T.2 | Chapitre 39

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Hillmore University, Angleterre

Mercredi 22 mai

1 mois plus tard

[Soren]

Assis derrière mon bureau, les coudes appuyés sur son bord, je relis pour la cinquième fois la même phrase de mes notes. Cela fait un mois que j'ai eu mon entrevue avec le père de Zayn. Un mois que le compte à rebours de la mort du mien est lancé. Ces dernières semaines, je n'ai cessé de m'occuper l'esprit en continuant ma vie comme je le faisais avant. Je me suis impliqué à fond dans le rugby, où nous avons effectué deux matchs depuis. Nous en avons gagné un et perdu l'autre. Quand je n'étais pas à l'entraînement ou en cours, je passais mon temps libre avec Kate.

Toutefois, maintenant que l'heure des examens de fin d'année approche à grands pas et que je me retrouve seul face à ces fichues notes à réviser, l'impatience me gagne. Je n'arrive pas à étudier sans regarder toutes les deux minutes mon téléphone, dans l'espoir que quelqu'un m'apprenne que tout est terminé, que mon père a cessé de respirer pour que moi, je puisse enfin souffler.

Tu es trop impatient, il reste encore un mois de délai, me réprimande ma voix interne.

Pour une fois, je suis d'accord avec ma conscience. Je tente donc de me reconcentrer sur la matière que j'ai sous le nez. Comme d'habitude, je me contenterai de faire de mon mieux sans l'attente de résultats incroyables, mais si je ne me bouge pas les fesses, je n'aurais même pas la moyenne. Et redoubler en master, c'est vraiment pitoyable. Je ne veux pas tirer une année de plus. Je veux empocher mon diplôme l'année prochaine, en même temps que Kate, Noalia, Zayn et Evelyna.

Je n'ai rien dit à ma sœur concernant ma décision à propos de notre père. Kate me reproche ce choix. Elle m'a rappelé qu'elle était tout autant concernée. Elle a raison, mais je n'y suis jamais arrivé. Si je suis parvenu à lui parler de ce mariage arrangé et lui avouer pourquoi j'ai failli quitter Kate, je ne lui ai pas parlé des menaces de notre géniteur. Je lui ai juste dit que j'avais refusé cette union arrangée et que c'est pour cela qu'il m'avait battu. Je lui ai ensuite confié que j'ai eu peur, d'où ma presque rupture avec ma coloc, mais sans plus. Noalia n'a pas posé de questions, parce qu'on s'est toujours tout dit. En vérité, si je n'arrive pas à lui dire ce que j'ai fait, c'est parce que je crains qu'elle me déteste. Je sais qu'elle déteste notre paternel autant que moi, mais je sais aussi qu'elle n'aurait jamais envisagé de le tuer. Elle garde toujours espoir que quelque chose change. Mais il ne changera jamais. Moi non plus, il y a peu, je n'aurais jamais envisagé le meurtre comme solution. Cependant, mis au pied du mur, j'ai embrassé ce choix sans la moindre culpabilité.

Et ce que maman aussi me détestera pour la voix que j'ai choisie d'emprunter ?

Ces questions me tourmentent.

— Difficile de se concentrer ?

Je me retourne vers Kate. Elle est rentrée de son groupe de travail. Comme moi, certains de ses examens sont des travaux à rendre. À la différence que les miens sont à faire seuls. Tant mieux, je n'ai pas envie de me coltiner des gens dont je ne suis pas proche. Ça me fatigue d'être un minimum sociable avec des personnes que je ne connais pas, surtout dans mon état actuel.

— Ouais. Cette matière n'est vraiment pas passionnante.

Elle s'approche, pose sa main sur mon épaule et embrasse ma joue.

— Ça te dirait, une pause ?

Je la saisis à la taille et l'assieds sur mes genoux.

— Bonne idée, je t'écoute.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant