T.2 | Chapitre 10

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Hillmore University, Angleterre

Dimanche 28 janvier

[Kate]

Un panier à linge dans les mains, je franchis le seuil de ma chambre et referme la porte avec mon pied. Je la pose au sol et remets une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je reviens de la buanderie où je suis allée laver mes draps après la catastrophe de cette nuit. Ce que je déteste le plus avec mes règles, c'est ça. Je dors toujours mal, car même dans mon sommeil, je m'efforce de rester droite comme une planche afin d'éviter que ça coule. Néanmoins, hier soir, ainsi pelotée contre Soren, je me suis sentie si bien... Je me suis endormie comme une grosse masse en oubliant d'appliquer ce mécanisme pourtant bien ancré dans mon inconscient. Lorsque j'ai ouvert un œil au milieu de la nuit, la réalité m'a rattrapée immédiatement, mais c'était trop tard, j'avais déjà taché mon matelas.

Je me tape sur les joues pour me remettre les idées en place et chasser le sentiment de bien-être que la présence de mon coloc m'a apporté. Il ne manquerait plus que je m'attache un peu trop à lui.

Je me baisse et attrape le tissu désormais propre. Je l'inspecte sous toutes les coutures afin d'être certaine qu'il ne reste pas la moindre trace rougeâtre. Incroyable ! Il n'y a vraiment plus rien. Son produit est vraiment magique !

Et le revoilà au premier plan dans mes pensées.

Soren pénètre dans la chambre et, toujours sidérée par l'efficacité du savon, je me tourne vers lui.

— Franchement, tu ne voudrais pas m'épouser ?

— Je... que... Hein ?

Sans prêter attention à son expression ahurie, je m'approche de lui et lui mets le drap sous le nez.

— Regarde ! Il n'y a plus rien ! C'est fou !

— Euh, oui. Et le rapport avec le fait de t'épouser ?

— Tu sèches mes larmes, tu t'inquiètes pour mes repas et maintenant, tu me donnes des astuces de grand-mères pour le linge. Je dois épouser quelqu'un comme toi.

J'ai lâché ces propos spontanément. Ce n'est qu'après de longues secondes de silence que je prends conscience de leur sens. Le joueur de rugby me fixe d'une façon indéchiffrable.

— Enfin, tu es une personne avec qui on pourrait facilement vivre, dis-je pour briser ce mutisme qui commence franchement à devenir gênant.

Il me lorgne encore quelques instants d'une manière que je ne pourrai décrire avant de retrouver son attitude nonchalante. Il hausse les épaules.

— Si tu le dis.

Je serre le couvre-matelas contre moi tandis qu'il me tourne le dos pour rejoindre son bureau. Je me sens soudainement mal à l'aise. Afin de changer la drôle d'ambiance qui flotte entre nous, je lui demande :

— Hmm, le débriefing s'est bien passé ?

Je sais que ce matin, il s'est rendu avec l'équipe dans une salle. Mon père leur a fait un récapitulatif de leur match d'hier.

— Ouais. Franchement, on a bien joué. Toutefois, nous devons encore corriger quelques lacunes de jeu, répond-il en s'affalant sur sa chaise, les bras derrière la tête et les yeux fixés sur le plafond.

— Je vois.

Je ne suis pas allé à son match. Honnêtement, ça ne m'intéresse pas et on ne peut pas dire que je sois une grande fan des rugbymans. D'autant plus que mon père s'est toujours échiné à m'empêcher de les approcher.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant