Chapitre 8

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Hillmore University, Angleterre

Mercredi 27 septembre

[Zayn]

Il m'a fallu seulement quinze minutes pour décrocher du cours de macroéconomie. Depuis deux heures, je lis mon thriller derrière mon ordinateur. Le prof a probablement remarqué que je ne prenais plus note, néanmoins, il s'en fiche. Si je n'écoute pas, ce n'est pas son problème.

Ça fait dix jours que je n'ai plus eu d'interaction avec Evelyna. On se croise en classe et dans les couloirs, mais c'est à peine si nous avons échangé un regard. Je ne la rencontre même plus au club de boxe, je crois qu'elle guette mes entraînements pour y aller quand je n'y suis pas.

Cette situation devrait me convenir. Finalement, c'est ce qu'il y a de mieux. Toutefois, je n'arrive pas à me la sortir de la tête. Soren a définitivement raison, je suis obsédé par elle.

Je me surprends à la lorgner en cours, en me demandant si elle était au courant des activités de son père, si elle sait quelque chose sur nous. Est-ce qu'elle aussi est une hackeuse de l'ombre ? Complote-t-elle en secret contre l'assassin de son paternel ? Veut-elle se venger ? Joue-t-elle la comédie et en réalité, elle sait qui je suis ? Quelle est la couleur de sa culotte sous sa jupe ?

C'est invivable.

Alors, je me suis perdu dans mes bouquins pour l'évincer de mon esprit. Si la boxe me permet d'extérioriser, la lecture, elle, me permet de m'évader, de mettre en pause ma vie et d'en vivre une autre.

Mon père va encore lever les yeux au ciel lorsqu'il aura le détail de sa carte de crédit concernant mes achats en ligne.

Toujours un livre en main, tu es comme ta mère, m'a-t-il dit un jour.

Je me souviens de son petit sourire en coin. Ça l'a toujours fait rire : sa femme, tueuse expérimentée qui ne manquait jamais sa cible, s'abandonnait à des histoires telles qu'orgueil et préjugés. Il m'a d'ailleurs raconté qu'il ne fallait jamais l'interrompre dans sa lecture, au risque de se prendre une balle en pleine tête.

Elle était incroyable. J'aurais aimé la connaître aujourd'hui. Je n'ai d'elle que l'image que peut avoir un petit garçon de sa mère.

Elle m'aurait appris à tirer, elle m'aurait partagé ses lectures, elle m'aurait emmerdé avec une conversation sur les capotes et aurait pu afficher un sourire fier lors de l'obtention de mon diplôme. On aurait dû s'engueuler pendant mon adolescence, avant de se réconcilier autour d'une tarte et d'un film d'action. On aurait dit partir en mission ensemble, prendre des photos le jour de mes dix-huit ans.

Mais je n'ai jamais connu et ne connaîtrais jamais tout ça, parce que ce connard de Jake Robert me l'a arrachée. Et sa fille est actuellement dans la même pièce que moi.

Il m'arrive parfois de me projeter dans une vie alternative, un monde dans lequel elle serait encore là. Dans cet univers parallèle, je suis plus heureux et cette haine qui me ronge constamment n'existe pas.

— Ce sera tout pour aujourd'hui, lance le prof.

Les étudiants autour de moi commencent à ranger leurs affaires, créant un brouhaha ambiant.

— Attendez ! Je dois vous parler du prochain devoir.

Un soupir général s'élève dans les airs.

— Vous trouverez les textes à analyser et les consignes sur l'espace dédié à mon cours sur la plateforme de l'université. Vous connaissez la chanson, maintenant. Toutefois, ce travail devra se faire par deux, reprend-il.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant