T.2 | Chapitre 12

20.8K 1.1K 227
                                    


Hillmore University, Angleterre

Jeudi 8 février

[Kate]

Tournée sur le dos, j'effectue des rotations avec mes bras tel un moulin. Les yeux rivés vers le plafond, j'oublie que je suis en train de nager. Ma main qui heurte le bord me ramène à la réalité. Je me redresse dans la petite profondeur, l'eau m'arrive à la poitrine. Je m'appuie contre le petit muret et plie suffisamment les jambes pour que le liquide couvre mes épaules. La température est plus agréable sous la surface.

Mon bonnet en latex sur la tête et mes lunettes de piscine sur le front, je fixe un point dans le vide devant moi. Ça fait une dizaine de jours maintenant que Bekka s'est pointé sur le campus. Je commence peu à peu à le digérer. Je repense à ma nuit passée dans le lit de Soren. J'ai tellement honte qu'il m'ait trouvé encore dans un état déplorable. Je me souviens du miroir brisé et de mon coloc s'abaissant pour le ramasser, comme s'il s'agissait de mon cœur.

Je serre les dents. Je n'arrête pas de me convaincre que je ne ressens plus rien, que je commence à tourner la page, mais dès que mon ex revient s'immiscer d'une quelconque manière dans ma vie, je rechute. Je suis faible. Ma détermination à vouloir passer à autre chose semble perdre au bras de fer contre ma peine. Ça m'agace, je ne veux pas être comme ça. Je ne veux pas vivre comme ça.

Je soupire et ferme un instant les paupières pour chasser toutes ces pensées nocives. Mon esprit revient sur le joueur de rugby qui partage désormais ma chambre depuis un peu plus d'un mois maintenant. On s'est moins vu depuis notre réveil ensemble. Il avait raison, je crois que c'était une mauvaise idée. J'ai l'impression qu'il me fuit, à présent. A-t-il honte que j'aie senti son érection matinale ? Pense-t-il que je me fais des idées à ce sujet et met-il de la distance pour évincer toutes spéculations ? Je ne sais pas et je ne lui ai pas vraiment posé la question. Je me dis que c'est peut-être moi qui extrapole, après tout, la règle de base était : « chacun se mêle de ses affaires ».

Mais j'étais si bien dans ses bras et je le lui ai clairement dit.

Je secoue la tête et rouvre les yeux.

Reconcentre-toi, Kate !

Je me relève et sors du bassin, le corps trempé. Je jette un coup d'œil à l'horloge fixée en haut du mur. Il reste encore une bonne heure avant l'ouverture de la piscine aux autres étudiants que ceux du club.

Je marche jusqu'à retourner de l'autre côté du couloir délimiter par des flotteurs. J'allais plonger quand un brouhaha attire mon attention. Je tourne mon regard vers son origine et il tombe sur attroupement de mecs. Deux d'entre eux font les idiots.

— On se calme, on n'est pas dans un poulailler ici, tonne quelqu'un pour les rappeler à l'ordre.

Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille.

Mon père.

Il apparait une demi-seconde plus tard. Il porte un short de bain comme ses joueurs, mais contrairement à eux, il porte un t-shirt et un sifflet pend à son cou. Il ressemble à un maître-nageur.

Qu'est-ce que son équipe et lui fichent ici ? S'il est là, ça signifie que...

Je n'ai pas le temps d'achever ma pensée. Soren franchit les douches transitoires qui séparent le bassin des vestiaires, légèrement en retrait de ses coéquipiers. Ce n'est pas la première fois que je le vois torse-nu, mais je peux m'empêcher de lorgner sa musculature. Ma contemplation est interrompue par des cris d'enthousiasmes. Les quelques filles du club de natation présentes gloussent déjà comme des adolescentes de quinze ans, ce qui me fait lever les yeux au ciel.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant