T.2 | Chapitre 33

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Hillmore University, Angleterre

Vendredi 12 avril

[Soren]

Je termine de préparer mes affaires sous le regard préoccupé de Kate. Silencieuse, elle m'observe fermer mon sac d'un geste lent, témoignage flagrant de mon manque d'enthousiasme.

— Tu es obligé d'y aller ? me demande-t-elle.

— Le chauffeur est en route, je n'ai pas le choix. Quand le patriarche des Halmberg prend une décision, nous sommes obligés de nous y plier.

Au risque de subir sa violence si on ne l'accepte pas.

Je garde cette dernière remarque pour moi.

— Le patriarche ? Tu n'as plus de grand-père ?

— Non. Le père de ma mère est décédé il y a déjà plusieurs années et le père de mon père...

Je marque une pause et me perds dans mes pensées. Mon grand-père paternel ne valait pas mieux que mon géniteur. Une famille d'ordure de père en fils. Mon angoisse de suivre leur trace malgré mes convictions diamétralement opposées me tient parfois éveillé la nuit.

— Oui ? dit-elle pour m'inviter à continuer.

Je reviens à moi.

— Il a été assassiné.

— Oh, je suis désolée.

— Ne le sois pas, je ne l'ai jamais vraiment connu et lui aussi était un véritable connard.

— Le responsable a été trouvé ?

— Oui et non. On raconte que c'est un mercenaire de l'un des ennemis de notre famille. Si tu veux mon avis, je pense que c'est mon père qu'il l'a fait tuer.

Elle écarquille les yeux, surprise.

— Tu crois ?

J'attrape ma paire de chaussures et m'agenouille pour les enfiler, puis les lacer.

— Ouais. Je crois que ça le dérangeait de devoir s'occuper du patrimoine familial avec lui. Le problème avec les gens comme lui, c'est qu'ils ne supportent pas de partager le pouvoir.

Elle dévie un instant ses prunelles vers la fenêtre, j'en profite pour détailler son profil depuis ma position. Elle est toujours magnifique, même en pyjama.

Je me relève.

— Enfin, ce n'est qu'une théorie. De toute manière, je m'en fiche pas mal de ce qu'il lui est arrivé.

Ça fait bien longtemps que je ne ressens plus le moindre amour pour cette branche de la famille. Les seules qui comptent, ce sont Noalia et maman.

Je m'approche d'elle et saisis une mèche de ses cheveux que j'enroule autour de mon doigt. Quelle jolie couleur.

Qu'est-ce qui n'est pas joli chez elle ? me taquine ma propre conscience.

Kate revient poser ses iris sur moi et m'offre un sourire tendre. Elle lève une main et caresse ma joue de la pulpe de son pouce.

— Je te revois dimanche soir, alors ?

Je lâche sa mèche, prends sa main et la porte à mes lèvres.

— Bien sûr, ce ne sont que deux petits jours.

Quarante-huit heures atrocement longues.

— J'espère que tout ira bien.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant