T.2 | Chapitre 20

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Hillmore University, Angleterre

Samedi 9 mars

[Kate]

Une écharpe aux couleurs d'Hillmore autour du coup, je rejoins les gradins avec Noalia. C'est elle qui m'a prêté cet accessoire – également fort utile vu le vent frais qui souffle – pour me fondre dans la masse des supporters. Elle a l'habitude de venir encourager son frère. Même si Soren ne trouve pas cela indispensable, elle, elle trouve que c'est important.

Hier, elle est revenue avec des sandwichs, interrompant le moment de tension entre nous. La flamme que j'ai aperçue danser dans les prunelles de mon coloc me donne encore le feu aux joues. Nous avons ensuite mangé tous les trois en parlant de tout et de rien, c'était agréable. L'affection qu'ils se portent ne m'a pas échappé et ce constat a créé pendant une demi-seconde une douleur atroce dans ma poitrine.

Si ma sœur était encore là, partagerions-nous le même lien ? Ou bien grandir nous aurait séparées ?

J'essaye d'éviter de me poser ce genre de question, car envisager un chemin de vie alternatif avec une personne disparue ne peut être que douloureux. Cependant, quand je vois un amour fraternel aussi fort que celui de Soren et Noalia, je ne peux m'empêcher d'y songer.

Après notre repas, le joueur de rugby s'est retiré pour aller se reposer, souhaitant être en forme pour le match d'aujourd'hui. Noalia et moi avons suivi le même plan après une douche. Toutefois, une fois chacune glissée dans nos lits, nous n'avons pas pu réprimer notre envie de converser. Nous avons donc fait un peu plus connaissance et j'ai découvert que ma première impression était la bonne ; cette fille est d'une gentillesse exceptionnelle, peut-être un peu trop. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que c'est aussi ce qui lui faisait défaut dans la vie. Elle est le genre de personne à toujours aider son prochain sans condition et avec une totale compréhension. Néanmoins, ça lui revient souvent à la figure, car tout le monde n'est pas gentil. Un flash de Rebekka et Dave m'est apparu à cette réflexion, me confirmant dans un élan de pensées négatives que la plupart des gens étaient égoïstes.

Deux places sont vacantes à la première rangée. Noalia me saisit le poignet.

— Installons-nous vite là ! C'est une aubaine qu'il reste de la place si proche du terrain !

Je la laisse me tirer et nous nous installons sur les sièges en plastique visés à même le béton. Les gradins ne sont pas exceptionnellement grands. Du moins, plus petits que je les avais imaginés.

On est pas dans un stade, Kate.

Je fourre mes mains dans les poches de ma veste et enfonce mon menton dans mon écharpe pour me protéger du vent. Heureusement, il y a un grand soleil, aujourd'hui. Je ferme les paupières un instant et laisse ses rayons réchauffer mon visage. Ce n'est pas idéal pour mes taches de rousseur, mais je ne vais pas constamment éviter le soleil. Je ne suis pas un vampire.

Les yeux toujours clos, je fais abstraction du brouhaha ambiant et m'isole avec moi-même. Je me perds dans mes pensées, plongée dans divers souvenirs plus ou moins lointains. Soudain, une vague d'agitation m'oblige à retrouver mes esprits. Je rouvre les paupières.

— Que se passe-t-il ? Ça va commencer ?

Je souffle ma question à quelques centimètres des oreilles de ma nouvelle amie pour qu'elle m'entende.

— Oui ! Regarde !

Je me penche et découvre que les joueurs se sont engagés dans l'allée centrale qui sépare les gradins, en provenance des vestiaires. Ce sont d'abord ceux de l'université de Cumbria qui s'avance sur le terrain sous les cris de leurs supporters. Quelques personnes sifflent et des applaudissements éclatent. Quand vient le tour des membres de l'équipe d'Hillmore de grimper sur le gazon, des cris encore plus stridents s'élèvent. En constatant que la majorité de ceux-ci sont provoqués par des nanas, je lève les yeux au ciel en lâchant un ricanement sarcastique.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant