

Certainement pas sur son accident de voiture. Ils s'en fichent de la manière dont elle a eu toutes ces cicatrices. Ils préfèrent en rire.

— Si elle veut vraiment que ça arrive, on peut toujours arranger ça, se marre ce dernier.

Je serre les poings sur mon banc. Chaque fois que Kyle ouvre la bouche, j'ai envie de faire de lui mon sac de frappe. Ce type est irritant.

— Tu veux vraiment la toucher ? répond l'un des mecs avec une mine dégoûtée.

Il hausse les épaules.

— Un trou c'est un trou. Je suis sûr qu'elle aimerait ça ! Je parie qu'elle en redemanderait. Les filles silencieuses sont toujours de grosses chaudasses.

Ma paupière tremble, signe physique que quelque chose vient de se briser en moi. Mon self-control, sans doute.

Je me lève dans un raclement de chaise bruyant, ce qui attire tous les regards dans ma direction. Le prof ouvre la bouche, probablement pour me demander ce qu'il se passe, mais je ne lui en laisse pas l'occasion. Je m'approche de Kyle, qui me lorgne avec dédain. Je lui attrape les cheveux et dans un mouvement sec, je lui cogne la tête sur son banc avec une violence qui fait sursauter la fille assise à côté de lui.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant